Archive pour la catégorie ‘plumes à rêver’

Ailleurs…

vendredi 18 octobre 2013

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« On me demande pour quelle raison j’habite la montagne verte

Je souris alors sans répondre, le cœur spontanément en paix

Les fleurs de pêchers s’éloignent ainsi au fil de l’eau

Il est un autre Ciel, une autre Terre que parmi les êtres »

« Dialogue en montagne »  Li Po 701-762.

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« Que de fleurs ! en boutons, en désordre…

Que d’envols ! tant d’abeilles, de papillons…

J’habite à l’écart, paresseux ou actifs

Un visiteur arrive… que désire-t-il ? »

« Quatrain »  Tu Fu 712-770.

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Extraits de : « Les yeux du dragon » Anthologie de poésie chinoise, traduction de Daniel Giraud.

Illustrations : 1/« Pink Fuji »  Takeuchi Seiho 1864-1942  2/« Psittacus pacificus »  Georg A. Foster 1754-1794  3/« Lotus et libellules » Kim Hong-do 1745-1806.

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Se mettre à l’écart du bruit du monde…

BVJ – Plumes d’Anges.

Grâce…

mercredi 16 octobre 2013

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 » La grâce engendre la beauté. La grâce est simplement l’aura qui entoure une relaxation totale.

Si vous avancez spontanément, chaque instant décide de ce qu’il est. Cet instant ne va pas décider du suivant, aussi restez simplement ouvert. L’instant suivant décidera de ce qu’il sera ; vous n’avez pas de plan, pas de modèle, pas d’attentes.

Aujourd’hui se suffit à lui-même ; ne planifiez pas le lendemain, ni même l’instant suivant. Aujourd’hui se termine et demain arrivera, frais et innocent, sans manipulateur. Il s’ouvre de lui-même, sans le passé. C’est cela la grâce. Observez une fleur qui s’ouvre le matin. Observez simplement… C’est la grâce. Il n’y a aucun effort – la fleur suit simplement la nature. Ou observez un chat qui s’éveille, sans effort, avec une grâce infinie. La nature entière est pleine de grâce, mais à cause des divisions intérieures, nous avons perdu cet état de grâce.

Avancez tout simplement et laissez le moment décider – n’essayez pas de le diriger. C’est ce que j’appelle laisser-faire – et tout découle de là. Essayez ! « 

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Extrait de : « Au coeur du présent »  – Méditation 14 – Osho 1931-1990.

Illustrations : 1/« Poème de l’âme n°13 »  Louis Janmot 1814-1892 2/ « Lys d’Humbolt »  Albert Robert Valentien 1862-1925.

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S’ouvrir au vaste présent…

BVJ – Plumes d’Anges.

Joli refrain…

lundi 14 octobre 2013

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« … Il faut garder en tête et fredonner les refrains de notre enfance, de notre adolescence, ou de l’âge adulte, mais ne pas oublier de se demander pourquoi certains nous reviennent si précisément et à ce moment-là.

Par exemple celui-ci, de Jean Sablon, me traverse l’esprit :

« Dans la vie faut pas s’en faire

Moi je ne m’en fais pas

Toutes ces petites misères

Seront passagères

Tout ça s’arrangera

Je n’ai pas un caractère

À me faire du tracas

Croyez-moi sur terre

Faut jamais s’en faire

Moi je ne m’en fais pas »

Curieuse rengaine, non ?

Il faudrait être capable de ne pas se faire du souci pour rien. Les chansons nous y aident. Ce n’est pas un don, cela s’apprend, tout comme s’apprennent les petits et grands plaisirs quotidiens. J’ai par exemple, au dessus de l’évier, dans ma cuisine, une verrine dans laquelle se trouve une belle rose fraîche que je change dès qu’elle pâlit. Et d’autres verrines sont accrochées selon ce même principe aux murs de mon salon.

Apprenons à regarder le ciel et les oiseaux par la fenêtre et à saisir au vol ce qui est agréable, ou intéressant, ou plaisant, dans ce qui nous entoure ou passe à notre portée – même si c’est la pluie ! Comme dit la chanson : « Un p’tit coin de parapluie, un p’tit coin de paradis… »

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… Les bouteilles sont souvent à demi pleines.

Les pessimistes les voient à moitié vides. Ils se désolent à l’avance qu’il n’y ait pas suffisamment de quoi boire durant le repas et se gâchent ce repas sans raison.

Les optimistes se réjouissent qu’elle soit à moitié pleine et qu’il y ait suffisamment à boire pour ce repas.

