Cymbalisation…

12 juin 2014

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Chant estival…


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« … (La garrigue) C’est une bibliothèque merveilleuse, admirablement montée,

ouverte aux poètes jour et nuit, et desservie par de petits bibliothécaires à

cymbales qui font de la musique tout le temps… »

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Extrait de : « Les Lettres de mon moulin-La mule du pape »  Alphonse Daudet 1840-1897.

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LES CIGALES :

ELLES CHANTENT DÉJÀ ,

POUR NOTRE JOIE ET NOTRE PLAISIR.

ELLES VIENNENT NOUS DIRE DE NOUS DÉTENDRE,

D’APPRÉCIER LES PETITS BONHEURS QUOTIDIENS

ET DE NOUS LAISSER PORTER PAR LA MUSIQUE DE LA VIE !

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Illustrations : 1/« Cigale »  Omoda Seiju 1891-1933  2/« À la plage »  Fujiki Ako 1896-1943.

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Ressentir la musique des vacances…

BVJ – Plumes d’Anges.

Fragilité…

9 juin 2014

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« … Nous aurions besoin d’une parole calme, rassérénée, à notre portée, qui ne se réclamerait d’aucune révélation divine ou humaine, d’aucun peuple, d’aucun parti, qui ne se réfugierait ni dans les méandres obscurs d’un jargon ni dans la jungle d’un prétendu savoir.

Une partie de notre malheur est là : ceux qui nous parlent nous disent que nous ne savons pas et qu’ils vont nous instruire, que nous nous sommes égarés et qu’ils vont nous remettre dans le seul vrai chemin, celui précisément qu’ils suivent. Des dynasties de penseurs et de philosophes se succèdent à la manière des dynasties royales, avec pour seul souci, dirait-on, de recueillir les héritages, de rappeler les références et de maintenir sur le trône la même lignée de concepts.

Or cette philosophie contemporaine, si brillante qu’elle soit quelquefois, s’est entièrement soumise à l’évènement, au lieu de continuer à le voir de loin. Notre contact avec les évènements de cette planète est aujourd’hui si obsédant, si contraignant, que c’est la réalité, l’actualité qui façonne aujourd’hui la pensée. Comme cette actualité est déconcertante, inquiétante, sujette à des sursauts, à des explosions soudaines, à des calmes lents, ainsi la pensée contemporaine est sautillante et discontinue. Elle s’efforce en vain de coller chaque jour à l’incohérence du monde, elle croit que toute action peut être analysée et classée sur-le-champ. Elle s’aventure avec imprudence sur le terrain des journalistes, ou des politiques, qui eux sont tenus d’être en permanence à l’ordre du jour.

Et elle se trompe, évidemment. Elle se fourvoie, elle s’égare. L’actualité à laquelle elle s’est soumise s’empresse de la contredire. Alors elle s’agace et se contredit à son tour. Elle fait des écarts, des ruades, qui la jette dans le discrédit. Elle se croyait maîtresse de la classe, mais toutes les mains se lèvent pour l’interrompre, toutes les voix lui crient qu’elle se trompe. À regret, nous perdons confiance en elle et nous n’écoutons plus cette parole déréglée.

Alors que nous aurions besoin d’une voix simple et tranquille qui nous dirait : « Je n’en sais pas plus que vous, je n’ai aucune lumière particulière à vous apporter, je n’ai aucune religion, aucun régime providentiel à vous offrir, mais j’ai vécu une autre vie que la vôtre, j’ai connu ceci ou cela, j’ai essayé de voir les choses sous différents angles et nous pourrions ensemble, si vous le voulez bien, faire un bout de voyage. »

Une voix qui nous dirait : « J’ai des choses à apprendre de vous. »

Une voix qui nous proposerait un échange de questions au lieu de nous vendre, au prix fort, tout un chapelet de réponses…

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… Si l’héroïsme triomphant nous éloigne les uns des autres, car il n’y a pas place pour deux sur un pavois, la fragilité que nous partageons nous rapproche. Elle peut alors devenir la source des sentiments les plus actifs et les plus louables, la compassion, le don de soi, le respect que nous éprouvons pour toutes les faiblesses de l’autre, où nous reconnaissons les nôtres…

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… Chacun de nous, à son gré, selon ses émotions, peut se donner ses propres règles, ordonner les gestes de sa vie à sa guise, au risque de passer parfois pour un original ou pour un maniaque. Il peut même se constituer un terrain « sacré », choisir un lieu où il viendra se recueillir, se retremper ou, ainsi qu’on le dit, « se changer les idées », comme dans un vestiaire de l’esprit.

