Célébration…

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« … « Au cœur d’un monde inconnu

Je sens me monter aux yeux

des larmes d’indignité et de gratitude. »…

Poète japonais anonyme.

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Au printemps, certaines colonies d’abeilles, pour des raisons mal élucidées, obéissent à une mystérieuse impulsion et se séparent en deux, se multipliant ainsi en essaimant. Les ouvrières élèvent avec dévotion une nouvelle reine pour la colonie d’origine, puis une partie des abeilles se groupe autour de la vieille reine, se gorge de miel et s’envolent de la ruche pour ne jamais y revenir, laissant derrière elles tout souvenir de leur ancienne demeure. Elles s’amassent provisoirement en un point quelconque, comme par exemple sur la branche de mon pommier. Si un apiculteur ne les met pas dans une ruche, des éclaireuses se détachent de l’essaim pour aller explorer des cavités et des espaces à proximité, puis reviennent faire leur rapport sur leurs nouveaux logements éventuels…

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Personne ne semble connaître les asters des neiges en dehors des apiculteurs, qui leur donnent des noms variés : asters des gelées, asters d’automne, adieu à l’été, romarin blanc et fleur des gelées. Le nom botanique est Aster ericoïdes et il décrit très bien la plante. Aster signifie étoile et ericoïdes : possédant des feuilles du genre érica ou bruyère. La plante, touffue et haute de près d’un mètre, avec de minuscules fleurs radiées en forme d’étoile et des feuilles fines et bien dessinées, couvrent de vastes espaces dans tous les Ozarks, et fleurit avec exubérance depuis le mois d’août jusqu’à ce qu’une forte gelée la tue en octobre ou novembre. Mais comme les asters des neiges sont de vulgaires mauvaises herbes, personne ne s’y intéresse, à part les apiculteurs qui les trouvent d’une grande beauté. Les fleurs sécrètent un nectar au parfum pénétrant durant les mois de floraison, et les abeilles en récoltent une telle quantité que leur ruche sont imprégnées de cette odeur…

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J’entends d’autres cris d’oiseaux ce matin. Les bruants indigo, qui seront les premiers à chanter à l’aube un peu plus tard, ne sont pas encore revenus dans les Ozarks, mais j’entends les cardinaux et les mésanges de Caroline. Ils passent l’hiver ici, mais ce matin leurs chants annoncent le printemps. Il y a des moineaux domestiques au-dessus de ma tête dans les chênes et des moineaux des bois à proximité. Il y a également tous les oiseaux chanteurs ; certains de leurs chants me sont familiers, d’autres pas, comme ceux des migrateurs. J’entends un des plus beaux chants d’oiseau que je connaisse, celui du moineau à gorge blanche. Il est censé chanter « Old Sam Peabody, Peabody, Peabody » C’est bien là la cadence, en effet, mais ce qui ne donne aucune idée de la clarté lyrique, de la douceur des notes descendantes de son chant… »

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La quarantaine est un âge charnière, il me semble, on rêve de changer de vie, les questions se bousculent mais souvent, le quotidien reprend le dessus et l’on oublie ses désirs.

Sue Hubbell et son époux se sont questionnés, ils ont abandonné leurs confortables situations professionnelles et fait l’acquisition de 36 (42 ?) hectares dans les monts Ozarks, état du Missouri. Là commencent pour eux une vie proche de la nature environnante, une vie de labeur, ils deviennent apiculteurs.Au bout de quinze ans, l’auteure voit son mari partir, elle continue seule l’aventure, avec grand courage.

Son récit est une sorte de journal au fil des quatre saisons, elle nous livre ses observations, nous apprend les comportements de certains animaux et végétaux. Ses propos sont bienveillants et pudiques, ses actions généreuses, elle nous fait comprendre l’équilibre parfait de la nature, et son adaptation – plus ou moins longue – lorsqu’un changement, si petit soit-il, apparait.  Après cette lecture, on regarde la nature sous un autre angle,

ce texte est une leçon de vie…

Dominique en avait parlé –>  ICI

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Extraits de : « Une année à la campagne  » Sue Hubbell  1935-2018.

