Archive pour la catégorie ‘plumes à rêver’

Lumineuse végétalité…

jeudi 10 janvier 2019

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« … « L’être humain est une partie d’un tout que nous appelons « l’Univers », une partie limitée par le temps et l’espace. Il fait l’expérience de lui-même, de ses pensées et de ses sentiments comme d’évènements séparés du reste. C’est là une sorte d’illusion d’optique de la conscience. Cette illusion est une forme de prison pour nous, car elle nous limite à nos désirs personnels et à notre affection pour quelques proches. Notre tâche devrait consister à nous libérer de cette prison en élargissant notre cercle de compassion, de manière à y inclure les créatures vivantes et toute la nature dans sa beauté. »… »

Lignes écrites par Einstein en 1950 au rabbin Robert Marcus, ancien officier américain,

l’un des libérateurs du camps nazi de Buchenwald.

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Il se passe dans l’invisible des relations profondes entre les hommes et les plantes. L’auteur relate ici de nombreuses expériences, les siennes et celles menées par des scientifiques, les observations qui en découlent sont assez stupéfiantes.

L’itinéraire est passionnant, les émotions cachées des plantes nous interpellent et nous ne pouvons nous-mêmes, qu’en être émus. Il nous faudrait vivre harmonieusement avec la nature,  les plantes sont généreuses et trop souvent obligés de se défendre face aux actions humaines. Les multinationales et les politiques entravent ou ralentissent terriblement les belles recherches dans ces domaines. Les hommes sont sourds et aveugles, pour s’assurer des profits, ils ne respectent rien. La terre qui leur a été prêtée souffre, la mécanique cosmique est parfaite, de la belle horlogerie !

Didier van Cauwelaert nous montre là un chemin vers la VRAIE ÉCOLOGIE.

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Extrait de « Les émotions cachées des plantes »  2018  Didier van Cauwelaert.

IIlustrations : 1/ »Yucca Filamentosa »  2/ »Fleurs »  Pierre-Joseph Redouté 1759-1840.

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Nous sommes un merveilleux TOUT, en prendre conscience…

BVJ – Plumes d’Anges.

Faire un bon voyage…

lundi 7 janvier 2019

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« … « Allô, docteur, comment se dépêtrer dans une vie qu’on sait devoir s’achever ? »

Cette peur de claquer, ce désir de mettre la main sur le cours d’une existence, de thésauriser, commence très tôt. Subrepticement se met en place une espèce de mentalité d’expert-comptable qui nous interdit de vivre sans but ni esprit de profit. Tout doit rapporter, fructifier. Même la vie spirituelle est assignée à une performance : nous rendre meilleurs. Pourtant, rien ne nous appartient. Absolument tout nous est prêté. Voir que tout est passager, éphémère, qu’on n’y peut rien, nous décharge de la responsabilité de tout maîtriser. Nous sommes embarqués, nous faisons route, c’est tout. Pas de bagages inutiles… Le patron de l’agence de voyages, ce n’est pas nous…

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… La joie se recueille au cœur de cette vie bancale, fragile, tragique, éphémère. J’ai une amie qui dit : « C’est le bordel, mais il n’y a pas de problèmes. »

– Et qu’est-ce-qu’elle propose quand c’est le bordel et que c’est réellement un problème ?

– Rien. Justement, la joie, j’ai l’impression que c’est déjà accepter que des pans entiers de la vie resteront sans remède, qu’ils ne trouveront peut-être jamais de solution et que ça ne va pas forcément s’arranger.

– Tu y arrives, toi ?