Nous avons peut-être un vrai besoin de ces endroits-là. Je rends de temps en temps visite à une source dont j’écoute longuement la musique. Quelquefois, l’été, elle se tarit et je m’inquiète. Quand il pleut, je pense à elle… »

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Extraits de : « Fragilité » 2006  Jean-Claude Carrière.

Aquarelles : 1/« Garçons et chaton »  Winslow Homer 1836-1910  2/« Paysage de rivière »  Anders Zorn 1860-1920.

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Il me semble que, peut-être…

BVJ – Plumes d’Anges.

Gâteau mythique…

5 juin 2014

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Est-ce l’approche de l’été,

est-ce l’appel des petites robes légères,

est-ce ma gourmandise ?

Je ne saurais le dire…

peut-être une simple envie de me laisser aller aux bonnes choses,

c’est une première piste, vous me suivez ?

Figurez-vous que monsieur Plumes se met de plus en plus « aux fourneaux ».

N’ayant pas des décennies de labeur dans ce domaine,

il avance tout à son intuition et à ses désirs.

Autant vous dire que je suis en émerveillement,

mes papilles en tremblent de contentement

et les résultats valent le détour !

J’ai de la chance, j’en ai conscience et je remercie chaque jour ciel et terre !

Le « Chef »

(remarquez tout de même mes guillemets, je ne suis adepte d’aucun titre d’autorité !)

s’est essayé à l’art d’un doux dessert :

la  Tarte Tropézienne (Histoire –>ICI).

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TARTE TROPÉZIENNE

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Ingrédients :

– Brioche : 15 g de levure fraîche de boulanger, 45 g de lait, 300 g de farine, 3 œufs, 120 g de beurre mou, 1 jaune d’œuf, 20 g de sucre en poudre, 45 g de sucre en grains, 2 c. à soupe de sucre glace, beurre pour le moule, 1 pincée de sel.

– Crème : 25 cl de lait, 3 jaunes d’œufs, 25 g de Maïzena, 30 cl de crème liquide entière, 90 g de sucre en poudre, 2 feuilles de gélatine (4 g), 1 gousse de vanille, 1 à 2 c. à café d’eau de fleur d’oranger.

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Réalisation :

– Brioche : Diluer la levure dans le lait tiède, mélanger avec la farine, le sucre en poudre, les œufs et le sel, travailler  jusqu’à obtention d’une pâte homogène. Incorporer alors le beurre en pommade (il ne doit surtout pas être fondu).

Former une boule, recouvrir d’un torchon et laisser reposer 1 heure environ, jusqu’à ce que la pâte ait doublé de volume.

Puis chasser l’air contenu dans celle-ci en y enfonçant le poing et en rabattant deux ou trois fois rapidement. La verser dans un cercle à pâtisser de 20 cm de diamètre, beurré et posé sur une plaque à four couverte de papier sulfurisé. Bien étaler cette pâte à l’intérieur du cercle, couvrir à nouveau avec un torchon et laisser lever 1 heure.

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– Crème : Faire tremper la gélatine dans un bol d’eau bien froide. Chauffer le lait. Dans un saladier, verser les jaunes d’œufs, le sucre en poudre et la maïzena, fouetter pour que le mélange blanchisse et que la crème devienne onctueuse. Ajouter le lait chaud en filet sur la crème, tout en fouettant. Transférer le tout dans la casserole et faire épaissir sur feu  doux en remuant régulièrement. Transvaser la crème dans un petit saladier.

Égoutter la gélatine, l’ajouter à la crème, verser l’eau de fleur d’oranger  avec les graines de la gousse de vanille, bien fouetter. Filmer et mettre au frais 30 minutes environ. Battre la crème liquide en chantilly bien ferme, en incorporer 1/3, fouetter et incorporer délicatement les 2/3 restants.

Préchauffer le four à 180°. Reprendre la brioche, retirer délicatement le cercle à pâtisser. Mélanger dans un bol le jaune d’œuf  avec 1 c.à café d’eau.  En badigeonner la brioche au pinceau, parsemer la surface de grains de sucre, enfourner 30 minutes environ, laisser refroidir.

Couper la brioche en deux dans l’épaisseur, quand elle est bien froide  étaler la crème en une couche épaisse, poser délicatement le chapeau, mettre au frais pendant au moins une heure. Parsemer d’un voile de sucre glace.

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Je ne peux que témoigner de la RÉUSSITE  et  de la PATIENCE du maître d’œuvre,

BRAVO et MERCI !!!

Recette trouvée sur le Web.

Tissu Vichy – Pinterest ?

