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« … Depuis que l’homme est sur terre, il ne cesse d’inventer des cultures où bouillonne son besoin de spiritualité. La croyance qui se propage le plus sur la Terre aujourd’hui, c’est celle des sans-dieu qui croient que Dieu n’existe pas. Le nombre des athées ne cesse d’augmenter en Asie, en Europe et même aux États-Unis où, il n’y a pas longtemps, on voyait d’un mauvais œil celui qui osait dire qu’il n’avait pas de dieu.
En même temps que cette dilution culturelle de Dieu, le retour du religieux se fait en grand tapage. Quand on est riche, on pense moins à Dieu. Quand la justice s’affirme, on ne fait pas appel à Lui. Quand la société assume la sécurité, on a moins besoin de Sa protection. Mais quand la surpopulation et la technologie provoquent l’anomie, les structures disparaissent et le besoin de Dieu ressurgit, intensément.
La nécessité de conditions sociales d’éducation, de richesse, de justice et de sécurité est tellement difficile à obtenir qu’on peut prédire le retour de Dieu. Mais on aime Dieu comme on aime les hommes. Ceux qui ont acquis un attachement rigide se soumettront à un Dieu totalitaire, alors que ceux qui bénéficient d’un attachement sécure se sentiront suffisamment en confiance avec leur Dieu pour tolérer que d’autres en aiment un autre que Lui.
Les jeunes seraient-ils en train d’inventer une nouvelle manière d’aimer Dieu ? Ils ne vont plus vers les textes sacrés pour leur obéir, mais pour méditer et trouver un chemin de vie plus personnel. L’épanouissement de leur personnalité n’accepte plus le carcan religieux, mais s’ouvre aux textes fondateurs qui augmentent la conscience. La joie de se sentir vivant parmi ceux qu’on aime ne tient plus compte des limites qui clôturent une religion et 〈 induisent 〉 la haine de la différence. Une telle spiritualité élargit la fraternité à tous les croyants du monde, invite à la découverte des différences, et se dégage de l’immanence de la consommation insensée.
Que Dieu les entende… »
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Extrait d’une intéressante observation de notre société par un homme au regard toujours bienveillant : « Psychothérapie de Dieu » 2017 Boris Cyrulnik.
Illustrations : 1/ « Fleurs de Lotus » et 2/ « Fleurs et oiseaux » Satake Shozan 1748-1785.
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Élargir nos visions pour nous élever…
BVJ – Plumes d’Anges.
Texte empli de bienveillance évidemment, mais surtout fidèle à l’esprit des Lumières !
Le « penser par soi-même » des philosophes fait son chemin depuis le XVIIIème siècle
mais Dieu que la route est longue pour le dire avec le sourire !
Je repense souvent à cette remarque du cher Montaigne :
« lorsque j’ai mal aux dents, j’ai moins tendance à croire en Dieu »…
Merci, Brigitte, de nous rappeler que nous ne devrions JAMAIS laisser les groupes
penser, dire et croire à notre place : la liberté est à ce prix !
Belle journée d’activités et de réflexion estivales dans la contemplation
de la voûte céleste !
merveilleuse fleur de lotus!
tu trouves toujours de si belles illustrations pour tes billets 🙂
Ah un Cyrulnik que je n’ai pas lu juste du bonheur en perspective
Puisse-t’il avoir raison dans sa conclusion ! Ce que j’aime chez lui, c’est le côté tellement simple et évident quand il explique. On se sent plus intelligent après l’avoir lu ou écouté 🙂 Bon vendredi Brigitte.
Quel bonheur de venir sur ton site, Brigitte, pour son esthétique, ses magnifiques illustrations !
Par contre, contrairement à certains de tes lecteurs dont je viens de lire le commentaire, je ne comprends pas trop bien où BC veut en venir – si ce n’est à un simple « état des lieux » ; de plus, il me semble qu’il fait un gros lapsus dans son avant-dernière phrase, alambiquée bien sûr (donc je ne le trouve pas si « clair » que ça !!) car il écrit : « La joie de se sentir vivant parmi ceux qu’on aime ne tient plus compte des limites qui clôturent une religion et induit la haine de la différence. » Si je lis bien il dit : « la joie… (etc) induit la haine de la différence » ! Hum ! L’ouverture est perdue !
