Archive pour la catégorie ‘plumes à rêver’

Des lumières…

samedi 29 avril 2017

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« On n’aperçoit pas du tout les mêmes choses selon qu’on élargit sa vision à l’horizon qui

s’étend, immense et immobile, au-delà de nous…

Ou selon qu’on aiguise son regard sur l’image qui passe, minuscule et mouvante,

toute proche de nous.

Comme une luciole, l’image finit par disparaître à notre vue et s’en va vers un lieu

où elle sera, peut-être, aperçue par quelqu’un d’autre, ailleurs… »

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Quand une éditrice inspirée cueille un bouquet de phrases sur les pages d’un essai écrit

de main de maître par un philosophe et historien de l’art,

je veux citer Georges Didi-Huberman…

Quand cette même éditrice confie à une illustratrice inspirée le soin de mettre en images

ces mots, le résultat est splendide et l’harmonie parfaite !

Amélie Jackowski :

on connait d’elle un univers poétique sans égal, les couleurs

y chantent, l’imagination y est débordante, les symboles y fleurissent,

c’est une symphonie de notes lumineuses.

Tout a un sens, rien n’est laissé au hasard,

ainsi les enfants ont matière à rêver et à interroger…

Un texte superbe illustré avec grand talent, encore un coup de cœur !

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Un clic ICI et vous connaîtrez le beau travail de cette maison d’édition,

nos chères petites têtes brunes, rousses ou blondes

adorent poser et se poser de grandes questions!

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Extrait de : « Des Lucioles »   2017   Georges Didi-Huberman et Amélie Jackowski.

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Rechercher des lumières et devenir nous-mêmes « porteurs de lumières »…

BVJ – Plumes d’Anges.

Chemins de traverse…

mercredi 26 avril 2017

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« … Je me souvenais du pays berbère, dans les montagnes de l’Atlas. Les hommes, là-bas, du temps où ils se repliaient dans les hauteurs, forcés par les Arabes, avaient forgé une somptueuse expression pour distinguer les nomades des sédentaires. Les premiers étaient appelés « hommes de la lumière ». Peau cuite de soleil, cuir durci par le vent, ils dormaient sous le ciel. Les seconds étaient les « hommes de l’ombre » car ils demeuraient à l’abri de leur toit et leurs mauvais rêves ne s’échappaient jamais de la maison. Mes nuits sous la jupe des arbres étaient des nuits du soleil…
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… Il était criminel de croire que les choses duraient. Les matinées de printemps étaient des feux de paille. Voilà longtemps que je ne m’étais pas trouvé exactement tel que je le désirais : en mouvement. Je jouissais de me tenir debout dans la campagne et d’avancer sur ces chemins choisis. Noirs, lumineux, éclaircis. C’était la noble leçon de Mme Blixen devant le paysage de sa ferme africaine : « Je suis bien là, où je me dois d’être. » C’était la question cruciale de la vie. La plus simple et la plus négligée…
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… Il était difficile de faire de soi-même un monastère mais une fois soulevée la trappe de la crypte intérieure, le séjour était fort vivable. Je me passionnais pour toutes les expériences humaines du repli. Les hommes qui se jetaient dans le monde avec l’intention de le changer me subjuguaient, certes, mais quelque chose me retenait : ils finissaient toujours par manifester une satisfaction d’eux-mêmes. Ils faisaient des discours, ils bâtissaient des théories, ils entraînaient les foules : ils choisissaient les chemins de lumière. Quitte à considérer la vie comme un escalier, je préférais les gardiens de phare qui raclaient les marches à pas lents pour regagner leurs tourelles aux danseuses de revue qui les descendaient dans des explosions de plumes afin de moissonner les acclamations…
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… Je retardais mes compagnons à trop contempler les murets. L’art de la marqueterie bocagère avait atteint ici un haut degré d’accomplissement. La pierre accueillait la mousse. La mousse arrondissait les angles et protégeait des sociétés de bêtes. Oh ! comme il eût été salvateur d’opposer une « théorie politique du bocage » aux convulsions du monde. On se serait inspiré du génie de la haie. Elle séparait sans emmurer, délimitait sans opacifier, protégeait sans repousser. L’air y passait, l’oiseau y nichait, le fruit y poussait. On pouvait la franchir mais elle arrêtait le glissement de terrain. À son ombre fleurissait la vie, dans ses entrelacs prospéraient des mondes, derrière sa dentelle se déployaient les parcelles. La méduse du récent globalisme absorbait les bocages. Ce remembrement du théâtre mondial annonçait des temps nouveaux. Ils seraient peut-être heureux mais n’en donnaient pas l’impression. Qui savait si les nouvelles savanes planétaires allaient produire d’heureux forums ou des champs de bataille ?… »
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Extraits de : « Sur les chemins noirs »   2016  Sylvain Tesson.

