Archive pour octobre 2025

Perception…

dimanche 26 octobre 2025

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« Faire quelque chose d’autre,

Trouver autre chose dans autre chose,

Quelque chose de caché, quelque chose d’inaperçu,

Quelque chose qui avant jamais comme ça,

Et en même temps sans comment faire évident,

Sans itinéraire prédéfini,

Quelque chose en autre chose,

Quelque chose qui soit ici et là en même temps,

Quelque autre ici,

Le révéler, l’invoquer, …

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… Faire que quelque chose se fasse tout seul,

Ici est plein d’ailleurs,

Déborde d’autre,

Il suffit de le déchiffrer et de le permettre,

Tout cela est tellement simple

Que c’est presque hors de portée de ceux

Qui sont trop ici et maintenant,

Et pourtant il n’y a rien d’autre

Qu’ici et maintenant,

Mais autrement,

Seule mon absence est palpable,…

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… J’en parle ainsi

Pour l’effacer

Jusqu’à ce que s’efface le quelque part où

Quelqu’un avait parlé

Quelqu’un qui fut effacé,

Effacés l’ici et le maintenant

De cette liberté faire

Quelque chose d’autre

Quelque autre ici, quelque autre toi,

Quelque chose. »

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Immersion dans la nature,

être tout à la fois la terre, le ciel, les arbres,

le ruisseau clapotant,

le parfum de l’humus,

le chant de l’oiseau,

la caresse du vent…

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Effacer les frontières, les contours,

s’immerger dans une réalité,

ne plus faire qu’un avec elle, puis sans elle,

pour se recréer,

semer des étoiles nouvelles

et s’élever librement vers la lumière…

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Illustrations : 1/ « Soirée sur la rivière Save » 2/ « Le long de la Gradascica« 

3/ « Automne »  4/ « Colline ensoleillée »  4/ « Semeur »  Rihard Jakopic  1869-1943.

Poème extrait du recueil d’Ales Steger « Au-delà du ciel sous la terre »  2024.

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Ré-inventer…

BVJ – Plumes d’Anges.

Vivre la vie…

dimanche 19 octobre 2025

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« … La vieille dame voudrait savoir si les choses se passent ainsi en Europe, s’il y a aussi beaucoup de saints et de protecteurs que les gens vont prier. Quand elle avait vingt ans, elle aimait bien faire de petits voyages avec des amis dans des temples ou sanctuaires réputés de la région. Il y avait du monde, c’était la fête. Elle faisait ses dévotions avec les autres, sans trop se préoccuper de savoir de quelle divinité il s’agissait. Avec l’âge, elle s’est restreinte à des prières plus ciblées sur le bonheur et la santé de sa famille…

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… Une présence n’est jamais innocente, même celle d’un chat. Comme dans tout être, une puissance invisible en émane, qu’on ne perçoit pas forcément mais qui est bien là.

Qui plus est, la frontière n’est pas toujours étanche entre l’animé et l’inanimé, le sujet et l’objet. D’ailleurs, si on place dans les vitrines des magasins des statues de maneki-neko, ce « chat qui invite » de la patte levée le chaland qui passe à entrer dans la boutique, c’est qu’il y a une raison. Les porte-bonheur ont tous une histoire et les légendes ne naissent pas de rien…

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… L’écriture d’un journal a une tradition millénaire au Japon. On n’y prend pas ce genre très au sérieux, mais ces « choses qu’on raconte », comme on les appelle ici, peuvent être d’un grand agrément quand on les goûte en prenant son temps. Elles peuvent aussi canaliser les peines, les sortir de soi.

La vieille dame fait comme faisait sa mère, elle tient un journal, un gros cahier où elle consigne les faits du jour s’ils lui paraissent importants, significatifs. Elle trouve les mots qui les feront revivre, où elle pourra se resituer. Elle en relit parfois des passages pour son plaisir ou sa peine… ».

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Extraits de « Lettres d’Ogura »  2022   Hubert Delahaye.

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« … Elle savait bien, elle avait toujours su qu’une vie n’est qu’un état transitoire. Comme dit le poète, elle se disperse au premier vent et tombent les pétales. Il en va ainsi pour toutes les choses du monde, petites et grandes, belles et laides, et même pour sa maison…

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… Hatsumi voit passer une étoile filante. Passage trop bref pour avoir le temps de faire un vœu, mais ce n’est pas grave : elle forme en permanence celui du bonheur de ses filles. La nuit est claire, sans lune, et les lumières de la ville ne viennent pas perturber le ciel nocturne d’Ogura. Dans l’espace vertigineux, le Bouvier et la Tisserande se sont encore écartés un peu plus de la rivière d’étoiles de la Voie lactée. Ils s’aiment, s’attirent, mais doivent se quitter ainsi chaque année en juillet depuis toujours.

Y-a-t-il plus beau symbole de la fidélité ? Quand elle était jeune et romantique, cette fête de Tanabata était sa préférée. Elle en connaissait tous les contes et leurs variantes et elle écrivait à cette occasion un poème sentimental qu’elle accrochait à la branche d’un bambou derrière la maison, dans un endroit caché afin que personne ne pût découvrir ses pensées secrètes. Son petit mot pouvait s’adresser à la Tisserande pour lui demander talent et bonheur, à l’instar des petits o-mikuji de papier que l’on noue aux branches des arbres dans les temples et les sanctuaires.

