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« … Une recherche commence toujours par la détermination d’un sujet…
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… En choisissant son sujet, le chercheur se trouve assez vite devant une nuée d’indices dont il ne peut pas encore saisir la signification – cette Voie lactée dont l’extrémité ne se laisse pas entrevoir… La recherche est une aventure dont il est impossible de fixer le point d’arrivée avant de s’y être engagé pleinement. Qu’une vague idée lui serve de point de départ ou que ce soit une source précise, le bon chercheur est celui qui entreprend un voyage incertain. La destination qu’il s’était fixée est souvent bien éloignée de la terre où ses pas le conduiront. Il doit quitter le dernier hameau connu. D’abord l’allée est large, toujours entretenue, il y croise encore quelques promeneurs attardés. L’allée fait place à un chemin, puis à un sentier envahi de broussailles qui finit par se perdre dans une forêt épaisse. Le soir tombe. Lorsqu’il n’y aura plus personne à qui demander sa route, c’est là, dans une solitude aussi angoissante qu’exaltante, que se jouera l’épreuve de son initiation : soit il rebroussera chemin, soit il s’égarera, soit il saura atteindre cette clairière insoupçonnée, ce village oublié, ce palais secret qui l’attendaient quelque part au delà des confins du monde connu…
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… Les bibliothèques, dans leur variété, leur beauté sereine, tentent le flâneur… de tels lieux donnent l’impression ou l’illusion de pouvoir forger des idées nouvelles, des formes inédites, d’être visité par des milliers de muses ou de génies enfermés dans les pages de ces livres qui peuplent indéfiniment les étagères…
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… Comment ne pas percevoir la nécessité primordiale des recherches dans ce qu’on nomme les humanités ?… Une société de producteurs et de consommateurs, qui ne se soucierait que de la rentabilité immédiate serait sans doute très performante à court terme ; mais en cessant le retour vers ce qui fut, elle perdrait toute profondeur et tout avenir, car elle signerait l’arrêt de mort de la civilisation qui l’a fait naître et qui jusqu’alors lui donnait sa substance. Certains aujourd’hui jugent inessentielles les lettres, la philosophie et l’histoire au prétexte que le progrès des sciences nouvelles les aurait frappées d’obsolescence. Aurions-nous donc subitement cessé d’être humains au point que les humanités puissent nous apparaître comme des vieilleries « ornementales », sans doute « formidables », mais dont on ne voit vraiment pas pourquoi « il faudrait y consacrer du temps et de l’argent » ?… »
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Extraits de : « Magie des grimoires – Petite flânerie dans le secret des bibliothèques » 2009 Nicolas Weill-Parot.
Illustrations : 1/« Le rat de bibliothèque » Carl Spitzweg 1808-1885 2/« Don Quichotte dans la bibliothèque » Adolph Strödter 1805-1875.
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Lire dans le passé pour écrire un bel avenir…
BVJ – Plumes d’Anges.
Jules Renard disait : » Ces heures où l’on a envie de lire quelque chose d’absolument beau : le regard fait le tour de la bibliothèque, et il n’y a rien. Puis, on se décide à prendre n’importe quel livre et c’est plein de belles choses ! »
Ton article, Chère Brigitte, est absolument beau…
Très belle journée de lecture.
La première illustration me fait presque peur … l’impression que le personnage risque d’être englouti par le mur de livres au moindre mouvement 😉
Il y a ce miracle avec les livres, on les prend dans nos mains un moment et on les a dans le coeur pour toujours.
Je suis exactement comme ton rat de bibliothèque, un livre en cours, un autre à la main et un troisième en réserve, ça alors, mais je ne suis pas seule, waouh, je ne monte toutefois pas aussi haut sur l’escabeau sinon le vertige m’attrape et je vacille!
Les livres et les nuages, il n’y a rien de plus beau!
Et bien moi qui ai le vertige je me verrais bien malgré cela tout en haut de cette échelle, le genre lectrice perchée quoi !
j’aime beaucoup ce tableau et je vais me le garder pour un billet un jour !
le texte c’est encore mieux et il va je crois prendre la direction de mon panier virtuel de bilbliothèque en espérant qu’une main bienveillante l’ai acheté
ouh et en plus il est dans cette superbe petite collection, vu son prix je sais que je vais craquer
Oui, lire les classiques, L’Odyssée, les récits mythologiques, les contes anciens, la Bible, des récits de chevaleries, etc. Mais j’avoue que quelque fois c’est un peu dur : Je n’ai par exemple jamais réussi à finir Don Quichotte, ou Moby Dick. Dans ce dernier il y avait des pages et des pages trop pointues, trop compliquées. Je me souviens aussi qu’au lycée, on avait étudié La guerre de Troie n’aura pas lieu, de Giraudoux. Je n’en comprenais pas bien le sens. Peut-être que si je l’avais vu jouer d’abord cela m’aurait aidée. Entièrement d’accord de ne pas se contenter de ce qui est à la mode, commercial, mais il faudrait aussi plus de Jacqueline de Romilly, Jean-Joseph Julaud et d’êtres comme eux qui savent rendre les connaissances attrayantes et parlantes pour nous et nos enfants du XXIe siècle.
Bibliothèques, librairies… des lieux de perdition pour moi ! ,-)
Belle fin de semaine !