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« … Je voudrais passer ma vie à récolter des histoires. De belles histoires. Dans un sac, je les mettrais et je les emporterais avec moi. Et puis au moment propice les offrir à une oreille attentive pour voir la magie naître dans le regard. Je voudrais semer des histoires dans les oreilles de tous les êtres. Je veux que ça fleurisse, qu’il en sorte des odeurs embaumantes à la place de toutes les fleurs manquantes, absentes, de toutes les Golé Maryam* qui auraient dû être offertes et qui n’ont pu l’être…
* (Golé Maryam : nom d’une fleur en Iran)
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… Ses yeux brillent quand il sourit et même quand il ne sourit pas. Il a le regard des illuminés. Abbâs, c’est une étoile filante ; il n’aura pas une longue vie parce que son cœur, un jour, ne pourra plus contenir tout cet amour à donner. Un jour, son cœur explosera et j’espère que le monde sera éclaboussé de son amour.
Moi je le regarde et je lis tout ça dans ses grands yeux noirs intenses de vie…
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… Il était une fois
Un père, une mère, une fille
Le père avait la forme d’une ombre se faufilant sur les murs
La mère, le visage caché, portait une longue robe balayant la terre
La fille, silhouette légère, avait les pieds suspendus dans l’air
Et tous les trois gardaient un secret dans le creux de la main
Sur leur paume, un mot était gravé : EXIL
La fille n’avait plus de jouets
On raconte qu’elle les avait échangés contre les lettres de l’alphabet
La mère n’avait plus de sourire
On raconte qu’elle l’avait échangé contre une poignée de souvenirs
Le père n’avait plus de jeunesse
On raconte qu’il l’avait échangée contre quelques pièces de monnaie
Et tous les trois peu à peu devenaient des étrangers
La terre se dérobait sans cesse sous les pieds de la fille
La mémoire s’échappait sans cesse de la tête de la mère
Les pièces manquaient toujours dans les mains du père
Et tous les trois peu à peu perdaient le goût de la vie
Alors, la fille détourna ses yeux de la terre pour apprendre à voler
La mère chassa la mémoire pour apprendre à oublier
Le père ne compta plus ses sous pour apprendre à rêver
Et tous les trois se mirent à rire
Leur rire résonnait si loin
Qu’il pénétra jusque dans les oreilles de leur famille
Leur rire résonnait si fort
Qu’il fit trembler leur terre délaissée
Leur rire résonnait si haut
Qu’il réveilla leur mémoire engourdie
Mais tous les trois, à force de rire, avaient les larmes aux yeux à présent… »
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Extraits du très beau livre : « Marx et la poupée » 2017 Maryam Madjidi.
Illustrations : 1/ « Pensive » John Everett Millais 1829-1896 2/« Le vent » Félix Vallotton 1865-1925.
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Compatir à la souffrance des exilés…
BVJ – Plumes d’Anges.
Le déracinement, l’exil, l’inconnu, le rejet. On n’imagine pas la souffrance que les immigrés peuvent ressentir. Au coin de la rue, près d’une bouche de métro, ils sont là, transparents et ignorés !
L’exil n’existera plus quand les hommes seront enfin devenus citoyens de la Terre, et arrêteront de se martyriser les uns les autres.
Bisous ma Plume
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Un jour j’ai vu sur le trottoir une mère en train d’apprendre à son enfant à dessiner. Il n’a qu’un bout de crayon, et le papier est manifestement sorti dune poubelle. Je me suis dépêché d’acheter quelques crayons de couleurs, un petit cahier blanc, et une taille-crayon, pour lui donner. Je ne comprenais pas ce qu’ils me disent, mais J’étais très heureux, moi!
Un livre que j’ai noté, mais je vais surligner ; l’extrait est triste et beau et résonne tellement avec l’actualité. Bonne journée Brigitte. Bises. 🙂
L’exil de sa terre natale……
On croise souvent une infinie tristesse dans le regard des exilés…
Merci Brigitte pour cet article et Bises.
quelle tristesse!
j’en rencontre tous les jours, de ces exilés qui tentent de se reconstruire une vie, c’est une tâche immense, je ne crois pas que j’en aurais la force
Je ne connaissais pas du tout ce tableau de Vallotton : je le trouve superbe.
Merci pour les belles découvertes de ce billet. C’est beau et bon.
les tableaux illustrent parfaitement les mots
l’extrait est magnifique et terrible
En lisant ces petits extraits de Myriam Madjidi, l’écrivaine, je découvre une autre littérature baignée dans un autre monde, comme si on revenait à l’antique Perse, de Omar Khayam, le poète, de Saadi et autres poètes aussi. Les mots prennent une autre voie, pour se poser sur le seuil du monde et le contourner, telle une résilience de l’homme face à son destin qu’il nargue malgré les péripéties de sa vie.
Belle journée Brigitte
Je ne connais du tout l’auteur, mais cet extrait est sublime et terrible.
Et la première illustration raconte déjà un peu…la magie du rire.
Une pensée me vient…ce merveilleux texte devrait être lu à l’ONU et rediffusé sur toutes les chaines télé du monde, repris par toute la presse mondiale…car dans ce texte, après la désespérance arrive le temps des espoirs , que dans la quiétude arrive enfin le bonheur de vivre…
Merci Brigitte pour ce message,
Douces pensées et bon week-end,
Michèle
Merci beaucoup Plumes d’Anges, car c’est tellement important de souligner ce que vivent ces exilés, on est bien trop souvent dans le jugement sans réellement chercher à comprendre ce qu’ils endurent.
Beau dimanche, je t’embrasse
merci pour la découverte de ce merveilleux texte
Ce merveilleux malheur dirait Boris Cyrulnik ! Ils ont su transcender le mal qui les accablait ! Une bien belle page Brigitte. Bonne journée à toi. Bises. Joëlle
Merci pour cette très belle page, je ne connaissais pas cet auteur , merci encore
Sublime… Quand toucheront-ils terre pour s’enraciner là ?