Archive pour la catégorie ‘plumes légères’

Haut lieu…

mardi 29 mars 2022

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Perchée à 962 mètres au sommet du Mont Pirchiriano,

aperçue du fond du Val de Suse au mois de janvier, sous la neige,

la Sacra di San Michele (abbaye Saint-Michel de la Cluse)

est un vaisseau de pierre qui inspira l’écrivain Umberto Eco

pour son roman Le nom de la rose.

Le film de Jean-Jacques Annaud tiré de cette histoire y a été tourné.

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Un oratoire très ancien, dédié au culte de l’archange Saint Michel

fut reconstruit dès 980 par un ermite, Giovanni Vincenzo…

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Vers le XIème siècle , une abbaye bénédictine,

chef d’œuvre d’équilibre architectural,  vit le jour et prit de l’ampleur au fil du temps…

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Elle s’accroche véritablement aux roches présentes…

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À l’intérieur d’impressionnants escaliers de pierre se succèdent…

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Ils se terminent par « l’Escalier des morts » qui, jadis,

exposait dans ses niches, les dépouilles de certains moines…

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En haut des dernières marches, le « Portail du zodiaque » (ici un détail),

œuvre du sculpteur médiéval Nicolao

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Le portail d’entrée de l’église est en pierre grise et verte,

les arcs-boutants en serpentine sont de construction plus récente…

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L’église de style romano-gothique dont l’abside est, nous dit-on,

orientée vers le point du lever de soleil le jour de la Saint Michel, le 29 septembre…

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Plusieurs fresques – début XVIème –  éclairent les murs,

ici la plus grande : « l’Assomption » du peintre Secondo del Bosco di Poirino,

les couleurs sont remarquables…

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Précieux chef-d’œuvre de Defendente Ferrari, entièrement restauré,

en son centre une Vierge à l’enfant.

Leurs visages  sont doux et splendides, les pieds de la mère cachés sous la robe bleu

sont délicatement posés sur un croissant de lune…

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Il y a de nombreuses autres merveilles en ce lieu,

l’endroit était presque désert lors de notre visite, seul un moine s’afférait et priait.

L’abbaye est sur cette ligne droite de monastères michaéliques

formée par « le coucher du soleil le jour du solstice d’été »,

partant de l’Irlande et passant par les Cornouailles, la Normandie,

le Piémont, les Pouilles, la Grèce et se terminant sur le Mont Carmel.

L’archange Saint Michel aidé de ses anges,

symbolise la puissance des forces du bien contre les forces du mal.

Aminautes de France, de Navarre et d’ailleurs,

vous pouvez si vous le voulez, réserver une cellule dans ce lieu,

pour goûter au calme et au silence…

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« J’envoyai des lettres d’amour

aux cieux, aux vents, aux mers,

à tous les débordements

de l’univers.

Ils me répondirent

en lente

rosée d’amour

voilà pourquoi je les reposai

sur la découpe aride des sommets

comme une forêt de vents.

 

Il me naquit un fils d’océan. »

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Poème extrait de « Poco suono »  trouvé sur le net

 Lorenzo Calogero  1910-1961   (traduction de Valérie Brantôme).

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Photos BVJ et PJ – Mars 2022.

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Poser ses pas sur des lumières…

BVJ – Plumes d’Anges.

Précieuses mémoires…

lundi 21 mars 2022

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Cannes, vue de la Napoule  – André Gouirand  1855-1918.

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Un voyage ? Face au soleil ?  Pour trouver en nous l’illumination ?

Suivez-moi, je connais un chemin…

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J’aime l’idée d’un monde où les banques se transformeraient en musées pour montrer aux Hommes la beauté des paysages, où les coffres jadis très forts seraient ouverts aux quatre vents…

Figurez-vous que cela existe : la très jolie ville d’Hyères les Palmiers dans le Var créa en 1912 une succursale de la Banque de France. Deux talentueux architectes conçurent alors un bâtiment de style néo-classique auquel ils ajoutèrent un jardin à la française.

En 2021, LA BANQUE

– lieu splendide qui a conservé les mosaïques d’époque au sol et des boiseries anciennes… – 

a ouvert ses portes au public avec une vocation muséale : celle de présenter un fond permanent de 250 m² (peintures, gravures, sculptures, photographies), outils multimédias, et des expositions temporaires.