– Bien-sûr que non !…

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Chaque matin, je me réveille avec plein de projets, m’obstinant à aller mieux.. C’est naturel et c’est bien. Rien ne contredit davantage le dire oui que la résignation, le fatalisme, l’immobilisme. Cependant, faire la paix avec l’imperfection du monde, l’ambivalence des paysages intérieurs, le tragique, c’est ici et maintenant que ça se passe. La joie inconditionnelle, c’est la joie dans ces conditions, avec les boulets, les casseroles et une foule d’imprévus. Au fond, il s’agit de se faire à l’idée que ça ne va vraisemblablement pas s’arranger, que nous sommes embarqués dans une aventure dont l’issue nous échappe. C’est là que l’ego, dans sa folle volonté de maîtrise doit s’éclipser sauf à nous faire souffrir à jamais…

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Ce soir j’ai rencontré madame et monsieur tout le monde, non des êtres à part, différents, extraordinaires, anormaux, pour employer ces foutues catégories du « on ». Ces visages ne portaient aucun stigmate, aucune étiquette. Nulle part sur leur front, il était écrit : « accro au sexe », assoiffé de tendresse », « coutumier des prostituées »… Ces êtres déchirés, coupés en deux peut-être, me délivrent une leçon magistrale : il existe toujours en la femme et en l’homme une part indemne, infiniment libre, qu’aucun traumatisme ne saurait bousiller. Laissons-la éclater, rayonner ! … »

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Un livre courageux sur l’addiction. L’auteur nous emmène dans son intimité, il traite du chemin de l’attachement vers le détachement. J’ai beaucoup aimé cette phrase « C’est le bordel, mais il n’y a pas de problèmes », être dans la tempête, dans le chaos mais s’occuper à voir « l’étoile qui danse » et à rechercher « la grande santé »

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Extraits de : « La sagesse espiègle »   2018   Alexandre Jollien.

Illustrations : 1/ « Allegro »  2/ « Prélude et fugue »  Mikalojus Konstantinas Ciurlionis  1875-1911.

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Faire là paix avec la réalité de notre monde…

BVJ – Plumes d’Anges.

Vœux…

dimanche 30 décembre 2018

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« Je fonce vers l’horizon

Qui s’écarte

Je m’empare du temps

Qui me fuit

J’épouse mes visages

D’enfance

J’adopte mes corps

D’aujourd’hui

Je me grave

Dans mes turbulences

Je pénètre

Mes embellies

Je suis multiple

Je ne suis personne

Je suis d’ailleurs

Je suis d’ici

Sans me hâter

Je m’acclimate

À l’immanence

De la nuit. »

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« Multiple » poème extrait de «Rythmes»  – Andrée Chédid   1920-2011.

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Souhaitons-nous une vie unique et multiple à la fois,

souhaitons-nous de trouver notre juste place dans le monde,

souhaitons-nous d’élever joyeusement et poétiquement nos pensées vers les étoiles,

souhaitons-nous d’incarner ce qui nous tient à cœur,

souhaitons-nous de créer de nouvelles énergies…

Qu’en pensez-vous ?

Très belle année 2019 à toutes et à tous, que vos souhaits soient enchanteurs…

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Illustrations : 1/« Passion »  Kawabata Ryushi  1885-1966  2/« Ibis rouge »  Anna-Maria Sybilla Merian  1647-1717.

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Réenchanter nos existences…

BVJ – Plumes d’Anges.

Fil lumineux…

lundi 3 décembre 2018

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 » …Sur la pointe des pieds

Inspiré, mieux que prophète. Tout d’instinct, mieux qu’illuminé.

Oh rien de tapageur, tout en hydroglisseur, pas de cris, pas de heurts. Ce ne sont que révélations en strates et, du regard jusqu’au cœur, tu récoltes et embaumes le chagrin, la vaillance et cueilles le nectar de l’Homme que tu croises.

Déchiffrer, lire les vibrations, les ondulations, tous les petits mouvements secrets de l’âme, la musique ou le chant enroué de l’enfance aimée ou malmenée. En sourdine toujours, sur la pointe des pieds, tu croises le souffle des mères angoissées, la dure loi des pères contrariés… Et dans l’œil vacillant quelques fois tu déniches la brèche par où les lourds sanglots triomphent des pudeurs.

C’est un talent bien délicat que d’être un traducteur des émotions cachées…

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… Brins de vie

Si notre vie, ses raisons d’être, ne tiennent qu’à un fil, alors au-moins qu’il soit d’or d’argent ou de platine, chaque brin tressé, heure par heure, avec un véritable amour d’orfèvre…

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… Le beau grand Nord

Curieux ces jours non inspirés où flotte la pensée comme un animal mort noyé dans un étang.