C’est vraiment une manière indécrottable de voir les choses qui empoisonne la vie de certains et ensoleille la vie des autres.

Je me situe résolument du côté de la bouteille à moitié pleine… »

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Extraits de : « Ici et maintenant, vivons pleinement » 2013  Anne Ancelin Schützenberger.

Tableaux : 1/« Roses »  Alexander Koester 1864-1932   2/« Verres et bouteille »  Albert Anker 1831-1910.

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Tout s’apprend…

BVJ – Plumes d’Anges.

Ressources…

lundi 7 octobre 2013

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« … Quand nous rencontrons une difficulté, qu’il nous arrive de nous dire : »Mais ce n’est pas possible ! Qui m’a puni ? Qu’est-ce-que j’ai fait au bon Dieu ? » Dites-vous alors plutôt : « Si j’ai choisi avant de naître de vivre cette expérience, c’est qu’il y a une raison, c’est qu’elle est riche d’un enseignement. Que faut-il que je comprenne ? Que peut-elle m’apporter pour la suite, pour mon devenir ? « …

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… Je ne sais pas combien de temps cette vie va durer, mais en attendant, je vais profiter de chaque instant. Je vais me nourrir de tout ce que je vais voir, de tout ce que je vais vivre et y trouver du plaisir. Je vais faire des désagréments et des épreuves des possibilités de grandir, trouver un intérêt à ce qui m’ennuie. Je vais positiver et faire de ma vie une aventure passionnante…

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… Le lâcher-prise c’est se dire : « Je ne contrôle plus !  » Ce n’est pas toujours facile mais c’est faisable. Il suffit d’arrêter de vouloir montrer sa supériorité, de manipuler et d’avoir tout le monde sous sa coupe. Ne plus contrôler, c’est laisser les autres vivre, évoluer à leur rythme, ne pas les regarder en inférieurs, en pions que l’on dirige mais en êtres humains qui ont à vivre leur propre destinée. C’est laisser entrer l’inattendu, les petits signes, c’est ouvrir tous les jours une lucarne à la joie. Nous ne sommes ni supérieurs, ni inférieurs, nous sommes différents. Accepter la différence, la complémentarité, c’est accepter la joie. C’est cette joie qui doit nous faire fonctionner, nous faire lever le matin avec entrain et nous inviter à porter un regard différent sur les soucis qui nous tombent dessus. En voulant tout contrôler dans nos vies, nous nous mettons dans des impasses où tout semble bloqué. Il suffit quelquefois de lâcher-prise, de ne plus penser à un problème, pour que la situation se débloque : les énergies circulent mieux et des solutions arrivent…

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… C’est dans les moments de repos, avant de s’endormir, que l’on peut se poser les véritables questions, demander un coup de main : « Je voudrais trouver une solution à tel problème. Comment puis-je faire ? Je serai attentif à tous les signes et indications que la providence m’enverra pour m’aider à réfléchir à la question et trouver une réponse. » Il s’agit de demander à cette partie qui est en nous et qui connaît les solutions, d’aller en chercher une. L’âme enregistre la demande, la prend en compte et commence à travailler dessus…

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… Ce n’est pas le monde qui change mais la vision qu’on en a. Il ne tient qu’à nous de prendre du recul, de relativiser, et d’élargir notre champ pour considérer la vie autrement… »

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Extraits de : « Les lumières de l’invisible » 2013  Patricia Darré.

Tableaux : 1/« La voix de son maître » Francis Barraud 1854-1924  2/« Table d’hôtes à la maison des chiens »  John Charles Dollman 1851-1934   3/« Portraits d’un Chat persan, d’un Pinscher nain et d’un Terrier » 1835-1903.

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Chaque expérience apporte une richesse…

BVJ – Plumes d’Anges.

Ordre du monde…

jeudi 3 octobre 2013

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« … Peut-être ne peut-on pas s’installer doucement dans une nouvelle vision du monde, peut-être faut-il chuter d’un seul coup et braquer les yeux vers le ciel pour tenter d’en saisir une représentation neuve ? Peut-être faut-il passer de la surface à la profondeur la plus totale, sans apprivoiser notre peur des grands-fonds, là où on ne soupçonne aucune lumière. Muter. Peut-être est-ce cela qu’il faut, oui. Mais comment ? …

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… À quel moment de sa vie se lasse-t-on de la répétition ? Quel sursaut de lucidité nous pousse-t-il à modifier l’élément presque invisible qui nuit à l’équilibre du tableau ? Quand la course de surface en surface s’arrête-t-elle pour permettre l’immobilité et la descente en profondeur ? …

