Relations…

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« … – Vous ne pensez pas que celui qui a découvert le 0 est un être remarquable ?

– Il n’existe pas depuis toujours ?

– Toujours, cela veut dire quand ?

– Eh bien à partir du moment où l’homme a fait son apparition., on a dû trouver plein de 0 un peu partout, non ?

– Alors vous pensez que, comme les fleurs et les étoiles, les 0 étaient déjà là à la naissance de l’homme ? Qu’on pouvait se saisir sans difficulté de leur beauté ? Aah, quelle méprise. Vous devriez être un peu plus reconnaissante envers l’importance des progrès de l’humanité. Vous ne le serez jamais trop. Vous n’en serez pas maudite, vous savez. (…)

– Alors qui est celui qui l’a découvert ?

– Un mathématicien indien anonyme. Il a sauvé ceux de la Grèce antique qui avaient été assemblés autour du foyer des bains publics par une tentative téméraire des païens, ressuscité des théorèmes perdus, donné naissance à de nouvelles vérités. Tous les mathématiciens de la Grèce antique pensaient qu’il n’était pas nécessaire de calculer le rien. Puisqu’il n’y avait rien, c’était impossible de l’exprimer avec des chiffres. Et il y a eu quelqu’un pour retourner complètement cette théorie vraisemblable. Il a exprimé le rien par un chiffre. Il a fait exister l’inexistence. N’est-ce pas merveilleux ?

– Oui, c’est vrai. (…)

– Si je comprends bien, grâce à ce grand professeur indien qui a bien voulu découvrir le 0 écrit sur le carnet de Dieu, on a pu feuilleter des pages qui n’avaient pas encore été ouvertes, c’est ça ?

– Exactement, c’est exactement cela. Vous comprenez très bien. Vous manquez de sentiment de reconnaissance, mais vous avez la hardiesse de parcourir la totalité des mathématiques… »

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Une histoire étonnante, les héros en sont un mathématicien à la mémoire fugace suite à un accident de la circulation, une aide ménagère dévouée et son fils de dix ans, fou de base-ball. Ils cheminent dans la bienveillance, chacun tente d’aider l’autre, de lui faire une vie meilleure, de transmettre ce qui est beau malgré les difficultés du quotidien, chacun prône l’apaisement et leurs univers respectifs s’élargissent et se rejoignent souvent, c’est un roman généreux qui nous parle de transmission. J’ai beaucoup aimé les exposés mathématiques, un tout petit peu moins ceux du base-ball, sport dont les règles me sont totalement inconnues, c’est peut-être pour ça que j’ai moins apprécié ces moments…

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Extrait de : « La formule préférée du professeur »  2005  Yôko Ogawa.

Illustrations : 1/ « Planche 6 de Élevages de Pigeons » – Livre de Gottlob Neumeister  XIXème  2/ « Projet de décor mural » Anonyme du XVIIIème.

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Il y a toujours quelque chose à apprendre et à partager…

BVJ – Plumes d’Anges.

15 commentaires sur “Relations…”

  1. Fiorenza dit :

    Pourquoi sommes-nous fascinés par le zéro ?
    Je n’en ai pas la moindre idée, chère Brigitte !

    Peut-être que la perspective de comprendre plus tard ce que nous ignorons
    aujourd’hui suffit à nos cervelles : Montaigne disait qu’il faut « les frotter
    les unes contre les autres », joli programme pour l’été qui vient 🌻

    Bravo pour les rinceaux qui traduisent en beauté les circonvolutions de nos pensées…
    sans avoir l’air d’y toucher 🎨🎨🎨

  2. Dominique dit :

    un roman superbe qui m’avait tellement touché

  3. Une belle idée de lecture à retenir…. Merci pour la suggestion. Belle journée à vous.

  4. Adrienne dit :

    je comprends, le base-ball ça ne me branche pas des masses non plus 😉
    le zéro, par contre, oui!

  5. Tania dit :

    J’ai aimé ce roman, merci d’en raviver le souvenir.

  6. Célestine dit :

    Tout simplement fascinant !
    •.¸¸.•*`*•.¸¸☆

  7. claudeleloire dit :

    j’ai toujours cru qu’il s’agissait d’un arabe ayant trouvé la solution bien pratique du zéro pour marquer le temps à reculons des chiffres … suspendu entre le positif et le négatif il nous permet dans un sens comme dans l’autre de partir du bon pied !
    amitié .

  8. J’ai énormément aimé ce livre ! Découverte de Yôko Ogawa l’an dernier et je la lis maintenant régulièrement. Je te conseille son dernier Instantanés d’ambre, très poétique aussi tout autant que questionnant.
    Bonne journée.

  9. Il est dans la pile « à lire » ! Suite à cet extrait, je le place au dessus. Merci Brigitte, je t’embrasse et te souhaite une belle ( et chaleureuse! ) journée. Claudie.

  10. Ulysse dit :

    le zéro c’est le vide du vase sans lequel le vase ne serait rien !

  11. Ariaga dit :

    C’est vrai qu’il y a toujours à comprendre et à partager. merci !

  12. Colo dit :

    Ah bon, moi aussi je pensais que le 0 était arabe, comme quoi!
    Faire voir, en regardant soi-même le beau/bon côté des choses, donne des ailes à la vie!

    Au vu des avis unanimes, et d’abord le tien, je note ce titre, bien sûr!
    Merci et bonne fin de semaine Brigitte

  13. Poussy dit :

    Il paraît que le graphisme du O est inspiré par la représentation de la voûte céleste et ça, ça te connaît…
    Je pense à celle, peinte au plafond, d’une autre Brigitte, voilà pourquoi tu ne pouvais que l’aimer ce livre formidable!
    Merci pour les pigeons et les rinceaux pastels, délicatesse quand tu nous tiens….

  14. naline dit :

    Merci pour ce bel extrait qui me parle tellement. Un ouvrage dont je n’avais pas entendu parler jusqu’ici et que je m’empresse à ajouter à ma liste.
    Beau dimanche !

  15. Florinette dit :

    Un roman qui pourrait bien me plaire. Merci Plumes d’Anges pour cette découverte et beau dimanche, je t’embrasse !

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