Mois de nagori…

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C’est un entre-deux, entre chaleur du passé et froid du futur,

doux moment perché sur le fléau de la Balance…

La lumière baisse et devient insuffisante pour la production de chlorophylle.

Le soleil semble choir, les feuilles des arbres l’imitent.

Cela s’appelle l’automne.

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– « Eau tonne », une région de France vient de la vivre dans sa chair,

une immense douleur. –

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Ici se vit une expérience.

Ici est une ancienne mer,

le royaume des ocres, où des jaunes, des orangés, des rouges incroyables

sculptent un paysage irréel

et répondent à des verts d’une intensité inégalée.

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L’imaginaire vagabonde et se pose sur d’autres sphères,

bulles de couleurs qui vibrent haut et fort, une sorte de printemps et d’été en automne.

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Les tonalités évoquent la chaleur estivale.

On se sent nostalgique, les japonais nomment cette émotion nagori,

littéralement, « reste des vagues ».

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Dans la cérémonie du thé, voyage par excellence,

octobre est appelé « mois de nagori » nous dit l’auteure Ryoko Sekiguchi.

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« … Les japonais entretiennent avec les saisons une relation particulière (…) Ce n’est pas seulement l’année avec son tour des quatre saisons, qui est comparée à la durée d’une vie humaine ; chaque saison contient une vie entière, traversée par différents êtres vivants, chacun doté d’une vie propre…

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Ainsi, il existe trois termes différents pour décrire l’état de saisonnalité d’un aliment : hashiri, sakari et nagori. Ils désignent l’équivalent de « primeur », de « pleine saison », et le dernier, nagori, de l’arrière-saison, « la nostalgie de la saison qui vient de nous quitter »…

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… (…) Dans la cérémonie du thé, il y a un rituel concret appelé nagori no cha, « le thé de nagori » : c’est la cérémonie organisée en automne, avec les restes du thé de l’année précédente. On boit le thé nouveau à partir de novembre. Nagori no cha est donc la fin du thé de l’année courante dans le cycle du thé, avant d’ouvrir une nouvelle année avec le thé frais…

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… (…) Dans nagori, attachement, nostalgie et temporalités se mêlent. 

Nagori évoque à la fois une nostalgie de notre part, pour une chose qui nous quitte ou que nous quittons, et la notion de quelque chose qui décale légèrement la saison, comme si cette chose même (par exemple des fleurs, la neige) ne quittait qu’à regret ce monde, et la saison qui est la sienne… »

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Étonnant petit livre sur le goût qui relate de courtes histoires.

On le lit, on le relit avec délectation, le propos est délicat, poétique,

un tantinet nostalgique.

C’est un entre deux mondes qui y est décrit et cette émotion

je l’ai ressentie sur le sentier des ocres.

J’ai bien vu que l’on vivait en ce moment un changement total de paysage,

souhaitons qu’une belle lumière arrive et que la joie efface enfin la peur,

il nous faut en avoir la volonté…

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Il ne nous reste plus qu’à nous servir une tasse de thé, qu’en pensez-vous ?

Extraits du très joli petit livre « Nagori – La nostalgie de la saison qui s’en va »  2018  Ryoko Sekiguchi.

Un autre très joli titre de cette auteure –> ICI

Photos BVJ – Sentier des ocres Roussillon – octobre 2020.

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Ressentir un ailleurs…

BVJ – Plumes d’Anges.

21 commentaires sur “Mois de nagori…”

  1. Adrienne dit :

    comme tout ceci est joliment dit et joliment illustré! merci!

  2. Je connaissais déjà (et j’ai beaucoup offert) Le nuage, dix façons de le préparer, petite pépite. Et tu penses bien que je vais m’empresser de me procurer ce livre. Les réflexions que tu nous livres conviennent à merveille à mon humeur. Merci, Brigitte pour le partage.

  3. Tania dit :

    Entre tes photos si belles et tes mots, les extraits sur le « nagori’, quelque chose de précieux circule, l’attention au monde. Merci, Brigitte.

  4. thé ache dit :

    les ocres : une palette vivante qui repeint le paysage, je ne connais pas la cérémonie du thé : à te lire on comprend la grande symbolique qui dépasse le simple geste pour embrasser l’immensité

  5. Dominique dit :

    j’ai trois livres de l’auteure qui m’attendent alors à te lire je me réjouis énormément
    Merci pour tes magnifiques photos avec lesquelles je vais voyager en Provence pendant quelques temps avec bonheur

  6. Aifelle dit :

    Je n’ai pas encore lu cette auteure japonaise, lacune à réparer .. J’ai un merveilleux souvenir de ma visite à Roussillon, et j’aimerais la refaire à une autre saison ; on doit la goûter différemment. Tes photos sont superbes. Bonne semaine Brigitte, bises.