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À une certaine heure de la vie, il faut sauter dans le vide avec pour seul parachute le désir de s’élever. C’est difficile, mais c’est la seule façon de connaître que l’on peut voler

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… Sais-tu Olaf pourquoi il n’y a que la nuit et le jour ? Pour que le jour raconte au jour suivant ce qu’il faut pour faire un jour, il a besoin de toute la nuit et c’est pareil pour la nuit, elle a besoin de toute la journée pour expliquer à la nouvelle nuit comment faire pour fabriquer une belle nuit. C’est pour ça qu’il n’y a pas d’autres états que la nuit ou le jour. C’est pour ça aussi qu’il y a des jours et des nuits plus ou moins réussis, c’est quand les nouveaux n’ont pas bien compris, ou que le jour ou la nuit d’avant a mal expliqué…

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… Guita m’avait maintes fois répété qu’il ne fallait pas se demander pourquoi telle ou telle chose arrivait mais comment on en était arrivé à la produire. Une idée de Jung…

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… Guita pense sincèrement que si chacun faisait ce qu’il doit faire au moment où il en prend conscience, le monde tournerait autrement. – Il faut du temps à la conscience pour descendre dans la matière, tu sais bien, mais il faut toujours tendre vers…

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… C’est à nous d’inventer des jours meilleurs, la joie revient toujours, la joie s’accouple à celui qui la désire du plus profond de soi, alors désire-la, Nort, laisse-toi féconder. Il n’y a que toi qui puisses quelque chose pour toi…

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… Je crois qu’il ne faut jamais essayer d’être plus grand qu’un autre, seulement plus grand que soi-même…

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… « Les éveillés sont comme les étoiles dans un ciel obscur. »…

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… Je mesurais à quel point chaque souffrance était la manifestation d’une vérité qui cherche à se faire désespérément connaître… »

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Extraits de : « En nous la vie des morts » 2006 Lorette Nobécourt.

Tableaux : 1/« Les lanternes » et 3/« Nuages d’été »  Charles Courtney Curran 1861-1942  2/« Étude de fleurs »  Jaime Morea Galicia 1854-1927.

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La lumière est en nous…

BVJ – Plumes d’Anges.

Voyage éclairé…

mardi 1 octobre 2013

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Ce petit voyage fut merveilleux, merci, la destination n’était pas exceptionnelle mais l’intention, elle, était importante. Mon mari et moi avons accompagné sa mère en Italie : à 86 ans elle a émis le désir de découvrir l’endroit où étaient nés ses ancêtres maternels. Nous avons été émus et heureux de partager ce moment avec elle. Les photos de « Mare nostrum » (nom que les romains donnaient à la mer Méditerranée), symbolisaient à mes yeux « une belle mer », « ma belle-mère », l’idée du voyage avec elle… La dernière image est prise près de chez elle, sur la plage des Sablettes dans le Var. Ces deux rochers sont appelés « Les deux frères », une histoire de famille en quelque sorte. Ils regardent ensemble dans le bleu du ciel et de la mer vers le passé ou vers l’avenir… C’est ce que nous avons fait en Italie, nous avons admiré ce beau pays d’où étaient venus ses ancêtres, pays qu’ils ont du quitter pour des raisons économiques certainement, nous leur avons exprimé toute notre gratitude et avons salué leur courage. Merci à la vie de nous avoir offert ce moment et merci à la mère de mon époux d’avoir exprimé son envie !

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« Il est interdit d’être vieux » dit le mystique hassidique Rabbi Nachman de Braslaw. Vieillissez mais ne soyez pas vieux, c’est à dire ne soyez pas amers et désespérés. Vieillissez, ne vous opposez pas au réel, mais n’empêchez pas la vie d’accomplir son œuvre désirante, de faire jaillir du neuf, du nouveau jusqu’à votre dernier souffle…

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… Avons-nous assez aimé ? Avons-nous passé plusieurs heures par jour à nous émerveiller des autres hommes, à être heureux ensemble, à sentir le prix du contact, le poids et la valeur des mains, des yeux et des corps ? Savons-nous encore bien nous consacrer à la tendresse ?… Il faut jurer de ne plus songer qu’à aimer, aimer, ouvrir l’âme et les mains, regarder avec le meilleur de nos yeux, serrer ce qu’on aime contre soi, marcher sans angoisse en rayonnant de tendresse. »


Extraits de : « La chaleur du cœur empêche nos corps de rouiller » 2008  Marie de Hennezel.

Tableau : « Chemin dans une forêt inondée de lumière »  Alexandre Calame 1810-1864.

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Accompagner avec cœur…

BVJ – Plumes d’Anges.