J’ai appris à attendre que revienne la vie. C’est plus fort qu’elle, il faut toujours qu’elle repointe son nez après s’être enfouie au plus profond de son terrier.

Là, en bon braconnier, tu la chopes au collet, cette vive belette qui ne supporte pas que l’on puisse entraver ses moindres libertés. Tu ne la lâches plus. Elle se débat, montre les dents, griffes dehors, nerveuse et agitée, ondulant de toute sa colonne vertébrale, puis file droit devant dès que tu la détaches.

Tu n’as plus qu’à la suivre en courant entre les noisetiers, les ronces, les sureaux, les bouleaux et les fraises des bois. Elle t’indiquera, chaque fois, même si tu la perds de vue, heureux et essoufflé, où se trouve le Nord, le beau grand Nord intact de tes désirs retrouvés… »

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Magnifique recueil de « billets » ! L’écriture de cet auteur est fort belle, ses Mots courent au fil des pages poétiquement et puissamment, ils nous ouvrent à un univers précieux et exigeant, simple et profond à la fois.

Un livre de chevet à lire et à relire, un opus à partager et à offrir…

Extraits de : « Des Mots de Contrebande, (Aux inconnus qui comme moi…) » 2018  Alain Cadéo.

Illustrations : 1/ « Champ enneigé au matin »  2/ « Fleur de camélia dans un vieux bol chinois »  John La Farge  1835-1910.

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Tisser le lumineux fil de notre vie…

BVJ – Plumes d’Anges.

Souvenirs heureux…

lundi 26 novembre 2018

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… « L’univers

Du chat

L’autre univers »

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« Le chat ne heurte pas les lois,

Il les contourne »

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« Échappé

Au naufrage cosmique,

Le chat

Fait sa toilette »

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« Comme quoi

Le mystère est apaisant

Quand il se manifeste

Jour après jour

Par le silence »…

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Petits compagnons à l’existence si brève… que de leçons à apprendre de vous !

J’ai eu plusieurs chats dans ma vie dont une Doudou, elle m’accompagnait partout. Son pelage était blanc ombré de gris-beige, ses yeux bleus, elle était d’une infinie douceur… je l’ai aimé de tout mon cœur. Le jour de son départ, curieusement, m’est venu immédiatement à l’esprit « J’ai eu la chance de la rencontrer et de partager dix années avec elle », j’ai éprouvé de la tristesse bien évidemment mais Doudou n’a pas disparu, je la sens toujours très présente en moi.

La vie est étrange, le silence aussi peut nous parler…

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Extraits de : « Mammifères »  Eugène Guillevic   1907-1997.

Illustration : 1/ « Nature morte au chat »  Georg Schrimpf  1889-1938  2/ « Cupidon et Psyché » – détail – François Gérard  1770-1837.

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Entendre le chant du silence…

BVJ – Plumes d’Anges.

Ultimes questions…

jeudi 22 novembre 2018

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« … PERSONNE NE NOUS A DEMANDÉ, ni à vous, ni à moi, ni à aucun être vivant, si nous souhaitions passer quelque chose comme un long week end sur une des huit planètes qui tournent autour de notre Soleil. Vous m’avouerez que c’est violent. Notre vie ne nous appartient pas. Nous ne l’avons ni voulue, ni choisie, ni même acceptée. Elle nous est donnée – ou plutôt prêtée – de force. Elle nous est fourguée en usufruit. Ou peut-être imposée.

Tout est réglé et décidé sans nous. Charmant. Nous ne sommes pour rien dans notre entrée sur la scène de la vie…

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À NOS REGARDS DU MOINS, Dieu est un mystère. Dieu n’a pas d’autre existence que celle que nous nous efforçons de lui prêter. Personne ne l’a jamais vu. Chacun peut s’en passer. Dieu est assez peu probable. Dieu a toutes les apparences d’une illusion consolatrice. Dieu est invraisemblable.