Du 27 novembre 2021 au 28 avril 2022, sont accueillies sous le titre 

FACE AU SOLEIL – 1850-1950

des œuvres célébrant la lumière du midi. Des artistes régionaux et d’autres aux noms très connus témoignent d’une époque révolue. Art figuratif et art abstrait cohabitent avec bonheur sur des murs blancs immaculés, les couleurs sont souvent époustouflantes, le voyage nous emmène très loin…

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Marseille, à Rive Neuve  – Joseph Garibaldi  1863-1941.

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Le château d’Horace Vernet à Hyères – Vincent Cordouan  1810-1893.

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Vue de la pointe du Gaou, les criques de la Lègue au Brusc – Vincent Cordouan  1810-1883.

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Détails de Panorama de la ville d’Hyères vue depuis la mer – Étienne Billet 1821-1888.

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Bord de mer – Gabriel Amoretti  1861-1947.

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La calanque de l’Oustaou de Diou à Porquerolles  – Raphaël Ponson  1835-1904.

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Au Trayas – Georges Ribemont-Dessaignes  1884-1974.

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Paysage à l’Estaque – Raoul Dufy  1877-1953.

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Pêcheuses de praires dans les marais salins à Hyères – Louis Garcin  1821-1898.

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Le Temple, jardin romain sur la Riviera  Raymond-Louis Charmaison  1876-1956.

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Si un jour vos pas empruntent les chemins du midi, n’hésitez pas un seul instant ! Ces peintures sont un précieux témoignage d’un temps où ces bords de mer n’étaient pas abimés et bétonnés comme maintenant. Je ne peux malheureusement pas vous montrer toutes les œuvres, mais il y en a d’autres,  Boudin, Chagall, Renoir, Camoin, Bonnard… un régal !

Quand vous lirez ces lignes, je serai dans un autre voyage, à très bientôt…

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« On peut répandre la lumière de deux façons : être la bougie, ou le miroir qui la reflète »

Édith Wharton

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Toujours être à l’affut de la Beauté…

BVJ – Plumes d’Anges.

Poésie…

lundi 14 mars 2022

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– Printemps des poètes –

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« Les coutures du ciel commencent à se défaire du firmament,

Le chapiteau du ciel se perce un peu partout.

Avec les points de ma poésie,

Je passe toute la journée à le repriser. »

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Gulzar « Le chant de la nature »

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« Salut à toi

Lumière du petit matin

Soleil du jour sans fin

Instant d’éternité.

L’homme dont l’espoir ne meurt jamais te salue. »

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Rabindranath Tagore « De l’aube au crépuscule »

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« La lumière qui se dégage des choses,

il faut la fixer dans les mots avant qu’elle ne soit éteinte dans l’esprit. »

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Bashô Matsuo

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La poésie, la peinture… l’art en général,

pour rêver et construire un monde, un autre monde…

Illustrations du « Bombax insigne » Maxim Gauci – 1774 – 1854.

(« Plantes asiatiques rares volume 1 – Est de l’Inde » – 1830) 

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La poésie, comme un chant d’espérance…

BVJ – Plumes d’Anges.

Monde sublunaire…

mercredi 16 février 2022

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« Pourra-t-on un jour vivre sur la terre

Sans colère, sans mépris,

Sans chercher ailleurs qu’au fond de son cœur

La réponse au mystère de la vie ?

 

Dans le ventre de l’univers

Des milliards d’étoiles

Naissent et meurent à chaque instant

Où l’homme apprend la guerre à ses enfants.

 

J’suis trop petit pour me prendre au sérieux

Trop sérieux pour faire le jeu des grands

Assez grand pour affronter la vie

Trop petit pour être malheureux.

 

Verra-t-on enfin les êtres humains

Rire aux larmes de leurs peurs

Enterrer les armes, écouter leur cœur

Qui se bat, qui se bat pour la vie ?

 

Trop petit

Pour les grands

Assez grand

Pour la vie.

 

J’suis trop petit pour me prendre au sérieux

Trop sérieux pour faire le jeu des grands

Assez grand pour affronter la vie

Trop petit pour être malheureux.

 

J’suis trop petit pour me prendre au sérieux

Trop sérieux pour faire le jeu des grands

Assez grand pour affronter la vie

Trop petit pour être malheureux.