Art de vivre…

vendredi 20 septembre 2013

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« … Vivre à fond tient de la dégustation plus que de la dévoration. J’ai toutes les

peines à vivre le moment présent sans désirer qu’il perdure et je ne jette encore

les mille et un tracas qui me traversent chaque jour. Les exercices spirituels me

sont certes d’une belle utilité mais le saut essentiel, je le diffère sans cesse. Dans

la tristesse, par exemple, je pourrais me laisser couler au fond, abandonner la

surface, car, là où règne de l’agitation, là se développent aussi les vagues. Sur ce

terrain, mon corps a une longueur d’avance sur l’esprit : j’ai appris il y a quelques

mois, à nager. J’ai découvert que pour flotter il n’y avait rien à faire. Sans

résistances, sans tensions, le nageur qui excelle dans l’art de flotter, n’a rien à

faire. Cette non-activité sportive pourrait inspirer un art de vivre : ne rien faire, ne

pas lutter, ne pas s’opposer, ne pas discuter le réel mais se laisser flotter en lui.


Le détachement, au milieu de la vague des passions, c’est l’art de flotter allègrement…

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… La vie est mouvement, et l’équilibre s’acquiert, se découvre et se réinvente constamment au cœur du quotidien… »

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Extraits de : « Le philosophe nu » 2010 Alexandre Jollien.

Illustrations : 1/« Le suprême Bon-Ton – Planche n°15- Les Nageurs » Anonyme XIXème  2/ « Nuages d’orage en Juillet dans le Val d’Aoste » John Ruskin 1819-1900.

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Déguster la vie avec simplicité…

BVJ – Plumes d’Anges.

Calme intime…

mercredi 18 septembre 2013

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« … Seules les petites églises de campagne, dans les vignes, m’attirent. Parfois je reste assis au fond de l’une d’elles, tout seul, des heures durant, le soleil entre et, dans sa lumière, toute la cour d’un de ses saints campagnards qui vit là  dans sa « retraite » devrait sembler bien médiocre comme la scène d’un théâtre ambulant. Pourtant il n’en est rien, le soleil est « d’accord » et le vieux rose devient simplement pâle d’une manière tellement touchante, et les boiseries portent partout leurs vieilles dorures avec dignité – cependant ce n’est pas ça qui me retient là-bas, c’est le calme, ce calme intime, doux, dense, lorsqu’au dehors un petit coq de campagne enroué lance son cri, c’est seulement ainsi qu’on s’aperçoit à quel point il est doux, comme intensifié, comme sanctifié – et pourtant simultanément campagnard, modeste, simple, « une douceur champêtre » qui naïvement se confond avec le calme de la sainteté. Ce calme me faisait parfois venir des larmes de bonheur, en lui je pourrais me retrouver et me recueillir… »

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Extrait de : « Lettres à  Yvonne von Wattenwyl »  – le 16 janvier 1920 à Locarno – Rainer Maria Rilke 1875-1926.

Tableaux : 1/« Paysage du Rhin »  Hugo Mühlig 1854-1929  2/« Chapelle Morave »  Hugo Darnaut 1851-1937.

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Rechercher les lieux de calme intime, pour se retrouver…

BVJ – Plumes d’Anges.

Hautes profondeurs…

vendredi 6 septembre 2013

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« … Je suis entrée dans le plaisir intense d’accéder à ma propre vérité. Je sais désormais à quel point la vérité rend heureux et que chercher la sienne c’est aussi dévoiler celle des autres…

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… Ce que l’on ne peut modifier, il faut l’accepter. Accepter. Car c’est d’avoir renoncé à tout sans se résigner à rien que la Vie nous est donnée par surcroît…

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… Himalaya : J’ai connu la joie des grands départs, le sac entre les jambes, assise, les bras croisés sur mon bagage, portant les habits du voyage avec un plaisir éclatant. J’ai vécu la fête de se voir partir seule, le corps planté dans cette décision de chercher plus loin la réponse à une question en soi toute proche, à peine formulée. De tout son être étreindre la question, c’est absolument y répondre.

Je suis allée dans l’Himalaya pour me rendre libre de l’Himalaya.

La difficulté ce n’est pas d’apprivoiser la montagne mais d’en supporter l’effarante bonté. Comment supporter l’amour de la montagne ?

Je marche en silence. La marche pose le corps à sa place. Elle le tresse à la montagne et le hisse jusqu’à l’horizon. Les bêtes montent mieux que les hommes. Certains jours, je me sens presque indigne d’être en présence d’une telle qualité de silence.

