Magiques forêts…

.

.

« … La forêt est la forme de végétation présentant la plus grande surface foliaire. Chaque mètre carré de forêt correspond à 27 mètres carrés de feuilles et d’aiguilles de houppier. Une partie des précipitations se dépose sur le feuillage et s’évapore presque aussitôt. S’y ajoutent en été jusqu’à 2500 mètres cubes d’eau par kilomètre carré que les arbres absorbent et rejettent dans l’atmosphère par transpiration. La vapeur d’eau qui en résulte forme de nouveaux nuages qui se déplacent vers le centre des continents et se dissolvent de nouveau en pluie. Le mécanisme se répète à l’infini, de sorte que même les régions les plus éloignées de la mer sont arrosées. Ce système de pompage et de redistribution est d’une efficacité telle qu’en de nombreuses grandes régions du globe, dont le bassin de l’Amazone, le volume des précipitations est quasi identique sur les côtes et à des milliers de kilomètres de la mer. À une condition : qu’il y ait de la forêt, depuis le bord de la mer jusqu’au point le plus reculé du continent. Si jamais le premier maillon fait défaut, s’il n’y a pas de forêt en bord de mer, le système s’effondre. Nous devons la découverte de cette condition décisive à une équipe de scientifiques animée par Anastassia Makarieva, en Russie…

.

… L’atmosphère de la forêt est synonyme d’air pur et sain. Quoi de mieux que la forêt pour s’aérer les poumons, courir ou faire du sport après une semaine en ville ? Cette bonne réputation n’est pas usurpée. L’air est effectivement beaucoup plus pur sous les arbres, car ils sont d’excellents filtres. Les feuilles et les aiguilles qui baignent en permanence dans les flux d’air captent nombre de particules qui y sont en suspension. Le volume qu’elles interceptent peut s’élever à 7000 tonnes par an au kilomètre carré. Cela s’explique par l’immense surface foliaire que représentent les houppiers…

.

… La futaie jardinée* est à l’exploitation forestière ce que la culture biologique est à la production de denrées alimentaires. Cette méthode de gestion durable de la forêt mêle étroitement des arbres de tailles et d’âges différents, si bien que les enfants-arbres grandissent sous leur mère. Seuls quelques gros troncs sont abattus ici et là, en veillant à ne pas endommager le reste du peuplement, puis débardés en douceur, par des chevaux. Et afin que même les vieux arbres aient toutes leurs chances, 5% à 10% de la forêt sont placés sous protection. Le bois provenant de ces exploitations respectueuses des arbres peut être employé sans hésitations. Malheureusement, 95% des forêts exploitées de l’Europe tempérée sont encore des cultures monospécifiques qui utilisent de lourds engins de chantier. Il n’est pas rare que des non-professionnels perçoivent mieux que les forestiers la nécessité de changer de pratiques culturales. Ils interviennent de plus en plus souvent dans la gestion des forêts publiques et parviennent à imposer aux autorités décisionnaires des critères environnementaux très exigeants au niveau local. Dans le cas de la Suisse, c’est un pays tout entier qui se soucie du bien-être des végétaux. La constitution fédérale édicte des dispositions concernant l’obligation de traiter les animaux, les plantes et tout organisme vivant dans le respect « de la dignité de la créature ». Couper ds fleurs sur le bord ds routes sans nécessité est répréhensible. Hors de Suisse, cette vision éthique a certes suscité quelques hochements de tête dubitatifs mais, pour ma part, j’approuve sans réserve cette brèche ouverte dans la frontière idéologique entre animaux et végétaux. Quand les capacités cognitives des végétaux seront connues, quand leur vie sensorielle et leurs besoins seront reconnus, notre façon de considérer les plantes évoluera… ».

*En sylviculture, les termes « jardinage » et « jardiner » désignent un mode d’exploitation de la forêt. La futaie jardinée est une pratique ancienne fondée sur des coupes légères et fréquentes. Respectueuse des processus naturels, elle assure la stabilité et la permanence de la forêt.