Illustrations : 1/« Chapelle de montagne »  2/« Le roi de la clôture »    Matthäus Schiestl  1869-1939.

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Marcher pour se retrouver…

BVJ – Plumes d’Anges.

Paradigmes…

samedi 22 avril 2017

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« … Aujourd’hui, une épidémie de croyances peut se déclencher en quelques jours grâce aux médias modernes, télévision, radio, journaux, et en quelques heures grâce à Internet. Mais toujours l’épidémie démarre dans une société en crise. La rupture d’équilibre peut être provoquée par la misère, par la guerre, par une désorganisation sociale ou spirituelle, ou même par une modernisation rapide qui provoque un changement brutal de culture. Quand un milieu se désorganise, les représentations culturelles ne sont plus partagées et les individus qui vivent dans ce groupe incohérent ne savent plus à quel saint se vouer. C’est alors que surgit un sauveur qui dit : « Je sais d’où vient le mal, et je vais vous dire ce qu’il faut faire pour que le bien revienne. » C’est donc au nom de la morale  et pour sauver son groupe qu’un prophète de bonheur apporte le malheur… »

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POUR NOUS AIDER DANS NOS CHOIX,

QUATRE MINUTES INSPIRÉES,

à ne rater sous aucun prétexte !

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Extraits de : « Ivres paradis, bonheurs héroïques »  2016  Boris Cyrulnik.

Images extraites du film « Le Dictateur » 1940  –   Charlie Chaplin  1889-1977.

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Choisir le bon paradigme pour l’homme…

BVJ – Plumes d’Anges.

Musique cosmique…

mardi 18 avril 2017

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« … Les yeux rivés sur mon verre de thé, je ne voyais toujours qu’un liquide calme, inerte, homogène et continu en apparence, alors même que je le savais siège de discrètes violences entre des petits corps que mes yeux ne pouvaient détecter. Me revint en mémoire une remarque de Schopenhauer : Avoir du talent, c’est atteindre un but que les autres ne peuvent pas atteindre ; avoir du génie, c’est atteindre un but que les autres ne peuvent même pas voir.

Je bus lentement mon thé, inhabituellement conscient des milliards de myriades d’atomes d’hydrogène et d’oxygène que j’ingurgitais à chaque gorgée. Et je me pris à songer à leur céleste lignée, encore mal connue à l’époque d’Einstein : les atomes d’hydrogène se sont formés dans l’univers primordial – il y a plus de treize milliards d’années – et ceux d’oxygène dans le cœur brûlant d’une étoile – il y a environ cinq milliards d’années -, qui les a ensuite dispersés dans le vide intergalactique. La matière du présent provient de vertigineusement loin. Ma lente désaltération devenait ainsi un acte grave et profond, un geste qui me reliait intimement à l’histoire de l’univers : mon corps absorbait en définitive des bribes de l’aurore du monde mélangées à des cendres plus tardives du feu stellaire…

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… Einstein était conscient de ne pas procéder comme les autres, de faire instinctivement le pas de côté qui lui permettait de regarder les situations sous des angles inédits. (…) Pays de l’imagination, des expériences de pensée, du pas de côté, irrigué par d’intenses dispositions spirituelles. Celle, notamment, qui fait éprouver le mystère du monde : « c’est l’expérience la plus belle et la plus profonde que puisse faire l’homme, écrivit-il. C’est sur lui [ le mystère ] que se fondent les religions et toute activité sérieuse de l’art ou de la science. Celui qui n’en fait pas l’expérience me semble être, sinon un mort, du moins un aveugle. » Phrases en apparence banales, en vérité provocatrices pour le lecteur d’aujourd’hui. L’excitation médiatique, l’hédonisme institué en règle de vie, l’eschatologie consumériste de notre société ne conjuguent-ils pas leurs échappements délétères pour anesthésier notre sensation d’un ciel ? Où sont les hauteurs vers lesquelles lever les yeux ? Einstein, j’en suis certain, aurait percé des brèches dans le couvercle qui ferme nos horizons, et promu une sorte de psychisme ascensionnel, qui coupe l’envie d’évoluer dans les basses régions.