Illustrations : 1/ « Monde animal »  So Shiseki  1715-1786  2/ « Fleurs et fruits de saison »  Tomita Keisen  1876-1936.

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Suivre son lumineux chemin…

BVJ – Plumes d’Anges.

14 commentaires sur “Célébration…”

  1. Adrienne dit :

    une vie qui fait rêver, mais on sait quelle est la dure réalité!

  2. Tania dit :

    J’ai beaucoup aimé ce récit (une lecture d’avant le blog) et je viens de relire la préface de Le Clézio dans mon édition Folio, qu’il conclut par un éloge magnifique de ce livre où se réalise son rêve d’un livre « complet », « où la poésie serait comme une respiration ». Merci pour les extraits, Brigitte, et les belles illustrations que tu nous déniches avec tant de soin.

  3. Anne dit :

    J’ai beaucoup aimé ce livre et chez moi, plusieurs personnes aussi! Le livre qui tourne….
    Bon Week-end!

  4. Des illustrations qui m’enchantent, des textes qui me donnent envie de lire le livre. Ce soir depuis mon balcon, j’ai regarder les corbeaux rentrer au bercail et le ciel qui a viré au rouge et ce matin le plaisir de la visite du rouge-gorge, des mésanges et moineaux, heureuse! Bon dimanche

  5. Célestine dit :

    Les chants d’oiseaux sont une des plus belles choses au monde.
    Et il faut avoir l’âme un peu japonaise pour apprécier cette volupté naturelle…
    Merci pour ce voyage zen, chère Plume
    •.¸¸.•*`*•.¸¸☆

  6. Aifelle dit :

    Tu me donnes envie de le relire. J’avais énormément aimé ce récit d’un retour à la nature, avec toutes ses joies et toutes ses difficultés. Bon dimanche Brigitte. Bises.

  7. Ce bouquin est une merveille qui appelle à la relecture régulière ! Quelle bonne idée de l’évoquer ici…. Passez un bon dimanche

  8. Ce livre a été essentiel pour moi, une rencontre qui m’a aidé à choisir mon chemin de vie. C’est un de ces livres-chevaliers qui m’entourent. Sue Hubbell est devenue, au fil des ans, une amie très chère.
    Je suis heureuse de voir que tu as aimé ce livre et j’espère qu’il t’apportera tout autant qu’à moi.

  9. Florinette dit :

    Ça sent bon le printemps, ces extraits sont magnifiques et donnent envie de flâner dans cette très belle nature qui s’éveille. Merci Plumes d’Anges pour cette très belle découverte et belle semaine, je t’embrasse !

  10. Ulysse dit :

    Brigitte j’ai eu la chance de voir un essaim d’abeilles se former dans mon jardin sur un arbousier. Mes petits enfants étaient présents et ont été impressionnés par le spectacle. Un apiculteur est venu en tenue de cosmonaute pour récolter l’essaim dans une ruche et nous a remercié d’un pot de miel ! Merci pour le commentaire sur ce récit fort intéressant Belle et douce semaine à toi

  11. daniel dit :

    Que la nature est belle lorsque l’on prend le temps de la comprendre. Un rien est une merveille …….Un papillon qui vient se poser sur les pétales d’une fleur, une rose qui offre son parfum, des pâquerettes au milieu d’un champs !!

  12. Cela sent bon les beaux jours ces illustrations.
    Ce récit doit être beau et émouvant. je note et t’en remercie.
    Belle semaine à toi

  13. Dominique dit :

    certainement un des livres les plus lus et relus de ma bibliothèque tout est parfait dans ce livre, l’évocation de la nature, des rapports humains, l’humour et l’amitié, la vie qui palpite

  14. Tu parles si bien de ce livre, et devant les commentaires élogieux….je note ! Et merci Brigitte pour les illustrations toujours choisies avec beaucoup d’à propos !
    Belle fin de semaine, je t’embrasse.

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