.
.
« Lorsque l’âme se fait entendre
Cette voix murmurante, ponctuante
Qui est source de tout chant
Basse continue ne connaissant
ni borne ni arrêt
Le temps est aboli et l’espace vaincu
Mais l’âme ne se fait entendre
Qu’en résonance avec une âme autre
Lèvre à lèvre
cœur à cœur
Deux voix mêlées, reliantes, ruisselantes
Joignant les feuilles jonchant le sol
aux nuages nimbant les cimes
Oui, lorsque l’âme parle à l’âme
Sauvant les corps de la séparation
de la dégradation
L’espace est aboli et le temps vaincu
Lorsqu’enfin les âmes se font chant
Par-dessus l’abîme des jours, l’étincelle
Qui en jaillit rallume soudain
la flamme immémoriale
Du fond du désir originel
Émerge le souffle rythmique
Strate sur strate
bord à bord
Le voilà recommençant
l’éternité-instant
Les marées printanières, toutes frayeurs
Toutes douleurs ravalées, renouvelle
le séjour des êtres en épousailles
Les âmes errantes réentendent leur voix
ponctuante, murmurante
Les âmes aimantes refont le chemin
enfoui de leur souvenance
Car rien de ce qui avait ému n’était
Perdu, ni le vieux mur qu’éblouit
Un coup de soleil, ni les champs d’un soir
Éclaboussés de fleurs sauvages…
Tout se révèle don, tout
se transmue en offrande
Lorsqu’enfin les âmes se font chant
.
…
François Cheng – Revue Arpa 100 Novembre 2010.
Illustrations : 1/« Musique » Thomas Wilmer Dewing 1851 – 1938 2/« Étude de Pivoines » Martin Schongauer 1450 – 1491.
…..
Entretenir le chant de la flamme immémoriale…
BVJ – Plumes d’Anges.
N’est-ce pas le Chant des Chants du Cantiques, celui qui se révèle à qui sait tendre l’oreille?
Texte magnifique! Merci 🙂
Beau texte et illustration toujours merveilleuse.
la musique des mots nous transporte telle une plume légère au gré du vent….. dans la chaleur du soir , un moment de plénitude à lire ce texte sous le chant des grillons. Merci jolie plumes d’anges! Clémentine se joint à moi pour vous souhaiter une douce soirée!, et merci de vos gentilles visites…
François Cheng ! alors là : quel beau choix ! Un de mes poètes favoris… Merci… Et quel beaux tableaux pour accompagner ses mots…
bisous et belle semaine,
Nathanaëlle
Et ici ce sont les mots qui me plaisent : François Cheng c’est toujours d’une grande délicatesse
François Cheng c’est toujours très beau. J’aime beaucoup le premier tableau, dans les tons chauds et fondus.
Quel superbe texte, comme F. Cheng sait en écrire.
As-tu lu son dernier livre ? Si ce n’est pas le cas, je te le conseille.
Je ne connais par contre pas la revue que tu cites. Je vais faire des recherches.
Merci pour ce texte et belle soirée, Brigitte.
C’est tellement beau, il n’y a plus de paroles, il n’y a plus que la Substance…
Merci d’avoir levé le voile sur cette splendeur que je ne connaissais pas, je m’étais souvent demandée sur quelle musique les anges dansaient, maintenant je le sais, c’est le chant des âmes vivantes et vibrantes!
Je t’embrasse, pleine d’espoir.
Poussy a très bien dit ce que je ressens…des « tout-puissants accords d’une riche musiqiue »
magnifique, merci Brigitte
Bises