Enfin, et surtout, Einstein aimait la musique, d’un amour irrépressible, vaste et joyeux. La musique qui, à l’instar des équations, ne relève pas des mots, mais des notes, des sons. Elle était l’éther, un éther bien réel cette fois, qui soutenait l’ondulation de sa pensée et transportait son âme… »

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Extraits de : « Le pays qu’habitait Albert Einstein »  2016  Etienne Klein.

Illustrations (des croyances anciennes) : 1/ et 2/ « Description de la Chine… »  volume 3  Jean-Baptiste du Halde  1674-1743  3/ Dessin anonyme du XVIème siècle – « Main guidonienne »  Guido d’Arezzo  992-1033.

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Ouvrir de nouveaux horizons…

BVJ – Plumes d’Anges.

Éclosion printanière…

samedi 15 avril 2017

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« Relâche-toi, dit le soleil

Les entrailles de la lune se dégelèrent

Relâche-toi, détends-toi

La terre se mit à tourner et à suer

Relâche-toi, relâche-toi

En souplesse

Les bouleaux miroitèrent dans leur humide blancheur

 

Son Altesse le printemps

Surgit nu d’un congère de neige »

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Quel printemps intérieur voulons-nous créer ?

Quelles forces intimes aurions-nous envie d’extérioriser ?

Quel être nouveau allons-nous mettre au monde ?

La nature nous accompagne en ce grand moment de l’année,

tout est possible,

choisissons le meilleur de nous-même et faisons-le fructifier…

Belles fêtes de Pâques à toutes et à tous !

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Extrait de : « En toute candeur »  1964  Kenneth White.

Illustrations : 1/« Lapins, herbes, neige et pleine lune »  Utagawa Hiroshige  1786-1864  2/ et 3/ « Oeufs » – détails des  planches 18  et 11  Henry Seebohm   1832-1895.

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Déterminer ce que l’on est, ce que l’on veut être et devenir…

BVJ – Plumes d’Anges.

Visions poétiques…

jeudi 30 mars 2017

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 « Sensible

est le terre au-dessus des sources : aucun arbre ne doit

être abattu, aucune racine

arrachée

 

Les sources pourraient

tarir

 

Combien d’arbres sont

abattus, combien de racines

arrachées

 

en nous »

Chemins sensibles  (1968)

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« Oiseaux, postillons, lorsque

vous attaquez les premières notes, arrive la lettre

au sceau bleu, celle dont les timbres

fleurissent, dont le texte

dit :

 

Rien ne

dure

éternellement »

Presqu’un poème de printemps  (1968)

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« S’en tenir

à la terre

 

Ne pas jeter d’ombre

sur d’autres

 

Être dans l’ombre des autres

une clarté »

Chardon argenté (1978)

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« Les oiseaux épient plus longtemps

qu’ils ne picorent

 

Et de nouveau je demeure

immobile

 

Votre reproche de perdre du temps

je le repousse

 

Le silence s’amoncelle autour de moi,

terre pour le poème

 

Au printemps nous aurons

des poèmes et des oiseaux »

Table de travail près de la fenêtre et il neige  (1980)

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« Nous avons toujours un choix,

et ne serait-ce que de ne pas nous incliner devant

ceux qui nous en privèrent »

Vers le tournant du millénaire  (1997)

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Poèmes extraits de : « Un jour sur cette terre »   1998  Reiner Kunze.

Illustrations : Album « Fleurs, oiseaux et poissons » Ma Yuanyu  1669-1722.

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De la poésie, toujours, sur la Terre…

BVJ – Plumes d’Anges.

Chant natif…

dimanche 26 mars 2017

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« … Chacun perçoit en lui-même – peu importe son degré d’intelligence, peu importe l’état de son esprit – un chant natif qui l’accompagne sans interruption, même si tant de fois, assourdi par le bruit du monde, il ne l’entend plus lui-même. Sous l’injonction de Rilke, qui nous rappelle dans les Sonnets à Orphée que « chanter, c’est être », je dis aussi, avec Claudel reprenant l’interpellation biblique : « N’empêchez pas la musique ! »