.

Extraits de : « La vie secrète des arbres »  2017  Peter Wohlleben.

Illustrations : 1/« La solitude des bois »  2/« Ruisseau et forêt »  Eduard Leonhardi  1828-1905.

…..

Vibrer au son de la nature…

BVJ – Plumes d’Anges.

15 commentaires sur “Magiques forêts…”

  1. Il est justement tout à côté de moi, ce livre…. Cela ne m’étonne pas que vous y ayez trouvé une belle source d’inspiration. Merci.
    Bonne journée.

  2. Fiorenza dit :

    Si seulement les élus, les urbanistes, les « responsables » de notre
    environnement pouvaient s’inspirer de cet ouvrage !

    Merci, chère amie, de nous (de leur) rappeler que les végétaux
    sont des êtres vivants à part entière !

    🎶 « Au pied de nos arbres »…
    Vivons heureux !!!

  3. Anne dit :

    Un livre que j’ai dévoré cet été, avant de partir me promener dans la forêt avec une perception subtilement différente de celle qui était la mienne auparavant. Très belle peinture d’illustration.

  4. Célestine dit :

    Les arbres sont comme les abeilles: indispensables à la vie sur terre.
    Mais là non plus, une fois de plus, les élites gouvernantes ne le savent pas.
    Qui pourrait le leur dire ? Il n’est de pire sourd…etc …etc…
    Bisous ma Plume
    🦋¸¸.•*¨*• 🦋¸¸.•*¨*• 🦋

  5. Aifelle dit :

    J’attends que le livre sorte en poche ; tout ce que j’entends à son propos me séduit et me semble juste. Si ça pouvait nous aider à respecter un peu plus la nature, mais encore faut-il qu’il tombe entre les bonnes mains, celles qui décident. Bon lundi Brigitte.

  6. JC dit :

    Tant de richesses les habitent ! Et dire que dans tant et tant de pays on les réduit à néant ! Bonne soirée à toi. Bises. Joëlle

  7. :) dit :

    Quoi de plus beau en effet ? Et protéger chaque arbre est un devoir que chaque être humain devrait partager!!

  8. Dominique dit :

    sais tu qu’un documentaire fait à partir de ce livre sort bientôt au cinéma, j’en ai entendu parler à la radio, le titre est différent mais qu’importe c’est bien dans le même esprit que ce livre passionnants

  9. J’avais entendu parler de ce livre, ton extrait donne encore plus envie !
    Ici les forêts sont riches et denses et s’y promener est un vrai bonheur ! Merci Brigitte et très belle journée à toi.

  10. Daniel dit :

    Quel beau livre ! Un sujet passionnant. Les arbres sont des êtres vivants comme nous et il faut les respecter. Pour ma part je suis très attentif à la nature.

  11. Adrienne dit :

    je suis comme Idéfix, voir qu’on coupe un arbre me rend terriblement malheureuse…

  12. michèle dit :

    Cet excellent article est une bonne raison de revisiter nos leçons de choses !

    En Viadène nous sommes constamment baignés dans une nature si belle et si généreuse que chaque jour je suis aux anges de vivre dans cette magnifique région !

    Merci, amicale pensée,
    Michèle

  13. Colo dit :

    Je ne lis pas ton extrait car j’ai commencé le livre hier…
    Bonne fin de journée, un beso

  14. Tania dit :

    Livre emprunté à la bibliothèque, j’espère pouvoir le lire bientôt. Bonne fin de semaine, Brigitte.

  15. christinegio dit :

    Voir les végétaux comme des êtres vivants. J’éviterai à l’avenir de cueillir des fleurs sans y penser dans les bas-côtés. Les Suisses sont un peu psycho-rigides mais ils ne sont vraiment pas idiots…

Laisser une réponse

*