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« … Le monde est une construction transitoire. Il naît de nos actes. Nos mains, notre esprit lui confèrent, jour après jour, sa consistance et ses contours, ses permanences, son devenir.
Son sens, s’il est sujet à varier, c’est parce que, pour peu de temps, encore, nous sommes divers, tributaires d’un passé distinct, porteurs de dispositions à la fois spéciales et génériques, élaborées au creuset des États-nations qui se formèrent au seuil des Temps Modernes. Il se peut que la mondialisation engendre bientôt un homme global, hédoniste et calculateur, surinformé, cosmopolite, interchangeable, affranchi des vieilles attaches qu’on avait avec un lieu, des proches, une patrie, lavé des particularités archaïques qui faisaient la diversité de l’espèce.
L’anthropologie, bientôt, sera sans objet, l’histoire, celle des groupes industriels et financiers aux prises pour la domination du marché, le destin des peuples, un simple compte d’exploitation. Nous sommes à la veille d’une ère planétaire qui verra les standards néo-libéraux supplanter l’infinie bigarrure des civilisations accrochées, comme les plantes, les roches, les bêtes, à un repli de la terre où elles avaient fleuri et fructifié. Un style international en matière de production, d’urbanisme , de langage, de consommation est en passe de gagner l’œkoumène. L’anthropologue Marc Augé a repéré, dès le début des années quatre-vingt, l’émergence du « non-lieu » contemporain, grandes surfaces entourées de leur parking, coiffées de sigles en lettres géantes, lumineuses, clignotantes, des firmes de la bouffe et des fringues, de la bagnole et de l’électronique grand public, immeubles de bureaux en verre fumé et aluminium brossé, à moquette beige, ordinateur et plante en pot, barres et tours, voies rapides ceinturées de glissières en acier zingué, guichets automatiques sous caméra de surveillance, éclairage permanent, musique d’ambiance, air conditionné, voix truquées d’aéroport, dépersonnalisation généralisée de la société de masse… »
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NON NON ET NON, IL NOUS FAUDRAIT DE L’ESPÉRANCE EN UN AUTRE MONDE !!!
Si, sur notre terre ne vivaient qu’une variété de plantes,
qu’une variété d’arbres,
qu’une race d’animaux…
notre vie aurait-elle encore du sens et de l’intérêt ?
Le propre de la vie n’est-il pas au contraire de créer
et de fleurir dans la plus grande diversité possible ?
Réveillons le monde, il sommeille dans un drôle de rêve…
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Extrait de : « Les restes du monde » 2010 Pierre Bergounioux et Joël Leick.
Illustrations : 1/« Cage et oiseau » 2/« L’homme volant moderne » Illustrations anonymes du XIXème siècle.
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Réveiller le monde…
BVJ – Plumes d’Anges.