Photos BVJ.

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Savourer un certain « art de vivre »…

BVJ – Plumes d’Anges.


Belle nature…

2 juin 2014

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« Somnolent au printemps sans s’éveiller à l’aube

Partout s’entend le chant des oiseaux

La nuit, vient le bruit du vent et de la pluie

Qui sait combien de fleurs sont tombées ? »

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FANTASTIQUES VISAGES DE LA VIE !

« Aurore printanière »  Meng Hao Jan 689-740

Photos BVJ –Presqu’île de Giens dans le Var.

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Nourrir son âme entre terre et mer…

BVJ – Plumes d’Anges.


Correspondances…

30 mai 2014

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« … Cher Dieu.

Merci d’être venu…

J’ai compris que tu étais là. Que tu me disais ton secret : Regarde chaque jour le monde comme si c’était la première fois. Alors j’ai suivi ton conseil et je me suis appliqué. La première fois. Je contemplais la lumière, les couleurs, les arbres, les oiseaux, les animaux. Je sentais l’air passer dans mes narines et me faire respirer. J’entendais les voix qui montaient dans le couloir comme dans la voûte d’une cathédrale. Je me trouvais vivant. Je frissonnais de pure joie. Le bonheur d’exister. J’étais émerveillé. Merci, Dieu, d’avoir fait ça pour moi. J’avais l’impression que tu me prenais par la main et que tu m’emmenais au cœur du mystère contempler le mystère. Merci…

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… Cher Dieu…

J’ai essayé d’expliquer à mes parents que la vie, c’était un drôle de cadeau. Au départ, on le surestime, ce cadeau : on croit avoir reçu la vie éternelle. Après, on le sous-estime, on le trouve pourri, trop court, on serait presque prêt à le jeter. Enfin, on se rend compte que ce n’était pas un cadeau mais juste un prêt. Alors on essaie de le mériter. Mais moi qui ai cent ans, je sais de quoi je parle. Plus on vieillit, plus faut faire de preuve de goût pour apprécier la vie. On doit devenir raffiné, artiste… »

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Extrait de : « Oscar et la dame rose » 2002   Eric-Emmanuel Schmitt.

Illustrations : 1/« Bajirao Mastani » Peinture Moghole XVIIIème  2/Illustration du livre « Was soll ich werden » Lothar Meggendorfer 1847-1925.

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Demander pour être entendu…

BVJ – Plumes d’Anges.

Va…

28 mai 2014

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« Va devant toi et si le monde que tu cherches n’existe pas,

il jaillira tout exprès de l’onde pour justifier ton audace. »

Friedrich von Schiller 1759-1805.

Illustration : « Globes terrestre et céleste »  Tobias Conrad Lotter 1717-1777

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Vers où aller ? Vers le rêve et la poésie, ils seront sources d’inspiration…


BVJ – Plumes d’Anges.

Prodige…

26 mai 2014

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« … Est-il temps de lancer ma barque ? Les languissantes heures s’écoulent sur la plage – hélas pour moi !

Le printemps a donné sa floraison puis dit adieu. Et maintenant, chargé de vaines fleurs fanées, j’attends et je m’attarde.

Les vagues sont devenues bruyantes ; au delà de la berge, dans le sentier plein d’ombre, les feuilles jeunes palpitent et tombent.

Quelle absence contemples-tu ? Ne sens-tu pas un frémissement traverser l’air, avec le chant lointain qui monte et fuit l’autre plage ?…

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… Là où l’esprit est sans crainte et où la tête est haut portée ;

Là où la connaissance est libre ;

Là où le monde n’a pas été morcelé entre d’étroites parois mitoyennes ;

Là où les mots émanent des profondeurs de la sincérité ;

Là où l’effort infatigué tend les bras vers la perfection ;

Là où le clair courant de la raison ne s’est pas mortellement égaré dans l’aride et morne désert de la coutume ;

Là où l’esprit guidé par toi s’avance dans l’élargissement continu de la pensée et de l’action –

Dans ce paradis de liberté, mon Père, permets que ma patrie s’éveille… »

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Extraits de : « L’offrande lyrique (21 et 35) »  Rabindranath Tagore 1861-1941.

Tableaux : 1/« Pêcheurs en barque sur une mer calme »  Anton Laurids Johannes Dorph 1831-1914  2/« Coucher de soleil dans un fjord »  Peder Mork Monsted 1859-1941.

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Se réveiller, laisser la lumière inonder notre cœur et notre esprit…

BVJ – Plumes d’Anges.