Mais de toutes façons, pourquoi les jeunes ne s’intéressent-ils plus aux religions et préfèrent-ils les « textes fondateurs » ? A mon avis c’est simple: d’une part parce que leurs parents, appartenant à la génération 68, ont rejeté la morale judéo-chrétienne au nom de leur liberté (le plus souvent sexuelle) ; et d’autre part parce que l’école, qui est laïque, leur enseigne dans ses programmes « les textes fondateurs », dès la 5e. Ils n’ont donc plus le choix, puisque c’est ce qu’on leur impose.
Cela dit, je m’en félicite !
Et notre cher psy de conclure : « Dieu les entende ! ». Tandis que Fiorenza ci-dessus, tout éprise de l’esprit des lumières, s’exprime par cette formule « consacrée » : « Dieu que la route est longue …! » J’ai l’impression que quelques définitions du mot « Dieu » s’imposent…
Merci pour ces passages que tu nous fais découvrir. Vite que je l’ajoute sur ma liste des « à lire » !
Très belle fin de semaine !
Un texte qui amène à la réflexion, comme toujours avec Boris Cyrulnik. J’ai eu la chance de l’entendre, à la Seyne sur mer, lors d’une conférence sur ce même thème. C’est un homme de paix, dont notre société a besoin.
Bon week end !
Réponse amicale à Mayalila :
Dieu, que la route est longue, est bien sûr un trait malicieux !
Quant à la définition de Dieu, toute l’année ne suffirait pas à la cerner
mais je vous livre ma préférée, exposée par Marguerite Yourcenar :
« Dieu, Celui qui est…peut-être »!…
Beau dimanche (ou jour de Dieu) à vous et à tous les lecteurs de Brigitte !
De plus en plus de gens seraient athées ? J’en doute, et ce n’est pas ce que j’entends. Et ce n’est pas ce dont on entend parler. Mais si c’est vrai, je m’en réjouis. Qu’on aille trouver la spiritualité dont tout le monde a besoin, je ne le nie pas, dans l’humain et la nature plutôt que dans une nébuleuse qui à mon sens finit toujours par dégénérer au niveau des actes (provocation, exhibitionnisme, prosélytisme) l’idée me plaît. Mais vraiment je n’y crois guère. Et la façon de parler du monsieur, trop complexe pour moi, voire incompréhensible parfois, je dois être trop terre-à-terre pour cela, finit par m’exaspérer. D’ailleurs, personnellement, j’en ai tellement assez de tout ce qui tourne autour de la religion, que je m’efforce même de clarifier mon vocabulaire, et d’en extraire toutes les expressions où une quelconque divinité apparaitrait, et ce n’est pas si simple : incroyable comme les expressions de tous les jours sont ponctuées de symboliques divinités, foutreciel ! 🙂
Merci pour ce billet comme pour tous les autres, offerts dans une présentation toujours belle, soignée et porteuse ; billets qui toujours me parlent. Je t’embrasse.
Merci Mayalila d’avoir lu ce texte avec attention, il ne peut s’agir que d’une coquille, je me permets de la corriger, le propos de Boris Cyrulnik est paisible, il observe le monde sans jugement aucun… Belle journée à toi. brigitte
Celui qui n’est pas sûr de sa foi cherche à l’imposer par la violence car ceux qui ne la partagent pas sont un danger pour lui
La spiritualité devient plus intelligente, moins soumise aux croyances aveugles et sectaires…..Et c’est tant mieux !!Bon WE Brigitte.
Je ne suis pas si sûre que l’athéisme soit en progression…
Mais peu importe. je suis de ceux (rares) qui pensent que les croyances ne devraient jamais être exprimées par quiconque et que chacun devrait pouvoir croire à ce qu’il veut sans en parler à ses voisins, ni surtout se mêler de les convaincre …
Ce serait la paix dans le monde…
Bisous ma Plume
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Je le lirai certainement, merci pour ces extraits et les fleurs délicates qui les accompagnent. Cette réflexion rejoint celle de François Cheng que je lis ces jours-ci.