En chinois, il existe une expression qui décrit cet état où, vers le soir ou dans la nuit par exemple, la nature semble se recueillir en silence. L’expression possède deux versions : Wan-nai-wu-sheng, « Les dix mille sons se font silence », et Wan-nai-you-sheng, « Les dix mille sons se font entendre ». Ces deux versions apparemment opposées signifient à l’oreille d’un Chinois la même chose. Lorsque le silence se fait, c’est alors qu’on entend chaque son en son essence. Apprenons donc à ne pas nous étourdir de paroles vaines à longueur de jours, à ne pas céder au bruit du monde. Apprenons à entendre la basse continue ponctuant le chant natif qui est en nous, qui gît aux tréfonds de l’âme. Cette âme, capable de résonner avec l’Âme universelle, peut nous étonner par sa vastitude insoupçonnée…

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… Il y a donc le Grand Tout, et il y a chaque âme minuscule. Et tout, depuis toujours, est vécu par chaque âme unique. En dépit des malheurs causés par l’existence du Mal sous tous ses aspects, une immense donation a lieu. Tout le ciel étoilé, toute la terre nourricière, toute la splendeur de l’aube et du soir, toute la gloire du printemps et de l’automne, tout le Souffle animant l’univers porté par le vol d’oiseaux migrateurs, tous les hauts chants humains montés de la vallée des larmes, tout cela constitue un ici et maintenant où l’éternité se ramasse. Cet ici et maintenant ne peut rayonner, irradier, faire fleurir et porter fruit, susciter écho et résonance et, par là, prendre tout son sens que s’il est vécu par une âme. Ainsi, une immense expérience de vie est déposée là, dans l’ensemble de ces âmes qui ne sont nullement des entités vagues ou neutres, vides de contenu. Au contraire, ayant absorbé en elles le génie du corps et de l’esprit, ayant assumé les conditions tragiques de l’existence terrestre, elles sont devenues des entités éminemment incarnées et désirantes – et, partant, des candidates à un autre ordre de vie… »

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Extraits de : « DE L’ÂME »  2016  François Cheng.

Photos BVJ

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Accueillir et offrir la beauté du monde…

BVJ – Plumes d’Anges.

Impératif…

jeudi 23 mars 2017


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« … – Depuis ce matin, vous vous occupez de moi comme si c’était une question de vie ou de mort.

– Tout est une question de vie ou de mort.

Il saisit mon bras dans sa paume large et chaude.

– L’existence peut se rompre d’une seconde à l’autre, Augustin. Le présent te paraît fort ; il se brise pourtant plus aisément qu’un cheveu. Une artère se bouche… Un vaisseau lâche… Le sang coule dans le cerveau… Une chute…Une bombe… Un ivrogne au volant…

– Vous pensez à ça ?

– Je ne pense pas à ça, mais mes pensées se découpent sur ce fond-là.

– C’est triste.

– C’est gai, c’est vivifiant, c’est dynamique.

– Il n’y a pas urgence à mourir.

– Il y a urgence à vivre. Trop de personnes que j’aimais ont disparu pour que je laisse moisir une seule seconde de vie. Faire bien, vite, beaucoup, telle est ma devise…

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… – On dirait que tout vous amuse.

Il me dévisage, interloqué.

– Évidemment que tout m’amuse.

Il soupire et sourit en même temps.

– La vie est une tragédie ; autant la vivre en comédie…

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… – Ne fais pas quelque chose pour le finir, fais-le pour le faire. Les hommes crèvent d’occuper le futur, jamais le présent. Ils se préparent à vivre, ils ne se réjouissent pas de vivre. C’est maintenant que tu écris ton texte, pas quand il sera terminé…

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… Qui parle en nous quand nous parlons ? Peut-être nous… Peut-être nos parents… Peut-être la société… Peut-être Dieu… Sommes-nous l’auteur de nos actes ? l’auteur de notre vie ? Arriverons-nous jamais à la vraie liberté ?… »

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Extraits de : « L’homme qui voyait à travers les visages » 2016 Eric-Emmanuel Schmitt.

Illustrations : 1/« L’annonciation » (détail) 2/« L’adoration des bergers » (détail) Cima da Conegliano 1460-1518.

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Céder à la joie…

BVJ – Plumes d’Anges.

Entre deux brumes…

dimanche 12 mars 2017

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« … Atsuhito, s’écria-t-il soudain, je te confie les deux brumes, et le pont-lune au milieu, et ce qu’il enjambe. Ou ce qu’il transgresse. Tu as pour ça tout ce qu’il te faut, n’est-ce-pas ? Use sans compter de toutes ces senteurs que nous avons rapportées de la Deuxième avenue, façonne tes parfums en gros grains, enferme-les dans un carré de soie que tu noueras d’un cordon orné d’un rameau de prunier, et si tu penses que l’encens, pour être embrasé devant l’empereur, doit être rehaussé d’or, alors n’hésite pas, râpe, lime, écorche autant d’or que tu voudras – tu n’as qu’à puiser dans mes bijoux.