C’est là que se dissimule peut-être une des clés de l’affaire. Dieu est invraisemblable – mais pas beaucoup plus que tous les miracles que nous avons vu défiler sous nos yeux écarquillés : la goutte d’eau, le grain de sable, la poussière minuscule d’où sort tout ce qui existe, la lumière, l’expansion continuelle de l’espèce, le temps dont nous ne savons rien, l’histoire, cette stupeur, la vie, une nécessité peuplée de hasards, pas beaucoup plus invraisemblable que le monde étrange où nous vivons tous les jours et qui nous paraît si évident… »

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Jusqu’à son dernier souffle, Jean d’Ormesson s’est questionné avec joie,

fantaisie et espièglerie.

Ce livre, après « Comme un chant d’espérance » et « Guide des égarés« ,

ferme une trilogie.

Cet homme en perpétuelle effervescence tente une fois encore d’allumer des étoiles

dans le ciel de l’existence.

J’ai senti son œil bleu pétillant d’intelligence et son sourire malicieux m’accompagner

tout au long de cette lecture,  merci à ce grand Monsieur,

pour ce dernier cadeau,

un très beau cadeau, une belle plume !

Extraits de : « Un hosanna sans fin »  2018  Jean d’Ormesson.

Illustration :  « Constellations et signes du zodiaque »     Francesco Bottucini  1446-1498.

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Allumer des étoiles jusqu’à notre dernière heure…

BVJ – Plumes d’Anges.

Nous le pouvons…

lundi 19 novembre 2018

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« … Si vous pensez que vous ne le pouvez pas, c’est que vous ne le pouvez pas. Si vous pensez que vous le pouvez , vous vous en sortirez toujours. Quand on réfléchit ainsi, le monde est tout simple. Quand j’ai ouvert mon cours de calligraphie occidentale, pensez-vous qu’il y avait des gens pour apprendre ? Ils n’arrivaient même pas à prononcer le mot. J’ai tout entendu : cauliflower, Gulliver, calcium, vous savez. Et vingt ans plus tard, c’est cette même calligraphie qui me permet de vivre. Personne ne me fait de reproches, je ne dérange personne et je me nourris. Et j’ai commencé en faisant venir une plume et une bouteille d’encre de l’étranger. En continuant ainsi comme un prolongement de votre passe-temps et un moyen d’avoir de l’argent de poche, vous aurez beau continuer longtemps, vous ne progresserez pas. Vous n’avez pas envie de creuser un peu plus le monde des lettres ? Vous avez vu n’est-ce-pas les magnifiques manuscrits du Moyen Age au British Museum ? Qu’il s’agisse de poèmes, de drames ou d’écrits religieux, il y a des tas d’univers à fouiller. Vous n’avez pas de temps à perdre. On n’est conscient que d’une infime partie de ses propres capacités. Tout au fond se cache en réalité une capacité démultipliée, vous savez. Alors il faut être courageux et se dresser devant le champ de l’inconscient… »

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Un livre qui parle de solitude, de musique, de poésie, de belle nature, de rêve… Un passage de vie, un passage mélancolique, un passage de rencontres qui aident à passer un moment d’épreuve. Il nous faut avancer, évoluer, créer, pour cela nous devons croire en nous et en nos richesses intérieures. Une grande beauté dans ce roman même si ce n’est pas mon préféré chez cette auteure.

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Extrait de : « Les tendres plaintes » 2010  Yôko Ogawa.

Illustrations : 1/« La cage »  Berthe Morisot  1841-1895  2/« Nénuphar au soleil »  John La Farge  1835-1910.

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Faire croître nos richesses intérieures…

BVJ – Plumes d’Anges.

