Dernière lumière…

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« …Il y a un temps où ce n’est plus le jour, et ce n’est pas encore la nuit.

Il y a du bleu dans le ciel, mais c’est une couleur pour mémoire, une couleur pour mourir.

On voit ce qui reste de bleu et on n’y croit pas.

La dernière lumière s’en va. Elle a fini son travail qui était d’éclairer les yeux

et d’orienter les pensées, et maintenant elle s’en va… »

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Extrait de : « Souveraineté du vide suivi de Lettres d’or »  2015  Christian Bobin.

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« … Ce matin, j’ai assisté derrière la vitre à un opéra silencieux de geais,

si beau que, pendant quelques minutes, il eût été sacrilège d’écrire ou même de penser… »

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« … J’ai rêvé que j’étais assis en plein ciel sur une chaise de paille devant une table criblée de taches d’encre.

La navigation dans les airs se faisait doucement, à peine si la table parfois s’inclinait légèrement, sans que rien n’en tombe… »

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Extraits de : « Un assassin blanc comme neige »  2011  Christian Bobin.

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« … Quand le soleil lassé se couche, nos projets s’enflamment, c’est l’été indien de l’âme… »

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« … L’écriture est une résurrection… »

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Extraits de : « Le muguet rouge » 2022  Christian Bobin.

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« … Nous avons mille visages qui se font et se défont aussi aisément que les nuages dans le ciel.

Et puis il y a ce visage du dessous. À la fin il remonte – mais peut-être parce que ce n’est pas la fin.

Peut-être qu’il n’y a jamais de fin – juste ce déchirement sans bruit des nuages dans le ciel inépuisable… »

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Extrait de : « La grande vie »  2014  Christian Bobin  1951-2022.

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Certains Êtres – rares et précieux – orfèvres ailés ciselant le monde avec délicatesse,

effleurent la Terre puis s’envolent,

nous laissant de doux mots d’oiseaux à caresser des yeux, à lire sans relâche.

La vie est éphémère, fragile ; l’amour mêlé à l’écriture tissent brin à brin

des capes de soie pour envelopper nos nuits parfois si sombres

et honorer une présence extrême au monde.

La lumière de la poésie se pare d’un bouquet de roses,

un jour l’une d’elle semble s’évanouir, rien n’est perdu elle embrase le ciel.

Merci à ces enchanteurs pour leurs éclats adamantins, merci l’ami Bobin…

Photos BVJ.

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Rendre grâce aux poètes…

BVJ – Plumes d’Anges.

16 commentaires sur “Dernière lumière…”

  1. Fiorenza dit :

    Sous le charme des mots de « l’ami », chère Brigitte,
    je ne cesse d’en découvrir les arabesques !

    Pourquoi attendons-nous la mort des poètes pour en extraire
    « la substantifique moëlle » ?
    Depuis l’annonce de l’envol vers ses nuages, Christian Bobin
    emplit mon ciel imaginaire…
    Je le lis bien sûr mais, surtout, je le regarde exister
    dans ses différentes prestations télévisées :
    la sincérité faite homme, la profondeur des sentiments,
    l’humour si rare dans notre monde morose et la légèreté,
    celle-là même que nous aimons tant, tout en lui contribue à nous apporter,
    non pas du bonheur mais une JOIE intense !

    Signe très curieux : la nuit de sa mort, entre deux somnolences,
    j’ai été éblouie par une étoile filante qui semblait rejoindre la terre
    à travers les branches des vieux pins 🌟☄️🌟

    Grand merci pour la phrase que je vais chérir tout au long de ce jour :
    «… Quand le soleil lassé se couche, nos projets s’enflamment,
    c’est l’été indien de l’âme… » !

  2. Den dit :

    Artisan-Poète présent à tout instant de la vie.
    Il regarde, absorbe, décortique tout ce qui se dit ou se tait sur l’invisible.
    Il note avec ses yeux qui voient l’ailleurs, ses mots qu’il salue, brodent chaque chose brin à brin.
    Il n’invente rien. Il prend note sous la dictée jusqu’à sublimer le plus haut, le plus loin, jusqu’à l’indicible.
    Ses mots intensément profonds, calligraphiés parfois, nous touchent et nous ouvrent le coeur, et nous régalent, nourrissent la vie intérieure dans le silence du monde, le ciel perdu entre les vivants et ceux partis, toujours présents puisqu’il n’y a pas de fin, entre deux sommeils.