– Mais l’or ne brûle pas, sensei…

– Je sais, Atsuhito, je sais, ce n’est pas parce que j’ai vieilli que j’ai l’esprit épais d’une bécasse. Mais s’il ne brûle pas, l’or fond à forte température, il coule, il ruisselle, il dessine des dentelles, des estuaires, des forêts, alors qui nous dit qu’il n’émet pas aussi un parfum ? Quelle connaissance profonde avons-nous des odeurs ? Nous disons que ça sent bon ou que ça empeste, et nous n’allons pas plus loin. Au fond, nous n’en savons guère plus sur la suavité et sur la puanteur que sur le Bien et le Mal. Nous traversons la vie en sautillant d’une ignorance à l’autre. Des crapauds, Atsuhito, nous sommes des crapauds…

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… Les dieux avaient créé le néant pour persuader les hommes de le combler. Ce n’était pas la présence qui régulait monde, qui le comblait : c’était le vide, l’absence, le désempli, la disparition. Tout était rien. Le malentendu venait de ce que, depuis le début, on croyait que, vivre, c’était avoir prise sur quelque chose, or, il n’en était rien, l’univers était aussi désincarné, subtil et impalpable, que le sillage d’une demoiselle d’entre deux brumes dans le rêve d’un empereur… »

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Extraits de : « Le Bureau des Jardins et des Étangs » 2017  TRÈS BEAU ROMAN de Didier Decoin.

Illustrations : 1/ »Paysage » détail – Peintre anonyme  du XVIII ème   2/« Ipomées blanches »  Ogata Kenzan  1663-1743.

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Suivre le cours de l’amour…

BVJ – Plumes d’Anges.

Dialoguer…

mardi 28 février 2017

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« … Quand on dénigre quelqu’un, on ne peut pas engager de discussion avec lui. Une discussion ne peut aboutir que si l’on s’adresse à ce que l’autre a de bon en lui. C’est à cette condition-là que le bien pourra s’imposer de part et d’autre.

Quand on se place au-dessus des autres, le dialogue est voué à l’échec, car on ne fait que susciter la résistance…

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… Il y a des mots qui figent, des mots qui sont eux-mêmes sans vie et qui étouffent la vie. Quand on dit à quelqu’un : « Tu es un fardeau, une nullité. Je ne veux pas avoir affaire à toi », ce genre de parole fait mourir quelque chose en l’autre, à savoir l’espoir d’une vie qui ait du sens, l’espoir d’être vu et accepté. Il y a aussi des mots qui nous ouvrent les yeux et nous font comprendre des choses. Lorsqu’on nous décrit la beauté d’une montagne, on a le cœur qui se dilate. On devine quelque chose de la vérité de la montagne. Et lorsque la vie afflue en nous, alors nous passons de la mort à la vie…

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… Écouter vraiment, c’est s’abstenir de juger, c’est accueillir en soi les paroles de l’autre…

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… Bien des discussions échouent parce que nous sommes incapables d’écouter et que tout ce que nous voulons, c’est imposer nos propres arguments sans entendre ce qu’il y a de neuf dans la parole de l’autre et qui pourrait peut-être nous mener plus loin…

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… Il y a un langage qui blesse, qui condamne, juge, rejette, déprécie, ridiculise. Un langage blessant pousse à résister, à se fermer. On devient sourd, on se bouche les oreilles. On ne veut pas entendre ce que dit l’autre. C’est ainsi qu’on érige une protection contre le pouvoir blessant du langage…

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… Par nos discours, nous influençons nos propres actes et ceux des autres. Nous sommes responsables de ce que nous disons. Inutile, donc, de chercher à se dédouaner en prétextant que les mots sont sans conséquence. Les mots peuvent faire du mal, ils répandent le mal qui engendre ensuite des actes condamnables. La pensée est première, puis vient la parole et, enfin, l’action. Ces trois pôles sont indissociables… »

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Extraits de : « L’art du silence » 2014 Anselm Grün.

Illustrations : 1/« Coquillages » Adriaen Coorte 1683-1707 2/« Jour paisible près de Manchester » Alfred Thomson Bricher 1837-1908.

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Écouter pour entendre…

BVJ – Plumes d’Anges.