 

J’suis trop petit pour me prendre au sérieux

Trop sérieux pour faire le jeu des grands

Assez grand pour affronter la vie

Trop petit pour être malheureux.« 

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Jacques Higelin  1940-2018  « La croisade des enfants » à écouter –> ICI

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Je m’informe, je recherche, j’écoute, je regarde, je croise… comme vous certainement.

Nous sommes entrés en France dans une période pré-électorale et quand je vois la « profondeur » des programmes qui commencent à apparaître, je me sens d’un autre monde, ni supérieure ni inférieure aux autres mais simplement d’un autre monde. Ces programmes ressemblent à des catalogues de vente par correspondance, il y a de longues listes de promesses, à aucun moment d’ailleurs on ne parle du coût, de la mise en œuvre, du comment seront subventionnées ces réalisations et dans quels délais.

Je tremble à l’avance sur de nombreux sujets, par exemple lorsque des candidats annoncent calmement la construction de nouvelles centrales nucléaires, cela me semble fou, souvenons-nous de Tchernobyl et de Fukushima, plaies sur la terre qui ne cessent de saigner et saigneront longtemps encore… Où est la VISION de ces gens, quelle est-elle, briguent-ils un mandat présidentiel pour eux, pour leur ego ou pour améliorer la vie des hommes et le mieux vivre ensemble ?

Je vous livre là « mon indignation du jour »,

je tente de faire confiance au ciel qui organise tout

et repars écouter l’ami Higelin, il me fait du bien à l’âme.

Je n’oublie pas de noter sur mon petit carnet :

– Penser à s’entourer de poètes, penser à s’entourer d’enfants –

il n’y en aura jamais trop !

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Illustrations : 1/ et 2/ « Atlas du monde céleste : Carte de l’hémisphère nord et

Carte de l’hémisphère sud »  Johan Gabriel Doppelmayr  1677-1750.

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Alléger son cœur auprès des funambules…

BVJ – Plumes d’Anges.

Céleste jardin…

samedi 5 février 2022

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Quand un être cher vient à disparaître, une multitude de souvenirs remonte à la surface. Le temps n’existe plus pour ces bulles de mémoire, passé lointain ou proche se mêlent.

La mère de mon époux vient de nous quitter, c’est une lourde peine, toute « disparition » est un chagrin. Elle est partie dignement, en quelques jours, sans souffrance excessive, merci à elle d’avoir eu cette élégance.

Elle a aimé la vie, elle aimait particulièrement la nature, à l’automne dans la forêt des Maures, elle débusquait girolles et safranés… Au printemps, sur les criques du Brusc, les oursins la ravissaient…

Je me souviens, au début des années 70, une découverte m’avait émue, celle d’un joli partage dans une famille très nombreuse : mes beaux-parents habitaient une maison ancienne avec un jardin séparé en deux : au fond, le potager de monsieur T., admirablement entretenu, avec pour proche voisin, un grand prunier Reine-Claude, généreux en fruits. T. avait plaisir à nous offrir ses légumes de belle taille, joufflus, brillants, à la chair sublime. Il ne manquait jamais, étant d’origine polonaise, de planter un rang d’« Ogorki »,  cornichons/concombres… hommage aux ancêtres !

Devant la maison était le jardin de fleurs de madame R. Elle adorait ses fleurs, chaque année elle réinventait son monde, agençait diverses essences, réfléchissait aux couleurs ou semait un gazon japonais qui offrait ses surprises. Elle  aimait particulièrement les rosiers. Elle les nommaient par leur nom, ainsi Grâce de Monaco papotait avec Sarah Bernhard ou la Baronne de Rothschild… R. nous invitait à nous approcher pour sentir ces parfums sublimes, nous vantait la palette des tonalités, la qualité des pétales veloutés, arrachait une herbe sauvage. Elle glissait dans un autre monde, celui de la poésie. Sa grande douleur, ces dernières années, fut de ne plus pouvoir s’occuper de son « pré carré », la terre devenant trop basse.

J’exprime un seul vœu, que le ciel soit son nouveau jardin de roses !

Vos chers disparus ont dû, eux-aussi, vous laisser riches de beaux souvenirs ?

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« Une fleur tombée

Remonte à sa branche

Non, c’est un papillon »

Takahashi Mutsuo

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Illustrations : 1/ « Femme et fleurs »  2/ « La palme »  Pastels d’Odilon Redon  1840-1916.