  7. Fiorenza dit :

    Tu nous fais aimer l’automne que nous chérissons … avec une ardeur sublimée !

    Merci, chère Brigitte, dans le chaudron des fées de Roussillon, nous retrouvons
    les sortilèges, les éclats, les fureurs et les explosions des mondes d’avant
    les humains !
    Puissions-nous y apporter la touche artistique que tu ne cesses de distiller
    au gré de tes humeurs vagabondes 🌟

    Avec la chaleureuse amitié de tes amis bretons 🕊

  8. Dédé dit :

    Coucou. Depuis toute petite, j’aime l’automne. C’est une saison qui pour moi me permet de me recentrer sur moi, de rêver, de prendre le temps, de regarder la nature en prenant le temps de suivre la chute de la légère feuille sur le sol. Alors en prenant un thé, c’est encore mieux. J’aime ce billet qui se savoure et merci pour la découverte de ce livre. Quant au sentier des ocres, il faut vraiment que j’y aille un jour. Bises alpines et belle semaine.

  9. eki eder dit :

    j’ai parcouru le sentier des ocres du Roussillon il y a quelques années, j’avais adoré.
    Merci pour ces textes et je note le titre de ce livre.
    Bonne soirée Brigitte

  10. Quel billet magnifique ! Merci !

  11. daniel dit :

    Plus qu’un changement de paysage c’est un changement de société que nous vivons. Tout nous pousse à changer nos modes de vie. Magnifique ce sentier des ocres !!

  12. Merci Brigitte pour cet article riche de ton texte, et de tes photos !
    J’avais acheté « le nuage, dix façons de le préparer », quelle poésie !
    Belle notion que celle du Nagori, qui après la flamboyance est dans la persistance.
    Sur ce, je me prépare une petite tasse de thé ! Je t’embrasse Brigitte !

  13. Anne dit :

    Superbes photos et écrit formidablement intéressant. Je relie cette philosophie du Japon à une autre de leur philosophie: L’Ichigo ichie. Il ne sert à rien de se projeter, nous devons vivre l’instant comme un tout unique et chaque saison contient LA vie. Quelle qu’elle soit. Quelle que soit sa forme auomnale ou hivernale.

  14. angedra dit :

    Je revis au travers de tes photos le plaisir et l’émerveillement que j’éprouve à chaque visite de cet endroit.
    La nature nous offre de si beaux moments à capturer pour garder dans notre coeur la flamme de l’espoir pour d’autres découvertes.

  15. Florinette dit :

    Avant on célébrait chaque changement de saison. Nous devrions renouer avec cette tradition, car cela nous aiderait à la traverser, à nous joindre à elle, à nous unir à elle et non pas à la repousser en y voyant que de la morosité, surtout quand il s’agit de l’automne ou de l’hiver, alors que la nature est toujours aussi belle comme le démontrent tes superbes photos. Merci Plume d’Anges pour ce beau et poétique moment. Ah ! j’oubliais, je prendrais bien une tasse de thé ! 😉 Bisous et belle journée !

  16. Bonjour Brigitte,
    Un billet tout en finesse délicatesse et beauté.
    Tes photos « les Ocres du Roussillon » sont superbes.
    Cette philosophie Japonaise très intéressante et permet de vivre les saisons avec plus d’intensité.
    Merci pour ce partage. Bises de Haute Provence

  17. Colo dit :

    Se balader avec toi dans la chaude couleur ocre est une délice de mots et sensations.
    Merci de tout coeur, besos Brigitte.

  18. Superbes couleurs et magnifique invitation à la lecture, je crois que je ne résisterai pas à l’achat de cet ouvrage… Bon tea time à vous et bon week-end…. merci pour le souvenir du colorado de rustrel et la découverte du bouquin.

  19. gazou dit :

    Les photos sont très belles,
    Le texte, j’ai eu de la peine à le lire, la couleur bleue des lettres est trop claire pour moi

  20. Ulysse dit :

    Comment les japonais qui ont une grande culture et une si grande sensibilité à la nature peuvent être si misogynes !

    Bon week end Brigitte

  21. Celestine dit :

    Beaucoup de choses me parlent dans ce billet…
    Le Japon, qui me fascine, les ocres de Roussillon, et puis l’automne cette saison fabuleuse qui allume des incendies de lumière…
    Sans parler de mon village ou l’eau à tonné, oui…
    Bisous ma plume
    •.¸¸.•*`*•.¸¸☆

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