Balancements…

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 « Je vis, je meurs , je me brûle et me noie,

J’ai chaud extrême en endurant froidure,

La vie m’est et trop molle et trop dure.

J’ai grands ennuis entremêlés de joie.

 

Tout à coup je ris et je larmoie,

Et en plaisir maint lourd tourment j’endure,

Mon bien s’en va et à jamais il dure,

Tout en un coup je sèche et je verdoie.

 

Ainsi Amour inconstamment me mène,

Et quand je pense avoir plus de douleur,

Sans y penser je me trouve hors de peine.

 

Puis, quand je crois ma joie être certaine,

Et être au haut de mon désiré heur,

Il me remet en mon premier malheur. »

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Tandis que l’Homme s’agite en tous sens dans un monde devenu totalement binaire,

la nature, elle, ne perd le fil de la création,

elle est tout à son œuvre dans la saison présente.

Naissance, floraison, fanaison, fructification,

recherche de beauté, d’équité, de loyauté…

Certains tentent de tracer ce chemin avec humilité,

partons à leur recherche joyeusement

et ensemble trouvons des sources limpides.

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Sonnet de Louise Labé – XVIème

Illustrations de Robinet Testard  1471-1531: 1/ « AlphabetHeures de Charles d’Angoulême  2/ « Rose, grand Paon de nuit  et Sceau de Salomon – Livre des Simples de Mattheaus Platearius » XVIème.

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Tout change, perpétuellement…

BVJ – Plumes d’Anges.

15 commentaires sur “Balancements…”

  1. thé ache dit :

    Louise Labé reste moderne au sens de toujours accessible et en accord avec notre époque, la nature a subi tant de blessures que je m’interroge quand à elle et aussi à nous et nos enfants… il me remet en mon premier malheur …..

  2. Florinette dit :

    La nature est extraordinaire, elle nous montre le chemin à prendre dans notre évolution. Nous étions nous aussi une graine…
    Beau dimanche Plumes d’Anges, je t’embrasse

  3. Tania dit :

    Admirable sonnet, un de mes poèmes préférés, je suis ravie de le relire ici.
    Bon dimanche, Brigitte.

  4. Dominique dit :

    Les sonnets de Louise Labé sont toujours un bonheur à lire et relire

  5. Fiorenza dit :

    Magnifique sonnet d’une femme en avance sur son temps !

    Quelle finesse dans ce texte, une perception très « moderne »
    des vagues qui rythment notre vie, de nos sentiments mêlés
    oscillant entre la joie et la peine : la Renaissance en version féminine,
    un beau cadeau, chère Brigitte, illustré par deux sublimes images 💚

  6. daniel dit :

    Il n’ ya jamais de fins seulement des transformations. La nature en est un bel exemple. Elle meurt et renaît chaque année. Il ee est de même pour les humains !

  7. Aifelle dit :

    Très beau sonnet qui n’a pas pris une ride et peut nous parler autant qu’hier. Pourquoi ne sont-ils pas dans ma bibliothèque ? Ça peut s’arranger facilement 🙂 Bonne semaine Brigitte, bises.

  8. Marie Minoza dit :

    Une surprise… Il y avait tellement longtemps que j n’avais pas lu ce poème…

  9. Colo dit :

    Bonjour Brigitte, que ce sonnet est beau, parfait !
    J’aime particulièrement, car c’est la vie même:

    Et quand je pense avoir plus de douleur,
    Sans y penser je me trouve hors de peine.

    Un beso, une journée à rester chez soi, enfermés, à peu bouger aujourd’hui.

  10. Béa Kimcat dit :

    Si belle nature !
    Quel joli sonnet !
    Bises Brigitte et bon mardi

  11. eki eder dit :

    la nature m’aide au quotidien
    beau sonnet et choix d’illustrations
    bon mardi Brigitte

  12. Célestine dit :

    Cette cyclothymie naturelle est en chacun de nous.
    Le monde est devenu binaire, oui, je dirais même bipolaire.
    Et il faut bien de la sagesse pour ne pas céder au vertige de ces balancements du noir au blanc…
    Bisous ma Plume
    •.¸¸.•*`*•.¸¸✿

  13. manou dit :

    Que c’est beau et bien écrit, je n’aurais pas deviné que ce poème était de Louise Labbé, je ne le connaissais pas du tout. Tu l’as comme toujours superbement illustré et l’ensemble me parle beaucoup moi qui aime la nature…Merci pour ce beau partage

  14. Anne dit :

    Etudiante en lettres, j’ai étudié, adoré les poèmes de Louise Labbé; j’ai appris un jour qu’elle n’aurait pas existé, que c’était un autre poète qui aurait  » troussé  » comme on dit cette belle littérature; peut- être cela étonnait -il les gens qu’une femme soit poète, mais il y en eut d’autres!! Je ne sais pas où en est la polèmique.

  15. Carmen dit :

    Des mots si justes dans ce sonnet ! L’être humain est toujours le même et quelle que soit l’époque sa nature et ses pensées sont soumises aux mêmes lois.

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