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Les beaux souvenirs nous fortifient…

BVJ – Plumes d’Anges.

Dire OUI à la vie…

vendredi 28 janvier 2022

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« Sous mes yeux près de mon pinceau

Une libellule rouge s’est posée

Quelle âme accompagnait-elle ? »

Natsume Soseki

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« Il était une fois un vieil homme assis à l’entrée d’une ville.

Un étranger s’approche et lui demande : « Je ne suis jamais venu dans cette cité, comment sont les gens qui vivent ici ? »

Le vieil homme lui répond par une question : « Comment étaient les gens dans la ville d’où tu viens ?

– Égoïstes et méchants. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle je suis parti. » dit l’étranger.

Le vieil homme répond : « Tu trouveras les mêmes ici. »

Un peu plus tard, un autre étranger s’approche et demande au vieil homme : « Je viens d’arriver, dis-moi comment sont les gens qui vivent dans cette ville. »

Le vieil homme répond : « Dis-moi, mon ami, comment étaient les gens dans la cité d’où tu viens ?

– Ils étaient bons et accueillants. J’y avais de nombreux amis. J’ai eu de la peine à les quitter.

– Tu trouveras les mêmes ici. » répondit le vieil homme.

Un marchand qui faisait boire son chameau non loin de là a entendu les deux conversations. À peine le deuxième étranger s’est-il éloigné qu’il s’adresse au vieillard sur un ton de reproche : « Comment peux-tu donner deux réponses complètement différentes à la même question ?

– Parce que chacun porte son univers dans son cœur. » lui répond le vieillard. »

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De la naissance au souffle dernier,

nos pensées construisent notre monde,

ne perdons pas de temps,

attirons à nous les belles et bonnes personnes,

les belles et bonnes situations,

racontons-nous de belles et bonnes histoires, le cœur ouvert et joyeux,

les jolis liens sont éternels…

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« Je suis vivant

Mes yeux se lèvent vers le ciel si haut

Où vole une libellule rouge »

Natsume Soseki

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Conte soufi (extrait du livre « Du bonheur. Un voyage philosophique »  2013  Frédéric Lenoir)

 

Illustrations : 1/ « Canard blanc »  Joseph Crawhall  1861-1913  2/ « Au soleil du soir »  Alexander Koester  1864-1932.

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Dire oui à la vie…

BVJ – Plumes d’Anges.

Éveil d’une dormance…

mardi 21 décembre 2021

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Salut l’hiver,

sois le bienvenu parmi nous !

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Nous sommes dans une phase dormante,

 doucement, tout doucement reviendra la lumière.

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Il nous faudra encore de la patience, nous en avons,

nous l’avons apprise, jour après jour, depuis bientôt deux ans.

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Dressons-nous, levons le regard et gardons la foi…

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la lumière est juste derrière les bancs de brume…

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à nous de la faire renaître.

Attrapons ensemble des étoiles filantes,

faisons que Noël soit une vraie fête,

célébrons la joyeusement, arrêtons la « désaimance »,

réunissons-nous pour échanger  sur ce qui nous relie,

notre amour inconditionnel et notre humanité.

JOYEUX NOËL À TOUTES ET À TOUS !

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« Voilà

le monde reste beau

impunément

il n’a pas peur

du noir

il coule de source

toujours »

Zeno Bianu « Pérégrinations d’un Pierrot solaire »

Photos BVJ – Illustration de Sapin Nordmann (1865) –  Paysages du bord du Tessin  – Décembre 2021 –

« Noël » de Carl Reichert  1836-1918.

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S’aimer et se le dire…

BVJ – Plumes d’Anges.

Vaisseau de marbre…

lundi 13 décembre 2021

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La Cathédrale de la Nativité de la Sainte Vierge Marie est un vaisseau de marbre blanc rosé veiné de gris, ciselé à l’extrême, comme en suspension sur la place du Duomo à Milan.

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Sa construction débutée à la fin du XIVème siècle a duré plus de cinq cents ans. Les blocs de pierre furent acheminées depuis les carrières de Candoglia sur le Tessin, le Lac Majeur et le Naviglio grande (canal artificiel navigable qui utilise l’eau du Tessin).