Liberté d’expression…

jeudi 15 novembre 2018

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« … si tu devais donner juste une raison, intuitivement, de pourquoi Charlie ; tu dirais laquelle ? Pourquoi ça concernait tout le monde ? Oui. Liberté d’expression. C’est n’importe quoi je dis, il y a eu dix cas précédents qui auraient du être beaucoup plus fédérateurs. Par exemple ? Hrank Dink. Qui ? Je n’arrive même pas à prononcer correctement son nom. Hrank Dink, le créateur du premier journal bilingue turc-arménien Agos, charismatique et infatigable promoteur de la paix, assassiné par un nationaliste en pleine rue à Istanbul en 2007. Tout le monde connait Hrank ici, on l’appelle simplement par ce prénom qui m’est si difficilement articulable. Il aurait pu devenir un symbole universel, non ? Pourquoi à ce moment-là, le monde entier ne s’est-il pas levé pour la liberté d’expression…

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j’en profite pour poser des questions basiques ; que signifie le nom du journal, Agos. Jean fait le geste de semer des graines par poignées. Agos, c’est Le Sillon. C’était un mot partagé par les Turcs et les Arméniens ; en tous cas par les paysans, à l’époque où ils cohabitaient…

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… D’après la traductrice Dominique Eddé, Hrank aborde son lecteur non comme une personne qu’il lui faut convaincre, mais comme deux personnes en désaccord qu’il cherche à rapprocher…

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… Même si bien sûr nous sommes solidaires de nos confrères qui sont dans le viseur me dit prudemment Danzikyan, sans aller plus loin. Je sais que Hrank n’aurait pas eu cette prudence, lui qui disait que « la présence et l’initiative sont d’autant plus nécessaires qu’il y a absence de dialogue ; si nous existons, c’est aujourd’hui qu’il nous faut être là » – mais Hrank est mort et personne ne veut plus mourir à sa place. 

« Le sacro-saint dialogue promu ces dix dernières années est extrêmement sournois, corrige Ece Temelkuran, qui a retenu la leçon. » (…) » J’essaie d’être celle qui raconte l’histoire, sans prendre partie, mais dans son intégralité. Car si vous la racontez d’un seul point de vue, vous n’entendez plus l’autre et, plus grave, il ne vous entend plus. »… »

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C’est un livre très fort, qui pose de vrais questions, l’auteure me semble avoir une belle personnalité ainsi qu’une grande maturité. Dans cette histoire, on navigue entre deux rives, l’Europe et l’Asie et entre deux genres, le roman et l’enquête journalistique. Valérie Manteau nous fait prendre conscience de notre ignorance quant à ce qui se passe dès les portes de l’Europe. Il nous faut aller chercher l’information, prendre du recul, la croiser avec d’autres sources et ne pas se satisfaire de ce que la plupart des journaux, radios et télévisions nous servent…

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Extraits de : « Le Sillon »  2018  Valérie Manteau.

Illustrations :1/ »Colombe  » Joseph Grawhall  1861-1913  2/ « Plantes »  – détail du tableau Saint Jérome à l’étude – Antonello da Messina  1430-1479.

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Préserver la si importante et si fragile liberté d’expression…

BVJ – Plumes d’Anges.

Coïncidences…

jeudi 8 novembre 2018

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« … Le moineau de Chine a les yeux tout noirs. Les paupières sont bordées d’une fine ligne d’un rose tendre, comme si on avait cousu un fil de soie. À chaque battement de paupières, les deux fils se rejoignent aussitôt pour n’en former qu’un. Mais déjà, l’œil s’arrondit de nouveau. À peine avais-je sorti la cage, l’oiseau a mis la tête de côté et ses yeux noirs se sont tournés vers moi pour la première fois. Puis, il a pépié doucement…

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… L’oiseau a remué deux ou trois fois sa tête ronde. Peu après, la petite masse blanche a quitté le perchoir. À peine un battement d’ailes, et les ongles de ses pattes délicates se sont accrochés au rebord de la mangeoire. Le minuscule récipient qui pourtant semblait près de se renverser sous mon petit doigt était aussi immobile que la cloche d’un temple, c’est dire à quel point le moineau de Chine est léger. J’ai cru voir voltiger devant moi l’âme d’un flocon de neige…

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Un jour, tandis que j’étais dans mon bureau, occupé comme d’habitude à confier au papier des choses mélancoliques, un bruit étrange est parvenu à mon oreille. La véranda bruissait. On aurait d’abord pu croire qu’une femme avançait en retenant le bas de son kimono de soie, mais le froissement de l’étoffe sur le plancher était par trop vif pour un simple bas de robe. J’ai alors comparé ce bruit au crissement des plis de l’ample pantalon que porte le chambellan, lors de la fête des Poupées, évoquant le glissement de la soie sur les marches du palais fictif. Laissant mon roman, je suis sorti sous la véranda, le stylo entre les doigts : le moineau de Chine prenait son bain.

