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« … Quelque part, mon vrai visage m’attend…
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… Sur terre, ce ne sont pas les occasions de s’émerveiller qui manquent, mais les émerveillés…
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… Qu’est-ce qui importait dans une prière, dire ou se faire écouter ?…
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… « Tout a un sens. Tout est justifié. »
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… Ma conception du voyage avait changé : la destination importe moins que l’abandon. Partir, ce n’est pas chercher, c’est tout quitter, proches, voisins, habitudes, désirs, opinions, soi-même. Partir n’a d’autre but que de se livrer à l’inconnu, à l’imprévu, à l’infinité des possibles, voire même à l’impossible. Partir consiste à perdre ses repères, la maîtrise, l’illusion de savoir et à creuser en soi une disposition hospitalière qui permet à l’exceptionnel de surgir. Le véritable voyageur reste sans bagage et sans but…
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… -Y a-t-il un désert dans ton pays ?
– Non.
Choqué Abayghur me dévisagea.
– Vraiment ?
Comme je secouais la tête en signe de confirmation, il soupira.
– Alors comment fais-tu ?
Je saisis sa question, elle signifiait : comment fais-tu pour réfléchir ? La vie intérieure se fortifie du vide extérieur. Là-bas, parviens-tu à te sentir libre ? La nature t’impressionne-t-elle par sa puissance ? La contemples-tu ? L’admires-tu ? À quel endroit vénères-tu sa pureté ? Trouves-tu ta place dans un univers exclusivement humain ? N’étouffes-tu pas parmi ces millions de gens et d’objets ? Où te réfugies-tu lorsque tu veux te retirer, te réjouir d’exister ?
En réponse, je lui désignai le ciel…
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… Parce qu’il n’avait pu s’empêcher de vilipender les religieux, elle lui avait voler dans les plumes. J’avais assisté à leur dispute sans intervenir… Depuis ma nuit pourtant, j’aurais du me sentir proche de la croyante et m’opposer à l’athée militant. En fait, je ne me retrouvais en aucun des deux : ils se cramponnaient à des solutions simples, croire, ne pas croire, montrant un appétit suspect d’opinions catégoriques. Ni l’un ni l’autre ne supportaient le cheminement, le doute, l’interrogation. En affirmant leur choix, ils ne voulaient pas penser, mais en finir avec la pensée. Ils ne désiraient qu’une chose : se délivrer du questionnement. Un souffle de mort figeait leur esprit… »
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Extraits de : « La nuit de feu » 2015 Eric-Emmanuel Schmitt.
Illustrations : 1/« Nébuleuse de la Lyre » (détail) 2/« Nébuleuse de la Carène » (détail) Images Hubble.
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S’abandonner pour se découvrir…
BVJ – Plumes d’Anges.
Un livre qui fait du bruit. J’en entends parler tous les jours !
J’ai la nuit de feu près de mon lit, c’est le prochain livre que je commence car j’ai entendu E.E.SChmittt dont j’ai lu bcp de livres en parler.
PS, je voulais ajouter que j’étais contente justement de lire ces lignes chez toi (et j’ai fini La petite lumière!) J’aime tes choix de lectures et citations………Amitiés!
Merveilleuses illustrations .. Tu vas finir par me faire lire E.E. Schmitt 🙂 Bon après-midi Brigitte, bises.
le vrai visage, que cette expression me semble juste ! Ce visage qui se dessine à travers les vies pour devenir LE visage.
Ces photos prises par Hubble (et arrangées ensuite il faut le dire) sont des splendeurs – surtout si l’on pense que cela existe réellement ! Et en effet, où trouver le désert dont on a tant besoin, sinon dans le ciel nocturne ? Le désert est constellé de merveilles. Ensuite, libre à nous de chercher dans le cœur humain : quand il sera transformé en désert, alors les merveilles y resplendiront également.
Croire, ne pas croire …
Accepter le doute, l’interrogation et trouver suspect les opinions catégoriques, j’adhère !!!
C’est amusant car j’ai lu une critique de ce livre, roman et témoignage à la fois, hier sur un blog. La blogueuse disait que ce n’était pas un chef-d’œuvre de littérature, mais qu’il l’avait beaucoup touchée. J’aime bien la conception du voyage que tu nous transcris et les propos sur le désert. Je crois que cela me parlerait. J’aime bien l’auteur à travers les quatre romans de lui que j’ai lus.
J’avais l’intention justement d’acheter ce livre. La façon dont Eric-Emmanuel Schmitt en parle me donne envie de le découvrir… et aujourd’hui ton extrait me conforte dans mon idée.
je n’aime pas ses livres en général mais celui là me tente en raison de l’expérience qui le sous tend
j’ai oublié de noter qu’il y a eu une émission sur FC avec lui aux Racines du ciel elle doit pouvoir encore être podcastée
Ton choix d’extraits de ce livre d’E.E Schmitt me donne envie d’en savoir plus. Je pense que je vais me mettre à sa recherche 🙂
“J’arrive à comprendre qu’il soit possible de regarder la terre et d’être athée ; mais je ne comprends pas qu’on puisse lever, la nuit, les yeux sur le ciel et dire qu’il n’y a pas de Dieu.”
Abraham Lincoln
Prendre le temps de se retirer… pour retrouver l’essentiel.