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L’édifice, qui nous offre un foisonnement de flèches, gargouilles, sculptures, bas reliefs… est dominé à 108,50 mètres par la Madonnina, statue de cuivre dorée à l’or fin auréolée de douze étoiles, œuvre de l’artiste  Guiseppe Perego.

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Au fil des siècles, différents ingénieurs et architectes ont apporté leurs modifications au projet initial de Simone da Orsenigo, des « grains de folie » qui enchantent notre présent, on ne peut que remercier les grands bâtisseurs pour leurs ouvrages féériques. L’observation peut durer des heures, il y a mille et un détails qui attirent notre regard, mille et une histoires qui se racontent sous nos yeux.

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« Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait. »

disait Mark Twain, et il écrivit aussi :

« … Au crépuscule, nous sommes arrivés près de Milan et nous avons aperçu la ville et les pics bleus derrière elle. Nous crevait l’envie de voir la célèbre cathédrale ! Finalement, une jungle de flèches gracieuses, luisant dans la lumière ambrée du soleil, s’éleva lentement sur les toits des maisons de la même manière que nous observons parfois, à l’horizon lointain, une masse dorée et imposante de nuages s’élevant au-dessus de l’étendue de vagues, dans la mer : la cathédrale ! Nous l’avons compris immédiatement. Pendant la moitié de la nuit et tout le lendemain, cet autocrate architectural fut l’objet exclusif de notre intérêt. Comme c’est merveilleux ! Si imposant, si solennel, si génial ! Portant si délicate, si éthérée, si élégante ! Un monde solide qui pourtant, au clair de lune, ressemble à une illusion de fées, d’arabesques, de glaces prêtes à disparaître à voix basse ! Avec quelle netteté ses flèches ornées d’anges et la turbulence de ses pinacles se détachaient sur le ciel et avec quelle richesse leurs ombres se projetaient sur son toit blanc ! Une vision ! Un miracle ! Un hymne entonné de pierre, un poème gravé dans du marbre… »

Mark Twain   1835-1910  –  « Un vagabond à l’étranger » –

Extrait trouvé sur le web qui m’a donné envie de lire ce livre de joyeux vagabondages…

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C’était un bien joli voyage, avec ciel bleu, ciel gris et neige,

mon « carnet » vous en montrera peut-être d’autres pages…

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Photos BVJ – Milan et lac Majeur – Décembre 2021.

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Croire en tous les possibles…

BVJ – Plumes d’Anges.

Un grand soleil…

lundi 6 décembre 2021

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J’ai grand chagrin, Pierre Rabhi s’est éteint et a rejoint l’immensité du cosmos,

il nous laisse une œuvre éclatante et les paroles sages de ses livres.

Quelle vie riche et bien remplie, pourtant rien n’a été simple,

les épreuves se sont succédé, il les a vaillamment traversées.

Un être d’une grande humilité, un exemple à suivre,

ouvrons grand nos yeux et nos oreilles,

son cœur, j’en suis certaine, battra toujours à l’unisson avec la Terre…

Je vous abandonne quelques jours,

je vais cueillir des grains d’étoiles sous d’autres cieux

et vous en rapporterai la lumière,

nous avons tant besoin de lumière…

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« Le sable est cristal

Comme l’âme.

Le vent l’emporte

Au loin. »

Richard Brautignan  1935-1984 dans « Journal japonais ».

Illustration : « Coucher de soleil »  Gustave Courbet 1819-1877.

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Cueillir la lumière encore et toujours…

BVJ – Plumes d’Anges.

Montaison…

lundi 15 novembre 2021

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« Je suis le saumon sauvage. Vous aimez mon frère d’élevage, puisque vous le mangez. On le trouve chez tous les poissonniers et vous le dévorez pour quelques euros le kilo. Élevé en captivité, au Chili ou en Norvège, nourri, entre autres, avec des farines animales, il est abondant : 1 million de tonnes, 300 fois les captures de saumons sauvages ! C’est paradoxal : on se moque de l’avenir des saumons sauvages, et on « cultive » serrés, en cage, les héritiers, les lointains descendants de ces grands voyageurs…

Mais ce saumon-là, ce n’est pas moi : il s’agit d’une pâle copie de ce que je suis. Mon histoire n’est pas celle du circuit du froid, des normes ISO, mais celle du saumon sauvage, celui d’avant les barrages, d’avant la surpêche océanique. La légende d’un animal qui, pendant les derniers 25 000 ans  a contribué à la culture des hommes. Ceux des côtes du Pacifique et de l’Atlantique Nord.