Sous la tente, le soir, je pleure. Des larmes de joie parce que je comprends ce que je suis incapable de nommer. Rien ne se passe, et pourtant quelque chose d’indéfinissable a lieu.

J’apprends ici qu’il n’existe aucune réponse en dehors de soi..

Un homme qui croit être arrivé est un homme égaré. Toujours il faut recoudre les habits du voyage et repartir en soi-même. Ce n’est pas s’élever dont il s’agit mais s’enfoncer. La véritable ascension relève, en réalité, d’une descente dans les profondeurs… »

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Extraits de : « L’usure des jours » 2009  Lorette Nobécourt.

Illustrations : 1/« Vallée de Kangra, Himachal Pradesh »  Charlotte Canning 1817-1861  2/« Paysage rocheux »  Karoly Telepy 1828-1906.

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Marcher vers ses hautes profondeurs…

BVJ – Plumes d’Anges.

Grand rêve…

lundi 2 septembre 2013

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« … Le rêve du Vieux*

Les hommes découvrent et ils inventent. Quand ils découvrent, les unes après les autres, les lois cachées de la nature et ce qu’ils appellent la vérité, ils font de la science. Quand ils se livrent à leur imagination et qu’ils inventent ce qu’ils appellent la beauté, ils font de l’art. La vérité est contraignante comme la nature. La beauté est libre comme l’imagination.

Copernic découvre. Galilée découvre. Newton découvre. Einstein découvre. Et chacun d’eux détruit le système qui le précède. Homère invente. Virgile invente. Dante invente. Michel-Ange, Titien, Rembrandt, Shakespeare, Racine, Bach et Mozart, Baudelaire, Proust inventent. Et aucun d’entre eux ne détruit les œuvres qui le précède…

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… Le rêve du Vieux

« Hier, je me suis endormi dans l’herbe et je me suis réveillé avec un chœur d’oiseaux qui chantaient autour de moi, avec des écureuils qui grimpaient aux arbres, avec un pivert qui riait, et c’était une scène ravissante, et je me moquais comme d’une guigne de l’origine de ces oiseaux et de ces animaux. » Qui a écrit ces lignes ? C’est Darwin. Le même Darwin parle quelque part de « l’infinité des formes les plus belles et les plus merveilleuses ». Et il ajoute que là est « la question la plus intéressante, la véritable âme de l’histoire naturelle ».

Le monde n’est pas un chaos. Il y a de l’ordre dans l’univers. Il y a de la beauté dans l’univers. D’où vient l’ordre ? D’où vient la beauté ? Personne n’ôtera de la tête de beaucoup d’êtres humains l’idée que le monde est un projet en œuvre et qu’en dépit de tant de mal et de tant de souffrances il garde un sens caché.

La science d’aujourd’hui détruit l’ignorance d’hier et elle fera figure d’ignorance au regard de la science de demain. Dans le cœur des hommes il y a un élan vers autre chose qu’un savoir qui ne suffira jamais à expliquer un monde dont la clé secrète est ailleurs…

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… Le rêve du Vieux

Leurs peintres, leurs sculpteurs, leurs écrivains, leurs philosophes m’imaginent souvent irrité, accablé, vindicatif, en colère. Je ne suis bien sûr rien de tout cela. Si j’étais quelque chose d’humain, de trop humain, je serais plutôt enchanté de mon œuvre et léger comme ces anges que leurs ailes empêchent de tomber dans les abîmes des pensées et des sentiments qui vous agitent, vous autres, les hommes, emportés par l’orgueil.

Il arrive au monde de me causer du chagrin. Mais le plus souvent il m’amuse. Il est plein de surprises. Ce qui m’est ôté par Darwin m’est rendu par Einstein…

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… Nous sommes sur Terre pour aimer, pour être heureux, pour nager dans la mer, pour nous promener dans les bois. Peut-être même pour faire de grandes choses ou pour jouir de la beauté. Peut-être…

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… Admiration…

… Gaieté…

… Gratitude…

… Tout est bien. »

* Vieux : terme employé par Einstein pour désigner Dieu, dans une lettre adressée au physicien Max Born le 4 décembre 1936.

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Extraits de : « C’est une chose étrange à la fin que le monde » 2010  Jean D’Ormesson.

Illustrations : 1/« l’enfant Jésus »  Melchior Paul von Deschwanden 1811-1881 2/« Allégorie d’Avril : le triomphe de Vénus (détail) Francesco del Cossa 1436-1487  3/« Monts Triglav en Slovénie »  Anton Karinger 1829-1870.

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Prendre conscience de la Grandeur du Monde…

BVJ – Plumes d’Anges.