Aube…

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« … « Et si nous tournions le dos aux vents qui viennent de la ville ? Ils ne sont pas seulement alourdis par la poussière du désert, mais asséchés par la soif de l’or. Le pouvoir nous méprise, il ne s’intéresse pas à nos âmes, il vit trop loin de nous. Et de toute façon, il nous transforme en esclaves, regardez d’ailleurs le tigre : il ne s’attaque qu’aux hommes courbés. Donc fuyons-le, rendons-nous maîtres de notre bref passage en ce monde. Recommençons, comme avant, à nous mettre à l’écoute du ciel, des animaux, des nuages, des arbres, des insectes, des serpents, des fleurs, des plantes. Et puisque la vie et l’eau sont les seules vérités qui tiennent, occupons-nous de la vie et de l’eau. »

Ce furent des mots très clairs en somme. Très simples, à la portée de tout un chacun, des phrases limpides et fluides, la vérité lui coulait de la bouche sans le moindre arrangement ni ornement. « Si vous voulez de l’eau, dit Djambo ce soir-là pour la première fois, commencez par la chercher au fond de vous, soyez à vous même une source. Et ensuite, rappelez-vous que la nature est un corps, un corps immense, dont nous ne sommes, nous, les humains, qu’une infime partie. Mais si petits soyons-nous, nous nous en sommes pris à ce corps et l’avons gravement blessé. Donc à nous de le guérir. Non par une religion de plus, mais par une nouvelle façon de vivre, une humble façon. Car nous ne changerons le monde en grand que si nous commençons, misérables corpuscules que nous sommes, par le changer en tout petit. Et soyons patients, car le seul lieu des hommes, ce n’est ni leur champs ni leur village, ni leur ville, ni même leur pays. C’est le Temps. »…

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… Les guerres éclatent quand on commence à appeler vraies des choses qui sont fausses. Et fausses des choses qui sont vraies…

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… Vous ne trouverez pas ici de dieu de la peur ou des menaces. Et encore moins des pensées qui se tordent sur elles-mêmes et se perdent en complications. Le Suprême est partout dans la Nature, comme je vous l’ai dit, et par conséquent il est en nous, les hommes. Nous les Vingt-Neuf, quand nous nous levons, chaque matin avant l’aube, nous n’avons qu’une seule interrogation : savoir par quels actes nous illustrerons cette parcelle de divin qui nous a été remise avec la vie. Nous estimons l’homme à ce qu’il fait, non à ce qu’il raconte. Et pour le juger, nous ne nous posons que deux questions. La première : a-t-il dit et respecté la vérité ? La seconde : le feu de la violence, en lui, a-t-il réussi à l’éteindre ?… »

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L’histoire relatée est celle de Djambo « la merveille », rejeté par sa famille et son village, au XVème siècle, en Inde , à la limite du désert du Thar.

Ce jeune garçon suit les pas d’un magicien puis d’une danseuse de rue. Les puissants se font construire d’incroyables palais, coupent les forêts, assèchent le désert, asservissent les pauvres… Djambo, lui, après errance et souffrance,  veut croire en un autre monde,  une poignée d’hommes et de femmes l’accompagne, au fil du temps d’autres les rejoignent ; ils existent toujours 5 siècles plus tard, ce sont les Bishnoïs. Ils ont établi 29 règles qui prônent le respect de l’Homme et de la Nature, et nous questionnement quant à notre rôle sur terre.

Ce livre parle de l’orgueil qui mène à la barbarie, de l’humanité, de la vraie écologie, pas de l’écologie politique, c’est une lecture qui nous emporte, inspirée et inspirante. Rien n’est jamais acquis dans notre existence, tout est fragile et tout doit être respecté sinon le monde bascule. L’auteure a fait une belle recherche et nous livre ici un texte sensible.

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Claudie en avait très bien parlé —> ICI

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Extraits de : « La Forêt des 29 »  2011  Irène Frain.

Illustrations : 1/« Tête de tigre »  Raden Saleh  1811-1880   2/« Séléné » illustration du poème de John Keats « Endymion »  William James Neatby  1860-1910.

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Fuir les bavardages en tous genres, créer l’aube d’un nouveau jour…

BVJ – Plumes d’Anges

11 commentaires sur “Aube…”

  1. Adrienne dit :

    Magnifique, cette tête de tigre!
    D’Irène Frain, j’ai énormément aimé « Sorti de rien »

  2. Anne dit :

    D’abord parce qu’il se passe en Inde, que je connais et comme tu le sais, aime, que je connais l’histoire des bishnoïs, je vais l’acheter; j’aime cet extrait. Ceci dit, c’est une vision occidentale, car beaucoup de maharadjahs qui construisaient des palais étaient aimés car ils géraient bien leurs états princiers et SURTOUT donnaient du travail à tous -ne seraient- ce que par la construction du palais, des jardins…-; jusqu’à l’indépendance. Les anglais qui ne sont pas fous les ont acquis à leur cause , les séparant ainsi du peuple; diviser pour mieux régner…

  3. thé ache dit :

    à lire : on ne peut que faire échos : par les temps qui courent ce questionnement ne peut que nous interroger, asséchés par la soif de l’or !

  4. Je me souviens très bien de cet article de La petite verrière. J’ai toujours ce projet de lecture. Il est à Chalucet ?

  5. Dominique dit :

    voilà un joli projet de lecture que je note avec intérêt, je me souviens en effet de l’article lu

  6. Superbe invitation à la lecture et à l’évasion…. merci à vous.

  7. Colo dit :

    Après Claudie, toi, il est noté et souligné, merci beaucoup!
    Bonne semaine Brigitte, un beso

  8. Florinette dit :

    Incroyable peuple ces Bishnoï, si respectueux de la nature et des animaux !! C’est un bel exemple à suivre, car ils savent vivre en osmose avec tout ce qui les entoure. Beau dimanche Plumes d’Anges, je t’embrasse.

  9. Poussy dit :

    Je viens de lire La vie de Milarepa, je suis encore en Inde avec Autobiographie d’un yogi, je lirai La forêt des 29 qui semble passionnant, je crois que je ne peux pas quitter pour l’instant ce pays fascinant, je sens qu’il faut que j’y reste encore pour vivre cette transfusion d’âmes incroyable.
    Écris-moi où tu veux, posre restante, en Inde!
    Je t’embrasse Bribri-soleil

  10. Ulysse dit :

    Merci Brigitte pour la référence de ce livre que je vais commander . Oui nous sommes « un » et il faut nous mettre à l’écoute du ciel, des animaux, des nuages, des arbres, des insectes, des serpents, des fleurs et des plantes

  11. J’avais été émue dans ce livre par la sagesse des Bishnoïs, et leur grande conscience écologique.
    L’histoire (vraie) se passe au XV° siècle mais leurs préceptes étaient déjà très élaborés. Ils tendaient vers une société faite d’attention à l’autre, et de respect des hommes envers la Nature.
    La tête de tigre illustre parfaitement ton bel article !
    Je suis contente qu’il t’ait plu, et merci pour le lien vers mon blog !
    Belle fin de journée Brigitte. Des bises chaleureuses. Claudie.

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