L’eau venait d’être changée. L’oiseau avait plongé ses fines pattes délicates au milieu de la petite baignoire et il enfonçait son plumage dans l’eau jusqu’au jabot. De temps à autre, il déployait ses ailes blanches, se penchait légèrement comme pour s’accroupir, appuyait son ventre sur l’eau, et il secouait d’un seul mouvement son plumage. Puis, il s’est posé avec douceur sur le bord du récipient. Au bout d’un moment, il a de nouveau plongé. Le diamètre du bassin ne dépassait pas deux pouces. Quand il avait plongé, sa queue dépassait, sa tête dépassait, son dos aussi naturellement. Seules les pattes et la poitrine étaient dans l’eau, ce qui ne l’empêchait pas de faire ses ablutions, méticuleusement… ».

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Dehors le temps était à la pluie… ces nouvelles de Sôseki m’ont enchantée,

j’ai particulièrement apprécié les lignes concernant ce moineau à la triste destinée…

Quel ne fut pas mon étonnement le lendemain quand un ami m’envoya ce petit film,

ce —> bain d’oiseau,

quelle coïncidence tout de même !

Remarquez-vous, vous aussi, dans votre vie, ces étonnants hasards ?

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Extraits de : « Une journée de début d’automne »  Natsume Sôseki  1865 – 1915.

Illustrations : 1/ »Rose »  2/« Moineau friquet »  Kawahara Keiga  1786-1860.

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Noter les coïncidences, elles ont peut-être quelque chose à nous apprendre…

BVJ – Plumes d’Anges.

Temps des métamorphoses…

lundi 5 novembre 2018

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« … Notre corps, comme les états de conscience ou les différents climats qui l’habitent, peut être une idole ou un icône.

Le corps idole, c’est le corps dans lequel la Vie est arrêtée, identifiée aux organes et à la forme dans laquelle elle se manifeste. Elle devient alors un « objectif », un objet de consommation, de séduction et de possession.

Le corps icône, c’est le corps dans lequel la Vie n’est pas arrêtée, enfermée dans sa représentation ; elle se donne à travers cette forme, mais cette forme n’est jamais considérée comme étant le but du désir, de la dévotion ou de l’intellection. C’est la Vie elle-même qui est désirée, connue et aimée à travers ce corps ou cet univers…

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… Étudie, pense, réfléchis, médite, toi qui as un cerveau aux multiples facettes et facultés, la conscience est Une, ne te contente pas de compter, d’analyser et de faire des synthèses, prends le temps de méditer, de contempler le Réel qui est là, présent. La Conscience dans laquelle mille et une choses t’apparaissent. « Ephata, ouvre-toi », ne t’arrête pas dans le connu, ne te satisfais pas de tes petits repères ou explications, laisse-toi porter par la question toujours plus loin, toujours plus proche de la Conscience qui anime ton cerveau et par qui toutes choses sont…

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Viens, vois, écoute, va… »

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Un petit livre lumineux, qui demande peut-être plusieurs lectures pour en saisir le sens profond.

S’appuyant sur des écrits anciens, l’auteur tente d’éclairer notre chemin sous d’autres angles. Je ne me sens pas « religieuse » du tout, les religions sont, il me semble, des histoires d’hommes et de pouvoir. En revanche certains textes interpellent, ils parlent de spiritualité et nous interrogent sur de belles questions existentielles. J’aime infiniment ce « Viens, vois, écoute, va… »…

Extraits de : « Les portes de la transfiguration «   2018  Jean-Yves Leloup.

Illustrations : 1/« Soucis »   Koloman Moser 1868-1918   2/« Coucher de soleil sur un lac »  J.M.William Turner  1775-1851.

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Ne pas rester dans le connu…

BVJ – Plumes d’Anges.