L’automne se précise. Le matin, une fine rosée embue les tuiles sur le toit de la maison. Les dernières cigales se sont tues et ne chanteront plus jusqu’à l’été prochain. La nature est redevenue presque silencieuse. Dans les rizières moissonnées, on a évacué l’eau, on retourne à la terre. La nuit a retrouvé un début de fraîcheur... »

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Extraits de: « Fantômes d’Ogura »  2024  Hubert Delahaye.

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Deux petits livres magnifiques et complémentaires, une succession de tableaux et d’images participent à leur beauté.

Imaginez une petite vallée près de Kyoto, au fond, un village isolé, Ogura. Au pied d’une montagne, un champs de kakis, « fruits des dieux pour l’âme sur terre » et une maison traditionnelle japonaise.

Lettres d’Ogura raconte l’histoire d’une vieille dame. Elle vit seule, la maison familiale s’est vidée petit à petit de sa mère, son époux, ses trois filles, son chat. Elle se souvient du passé avec une pudeur extrême, elle peint la société japonaise hyper codifiée et hyper ritualisée, elle en observe les changements. Tout est doux et calme dans ce récit, elle accepte ce qui la chagrine un peu sans jamais l’exprimer…

Dans Fantômes d’Ogura, Hatsumi, la vieille dame n’est plus, elle a quitté la vie terrestre à l’age de 86 ans, elle se promène de façon fantomatique dans les rues du village, elle est libérée des règles de bienséance mais demeure respectueuse. Une immense tristesse l’envahit quand elle constate que le jour de la Fête des morts, ses filles ne se déplacent pas, mais elle leur pardonne. Elle veille sur sa maison, est curieuse au sujet des voisins, joyeuse quand la vie est vibrante…

La fin de cette histoire est touchante, j’ai trouvé ces deux lectures exquises, riches quant à ce que l’auteur nous dit avec délicatesse sur les us et coutumes au Japon… Un très joli moment, vous verrez.

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Illustrations : 1/ « Escaliers au parc de  Maruyama »  2/ « Après la pluie »  Alfred East  1844-1913  3/ « Kakis »  Wada Eisaku  1874-1959.

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Honorer le vivant…

BVJ – Plumes d’Anges.

Flamboyer…

dimanche 12 octobre 2025

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Rêve éveillé

Une saison nouvelle s’offre à nous, généreusement,

au soir le ciel s’embrase avec majesté.

Un invisible alchimiste semble réaliser son souhait :

dissoudre l’ombre, purifier le monde,

opérer sa transmutation pour qu’il devienne OR.

Le précieux métal coule et imprègne les feuillages,

un feu se propage dans la forêt des songes puis s’éteint.

Aux premières lueurs du jour, l’astre renouvelé apparait,

sur le sol gisent quelques étoiles,

elles témoignent de la magie : notre vision du monde peut changer…

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« En cette nuit, 

en cet instant de cette nuit,

je crois que même si les dieux incendiaient le monde, 

il en resterait toujours une braise

pour refleurir en rose

dans l’inconnu.

Ce n’est pas moi qui l’ai pensé ni qui l’ai dit,

mais cette nuit d’hiver,

mais un instant, passé déjà, de cette nuit d’hiver. »

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Philippe Jaccottet  1925-2021  dans « Cahier de verdure« .

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Photos BVJ – Montagne de Lure – 8 et 9 octobre 2025.

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Croire aux signes de la vie…

BVJ – Plumes d’Anges.

Choix…

dimanche 5 octobre 2025

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Petite histoire...

« C’est un moine bouddhiste, un jour, qui dit à ses élèves : si tu portes une tasse de café et que quelqu’un te bouscule, pourquoi est-ce que le café est renversé ? Et tous ses élèves, sans exception, répondent : « Parce qu’on m’a bousculé ! »

Et il dit :  non. C’est parce que c’était du café qu’il y avait dans la tasse. S’il y avait eu de l’eau, s’il y avait eu du thé, c’est de l’eau ou du thé qui aurait été renversé, et là il ajoute quelque chose de profond, il dit : « Si la vie te bouscule et ça va arriver, ça arrive tout le temps, c’est ce que tu portes en toi qui va être répandu, si tu portes de la peur de la jalousie de la colère ou de la cupidité, c’est ça qui va se répandre, si tu portes de l’amour de la compassion de la douceur ou de la gentillesse, c’est ça qui va se répandre.

Alors chaque matin, fais une pause avant de commencer ta journée et demande-toi ce qu’il y a dans ta tasse. »

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Subtil et si vrai… Tout est vibratoire, chaque jour, chaque nuit,

des moments se succèdent, des tableaux se peignent,

ils sont teintés de nos émotions profondes,

qui attirent les mêmes émotions profondes…

Nous pouvons éclairer celles-ci, prendre du recul, y réfléchir…

Décider de celles que nous cultiverons dans le présent,

de celles que nous abandonnerons,

nous pourrons choisir la musique que nous jouerons,

elle emplira l’espace, notre espace.

Ceci me semble vrai dans notre vie personnelle mais aussi dans la vie publique.

La conscience collective imprègne et dirige l’évolution d’une société,

faisons les choix qui nous semblent les meilleurs, les nôtres,

ne soyons pas des moutons dans un troupeau,

soyons des êtres uniques et lumineux.

Nous désirons la paix dans le monde ? Sommes-nous porteurs de paix nous-même ?

Belle semaine à toutes et à tous, que la musique soit harmonieuse !

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Texte cueilli en passant sur Instagram sur « Le réveil en douce  » .

Illustrations : 1/ « Les instruments de la musique civile » 

2/ « Les instruments de la musique militaire »  Jean Siméon Chardin  1699-1779.

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Se laisser le choix de choisir…

BVJ – Plumes d’Anges