    Merci Brigitte. Ton billet est une gourmandise par son écrit, un enchantement.
    J’adore Christian Bobin, fragile, ineffaçable. Une belle personne qui revient toujours au premier temps. Simple et Grand à la fois. Un humain simplement bienveillant, splendide, qui chemine, dessous l’ombre,la souffrance, la dureté, la mort.Un contemplatif, un messager « qui attend les oiseaux » qui célèbre.

    Doux après-midi avec ce beau témoignage.

  3. Dominique dit :

    Je crois que toutes et tous nous sommes tombés à un moment sous le charme du poète, du penseur, de l’écrivain
    On a l’impression d’avoir perdu un ami proche

  4. Béa Kimcat dit :

    Magnifique dernière lumière.
    J’aime beaucoup les mots de Christian Bobin.
    Tu lui a rendu un très bel hommage
    Bises Brigitte

  5. Michèle Loss dit :

    Certains êtres ont reçus la grâce d’exalter les mille et une lumières d’une vie…
    Qu’au-delà d’ici, ils éclairent d’autres ténèbres…
    Douces pensée, Brigitte,
    Michèle

  6. Christian Bobin était tellement tout entier dans ces mots, dans ce regard aiguisé et amoureux sur les choses du monde, qu’il ne nous a pas entièrement quitté, nous laissant ses rêveries, ses méditations et ses fulgurances comme viatique. Mais le monde est un peu plus vide, de ne plus le savoir là-bas, pas très loin, en train d’écrire et de regarder les saisons danser à sa fenêtre.

  7. Pastelle dit :

    Pour moi il est toujours là, il sera toujours là.
    Ce qui me frappe c’est comme je l’ai écrit chez moi, il est différent pour chacun de nous, chacun va puiser à sa source ce dont il a besoin pour se nourrir ou s’éclairer un peu.
    On pourrait écrire : « Dis moi ce que tu cites de Bobin, et je te dirai qui tu es ».
    J’aime beaucoup ta sélection, et il y a même des livres que je n’ai pas, le dernier et l’assassin blanc comme neige…

  8. Anne dit :

    Oui, merci à Bobin que j’aimais et citais. Du moins, pendant longtemps, car ensuite, j’ai trouvé que son écriture ne se renouvelait pas (une sorte de tic métaphorique.) et que ses thèmes tournaient en rond. Mais il m’a tellement apporté (j’ai même reçu une lettre de lui)
    Comme tu le sous- entend, c’est drôle, les livres; très souvent, ils me tombent dessus au moment même où j’ai justement besoin de celui- là!!!
    Incontestablement un homme sincère et modeste, contrairement à tant d’écrivains surfaits et médiatisés.
    Merci à toi. Le premier dont tu parles était un de mes recueils préférés Souveraineté du vide, et puis la présence pure, le Christ aux coquelicots, celui sur Emily Dickinson, le très bas, etc……)

  9. Bonjour Brigitte,
    J’aime beaucoup les ouvrages de Christian Bobin et tu sais lui rendre un très bel hommage.
    Tu as fais une très belle sélection. Ce n’est que plaisir que de lire ton billet. Douce fin de semaine Ma Chère Brigitte

  10. Dédé dit :

    Coucou. Il va nous manquer mais restent ses écrits, éternels. Bises alpines.

  11. thé ache dit :

    on ne peut que regretter, mais ses livres restent, resteront, et nous pouvons le retrouver, retrouver sa poésie délicate, élégante qui parle à notre fragilité : des mots d’oiseaux tu dis oui c’est cela…

  12. Ulysse dit :

    Brigitte je suis aussi un lecteur de Christian Bobin et c’est effectivement une âme délicate qui nous a quittés Beau week end

  13. Nikole dit :

    Merci pour cet hommage à un écrivain très admiré par moi.

  14. Tania dit :

    Merci pour ces passages si bien éclairés par toi, Brigitte. Bon dimanche.

  15. Florinette dit :

    Quel magnifique hommage tu adresses à ce grand poète ! J’aimais tellement le lire et l’écouter, cela me laissait toujours dans un état d’émerveillement devant cette lumière qui émanait de ses mots.
    Merci Plumes d’Anges pour ce splendide moment et beau dimanche, je t’embrasse.

  16. Bel hommage à Christian Bobin, un presque voisin. Ta sélection de texte est très réussie.

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