Note joyeuse…

23 mai 2014

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« … Le Prince Zaphir était si bon et si tendre que jamais il ne blessait de chose vivante. S’il voyait un ver ramper sur la route devant lui, il l’enjambait avec précaution pour ne pas lui faire de mal. S’il voyait une mouche qui était tombée à l’eau, il l’en sortait avec tendresse et la renvoyait dans l’air glorieux et lumineux, de nouveau libre de ses ailes ; il était si gentil que tous les animaux qui l’avaient déjà vu le reconnaissaient ensuite, et lorsqu’il allait dans le bois s’asseoir à sa place préférée, de toutes les choses vivantes une joyeuse rumeur montait jusqu’à lui. Ces insectes brillants, dont les couleurs changent d’une heure à l’autre, se paraient de leurs couleurs les plus étincelantes et se chauffaient aux rayons lumineux qui tombaient entre les branches des arbres. Les insectes bruyants mettaient leur cache-nez pour ne pas les déranger ; et les petits oiseaux qui se reposaient sur les arbres ouvraient leurs yeux ronds et brillants, sortaient dans la lumière, clignotaient des paupières, faisaient des clins d’œil et pépiaient leurs petites chansons de bienvenue avec les notes les plus douces.

Il en va toujours de même avec les personnes tendres et aimantes ; les choses vivantes qui ont des voix aussi douces que celles des hommes et des femmes, et qui ont leurs propres langages, bien que nous ne puissions pas les comprendre, toutes s’adressent à elles avec des notes joyeuses et leur souhaitent la bienvenue avec leurs propres et jolies façons…

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… Les enfants qui voudraient devenir des hommes bons et grands, ou des femmes bonnes et nobles, devraient essayer de bien connaître tous ceux qu’ils rencontrent. Alors ils se rendraient compte qu’il n’est personne qui n’ait en soi beaucoup de qualités ; et quand ils verraient quelque grande sottise, ou quelque méchanceté, ou quelque couardise, ou quelque défaut, ou quelque faiblesse chez une autre personne, ils devraient soigneusement s’examiner eux-mêmes. Ils verraient alors qu’eux aussi peut-être souffrent du même défaut qu’ils devraient chercher à vaincre – même si celui-ci ne se manifeste pas forcément d’une manière semblable. Ainsi ils deviendraient meilleurs tout en grandissant… »

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AH ! LES MAMANS, LES ENFANTS…

UNE VIEILLE ET BELLE HISTOIRE À ÉCRIRE ET RÉÉCRIRE SANS CESSE…

BONNE FÊTE À TOUTES LES MAMANS,

QU’UNE NOTE JOYEUSE ILLUMINE LEUR CŒUR !


Extrait de : « Au-delà du crépuscule – Le Prince à la rose (Nouvelle) » Bram Stoker 1847-1912.

Illustrations : 1/« Illustration d’un conte de fée de H.C.Andersen William Heath Robinson 1872-1944  2/« Fleurs de pois »  Edward Poynter 1836-1919.

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Devenir meilleur en grandissant…

BVJ – Plumes d’Anges.

Hymne à la paix…

21 mai 2014

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« … « Croire quand même,

Espérer quand même,

Aimer quand même. »…

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… Il est en vérité tout à fait scandaleux d’avoir à constater qu’en l’an de grâce 1991, des hommes qui se prétendent pourtant « civilisés » n’aient pas encore su trouver d’autres remèdes aux conflits entre peuples que la violence et la guerre, procédés dont une expérience multiséculaire aurait dû, depuis longtemps, nous révéler l’inefficacité. Avec leur dicton Si vis pacem, para bellum, les pauvres Romains ont, en réalité, fait la guerre pendant deux siècles et demi.

La véritable maxime, celle que les hommes devront adopter demain, s’ils ne veulent pas risquer de disparaître, est : Si vis pacem, para pacem

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… Ma récente réponse à un plaisant me demandant ce que je ferais si j’étais président de la République devait être la suivante :

– je commencerais par remplacer le ministère de la Guerre, dit de la « Défense », par un ministère de la Paix ;

– je déclarerais solennellement la paix au monde ;

– je ferais activement travailler à la reconversion des industries d’armement, de façon que le mot « désarmement », qui n’évoque jusqu’ici que des possibilités lointaines et sans cesse volontairement reculées, finisse par devenir rapidement une réalité effective.

