.
.
« … Celui qui regardait le ciel nocturne, dit Humboldt, ne se faisait pas une idée exacte de l’étendue de cette voûte. Le brouillard lumineux des nuages de Magellan au-dessus de l’hémisphère sud n’était pas une substance amorphe, pas une brume ni un gaz, mais il se composait de soleils que seul l’éloignement, par un effet d’optique, faisait s’amalgamer. Une section de Voie lactée ayant deux degrés de latitude et quinze de longitude telle que la détectait l’oculaire d’une lunette astronomique, contenait plus de cinquante mille étoiles dénombrables et sans doute près de cent mille que l’on n’arrivait plus à distinguer en raison de leur faible intensité lumineuse. Ainsi, la Voie lactée se composait de vingt millions de soleils qu’un œil situé à une distance correspondant au diamètre de sa surface percevrait cependant davantage comme une lueur pâle, comme l’une de ces nébuleuses dont les astronomes avaient recensé plus de trois mille.On pouvait donc se demander pourquoi, les étoiles étant si nombreuses, le ciel tout entier n’était pas inondé de lumière, pourquoi il y avait tant d’obscurité dans l’univers, et il fallait nécessairement admettre l’existence d’un principe opposé à la clarté, un élément inhibant dans les espaces intermédiaires, un éther qui effaçait la lumière. Cela prouvait une fois de plus la structure rationnelle de la nature, car en fin de compte toute civilisation humaine commençait par observer la trajectoire des corps célestes.
Humboldt avait maintenant les yeux grands ouverts. L’un de ces corps qui flottait dans l’éther noir était la Terre, dit-il. Un noyau de feu, entouré de trois enveloppes, une rigide, une liquide et une élastique, toutes trois offrant une demeure à la vie. Même dans les profondeurs souterraines, il avait trouvé de la végétation qui proliférait sans lumière. Les volcans servaient de soupapes à ce noyau de feu qu’était la Terre, la croûte rocheuse quant à elle était recouverte de deux mers, l’une faite d’eau et l’autre d’air. Toutes deux étaient traversées par un flux permanent… »
.
.
Comment l’homme,
si petit au milieu du vaste univers,
peut-il avoir des certitudes ?
…
Extrait de : « Les arpenteurs du monde » 2005 Daniel Kehlmann.
Illustrations : « Le Livre des Miracles – Feuillets 23 et 169 » Anonyme – Augsburg 1550.
…..
Douter pour avancer…
BVJ – Plumes d’Anges.
Einstein disait : »Il n’est que deux choses infinies : l’univers et la bêtise humaine … Mais pour l’univers je n’ai pas de certitudes absolues. » Pour ma part, je pense qu’il faut suffisamment de certitude pour avancer et pas trop pour ne pas rester emmurer.
Beau choix de texte, et d’illustrations, une fois de plus. Et commentaire pertinent de Lily.
Superbes illustrations à ce texte d’un auteur que j’espère découvrir un jour. Bonne journée Brigitte 🙂
Etre curieux, s’ouvrir aux différences, s’intéresser à ce qui est autre, comprendre les nuances… c’est ce qui permet d’avancer et de construire des ponts plutôt que d’ériger des murs.
Merci de me faire découvrir cet auteur.
un livre qui m’a laissé un excellent souvenir et tes illustrations viennent en augmenter encore le plaisir
Mes certitudes se sont envolées depuis plusieurs années et je m’en fiche complètement de ne pas avoir raison. L’incertitude est une porte qui s’ouvre vers l’inconnu et l’inconnu est l’aventure de la vie…
Oui, comment peut-il avoir des certitudes? Et il ferait n’importe quoi pour les défendre. Etre curieux, ouvert oui mais ne pas vouloir imposer ce dont on ne peut être certain
Je n’ai aucune certitude en dehors de l’Amour que mon coeur peut abriter. Pour le reste…. je préfère tenter d’apprendre, découvrir et pouvoir encore parfois m’émerveiller.
La seule certitude que j’ai c’est que j’existe. Pour le reste, j’ai des doutes …… ce qui me permet constamment d’évoluer et de me remettre en question.
La fleur n’est pas certitude du fruit.
Rien n’est certain, tout est mouvant dans l’interprétation et dans le temps.
Bien à toi, amitié.
Tellement l’Univers est vaste et tout ce qui nous entoure mystérieux, qu’il ne peut y avoir de certitudes simplement des hypothèses. Merci pour ce très beau texte Plumes d’Anges et bon dimanche !
Oui, devant l’immensité nous sommes muets et démunis. Voilà qui ne remet à notre juste place….
« nous » remet, pardon.
De magnifiques illustrations. Merci d’ouvrir ainsi mon esprit et mes connaissances !
Des certitudes, il en faut, juste le nécessaire car de nouveaux horizons peuvent constamment s’ouvrir devant nous.
Bonne journée.