Pendant des siècles, j’ai fait battre votre cœur. Le grand saumon sauvage, mon aïeul, a fait danser les chasseurs-pêcheurs des bords de la Vézère, qui l’ont peint dans leur abri, à Laugerie-Basse, avec l’ours et le cheval sauvage. Plus tard, les Romains nous ont donné notre nom, « Salar », le sauteur. J’étais chez moi au Portugal, en Germanie, en Gaule. Les Celtes me vénéraient : j’étais « Fintan« , le dieu saumon. Les chrétiens ont pris la relève. Les moines de l’abbaye de Sordes, sur le gave, en Pyrénées, ont remercié Dieu de ma présence : grâce à mes ascendants en route vers la mer, ils pêchaient une nourriture abondante. Les artistes du Moyen Âge m’ont peint sur les tympans de leurs vaisseaux de pierre. Je suis sur la cathédrale d’Oloron-Sainte-Marie, sur des édifices romans plus humbles, dans la Haute-Loire. Les festins royaux étaient composés de saumon. J’ai sauvé de la famine les pauvres de France : mon histoire est liée à la vôtre, comme celle de tant d’animaux sauvages que vous n’admirez plus… J’étais… je ne suis pratiquement plus. (…)

Revenons à ma naissance. À l’origine je suis un œuf, minuscule promesse, blotti parmi d’autres au fond du lit de la rivière. Je me trouve alors dans le Haut-Allier, à près de mille kilomètres de l’embouchure. À ma naissance, j’ai la taille d’une groseille orangée posée sur le gravier. Je reste quatre mois au fond de gorges où niche l’aigle botté, où passe le Cévenol, enjambant frayères et viaducs, en route vers Nîmes. Après quelques mois dans cet univers, d’éleveurs de moutons, de haies, de forêts, je deviens alevin, c’est-à-dire un tout petit poisson. J’ai un drôle de sac sous le ventre, une « vésicule vitelline » où je puise ma nourriture. Puis je me fais tacon, nom que l’on donne au jeune saumon, et je grandis dans l’eau fraîche, saturée d’oxygène et d’odeurs incomparables : hêtre, tourbe de la Margeride… Je mémorise toutes ces senteurs, elles sont mon chez-moi, le « clos de ma maison, qui m’est une province, et même davantage« . Je m’en imprègne en prévision de mon futur retour du Pacifique. Je passe ainsi deux ans sur le Haut-Allier, croquant toutes sortes d’insectes qui peuplent en abondance les eaux. J’ai une belle robe sombre, des taches rouges sur les flancs, je glisse silencieusement dans mon territoire, parmi les truites, les loutres, les moules perlières. C’est une merveilleuse enfance… »

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Faisant un tri dans des livres et des magazines, j’ai relu avec intérêt un article sur la saumon sauvage, je ne peux vous en donner l’intégralité, il est très long…

Tout petit détail, hasard ou coïncidence ? un communiqué de presse daté d’octobre 2021, signé du même Martin Arnoult, nous apprend que les poissons migrateurs peuvent désormais franchir librement le barrage de Poutès  sur le haut de l’Allier entre octobre et décembre suite à des travaux importants sur le site, la montaison des saumons sauvages devrait avoir lieu.

La société change, le progrès technique est là, mais faisons attention, nous ne pouvons accepter n’importe quel progrès, tout n’est pas réparable dans le vivant.

Penser à ces poissons, oiseaux ou insectes migrateurs suscite toujours une émotion et leurs instincts sont perturbés voire empêchés, ils répondent à l’appel de la vie, un cri de l’invisible ordonne leur départ, beaucoup perdent la vie dans ces longs voyages mais ils « se » doivent de les faire…

La Nature n’est-elle pas merveilleusement stupéfiante ?

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Extraits d’un article émouvant sur l’épopée du saumon sauvage, signé Martin Arnoult

dans le numéro 3 de la revue Canopée – 2005.

Illustrations : 1/ « Rapides sur l’Hudson »  2/ « Chutes d’eau dans les Adirondacks »   Winslow Homer   1836-1910.

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Protéger le feu de la vie…

BVJ – Plumes d’Anges.