Comment imaginer qu’un pays se disant foncièrement pacifique puisse tolérer que son hymne national possède un refrain à la fois raciste et sanguinaire ? Il y aurait donc, comme on le fait chanter aux bambins de nos écoles, un sang « impur » dont il serait nécessaire d' »abreuver nos sillons » ? Bel idéal évidemment de fraternité universelle ! …

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… La symphonie n’est-elle pas faite de la variété des instruments, comme l’harmonie du tableau des polychromies de la palette ? La beauté et la richesse d’un ensemble ne reposent-ils pas sur une juxtaposition, sur une mise en commun d’objets discrets, séparés mais rapprochés dans un même concert et jouant « à l’unisson » ?…

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… Soyez réalistes ;

demandez l’impossible !… »

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Extraits de : « Et si l’aventure humaine devait échouer »  Théodore Monod 1902-2000.

Tableaux : 1/« Musicien »  Christian Wilhelm Steendorff 1807-1904   2/ »Jeune femme au piano »  François Gauzi XXème .

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Les mots de paix attirent la paix, les mots d’amour attirent l’amour…

BVJ – Plumes d’Anges.

Interdépendance…

18 mai 2014

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« Si vous êtes poète, vous verrez clairement un nuage flotter dans cette feuille de papier. Sans nuage, il n’y aurait pas de pluie ; sans pluie, les arbres ne pousseraient pas ; et sans arbre, nous ne pourrions pas faire de papier. Le nuage est essentiel pour que le papier soit ici devant nous. Sans le nuage, pas de feuille de papier. Ainsi, il est possible de dire que le nuage et la feuille de papier « inter-sont ». Le mot « inter-être » ne figure pas encore dans le dictionnaire, mais en combinant le préfixe « inter » et le verbe »être », nous obtenons un nouveau verbe, inter-être. Sans nuage, nous n’aurions pas de papier ; nous pouvons donc dire que le nuage et la feuille de papier inter-sont.

En regardant encore plus en profondeur dans cette feuille de papier, nous y voyons aussi le soleil. Sans soleil, la forêt ne pourrait pousser. En fait, rien ne pourrait pousser, nous ne pourrions nous développer. Par conséquent, nous percevons aussi la présence du soleil dans cette feuille de papier. Le papier et le soleil inter-sont.

En continuant d’observer, nous découvrons également le bûcheron qui a coupé l’arbre et l’a amené à la fabrique de papier. Et nous voyons aussi le blé : nous savons que cet homme n’aurait pu vivre sans son pain quotidien. C’est pourquoi le blé qui a servi à la confection du pain dont s’est nourri le bûcheron, est présent dans cette feuille de papier. Et le père et la mère du bûcheron y sont également. Si nous observons de cette manière, nous remarquons que, sans tous ces éléments, cette feuille de papier ne pourrait exister.

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En examinant encore plus profondément, nous y découvrons aussi notre présence. Ce n’est pas difficile à voir : lorsque nous regardons cette feuille, celle-ci fait partie de notre perception. Votre esprit s’y trouve et le mien aussi. Par conséquent, nous pouvons dire que tout est présent dans cette feuille de papier. Il vous sera impossible de me montrer une seule chose qui n’y soit pas – le temps, l’espace, la terre, la pluie, les minéraux du sol, le soleil, le nuage, la rivière, la chaleur… Tout coexiste avec cette feuille de papier. Voilà pourquoi je pense que le mot « inter-être » devrait être dans le dictionnaire. « Être, c’est inter-être ». Vous ne pouvez pas « être » simplement par vous-même. Vous devez forcément inter-être avec toutes les autres choses. Cette feuille de papier est parce que tout le reste est.

Supposez que nous essayions de retourner un seul de ces éléments à sa source. Supposez que nous renvoyions sa lumière au soleil. Pensez-vous que l’existence de cette feuille de papier soit alors possible ? Non, sans la lumière du soleil, rien ne peut exister. Si nous retournions le bûcheron à sa mère, nous n’aurions pas non plus de papier. Le fait est que cette feuille est uniquement constituée d’éléments « non-papier », et que, si nous retournions ces éléments « non-papier » à leurs sources respectives, il n’y aurait alors plus de papier du tout. Sans ces éléments « non-papier », tels que l’esprit, le bûcheron, la lumière du soleil, etc., il n’y a plus de papier. Aussi fine que soit cette feuille, elle contient en elle-même tout l’univers. »

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Extrait de : « Le cœur de la compréhension » Éditions Village des pruniers Thich Nhat Hanh.

Illustrations sur papier : 1/« Trompe l’œil » (aquarelle)  Anonyme italien XIXème  2/ et 3/« Arbre à laque – Feuilles et fleurs »  Nathaniel Wallich 1791-1878.

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Veiller à l’équilibre du tout…

BVJ – Plumes d’Anges.