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« … On se réfugiait dans sa penderie, elle était imprégnée de son odeur mêlée à celle de son parfum. S’asseoir par terre, au pied de ses robes, m’apaisait davantage que des caresses.
Ce parfum n’existe plus. Ils l’ont arrêté au début des années quatre-vingt-dix. On devrait trouver des moyens pour empêcher qu’un parfum s’épuise, demander un engagement au vendeur – certifiez-moi d’abord qu’il sera sur les rayons pour cinquante ou soixante ans, sinon retirez-le tout de suite. Faites-le pour moi et pour tous ceux qui, grâce à un flacon acheté dans une parfumerie ou un grand magasin, retrouve l’odeur de leur mère, l’odeur d’une maison, d’une époque bénie de leur vie, d’un premier amour ou, plus précieux encore, quasi inaccessible, l’odeur de leur enfance….
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… Dans la voiture, mon père aimait glisser une cassette de Léo Ferré, il se délectait de sa propre mélancolie et des paroles d’Avec le temps, « Avec le temps, va, tout s’en va, même les plus chouettes souvenirs »… Je me sentais au contraire incroyablement soulagée à l’idée que l’on s’allégeait avec le temps, qu’on pouvait faire place nette, recommencer.
Je ne le crois plus, à présent. Qu’on en souffre ou qu’on ait du plaisir à revenir en arrière, je suis sûre qu’avec le temps « tout ne s’en va pas ».
Tout reste, les voix, les lieux, les images.
Tout demeure, à portée de pensée.
Et s’éclaircit… »
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Extraits de : « Les rêveurs » 2018 Très émouvant premier roman d’Isabelle Carré.
Illustrations : 1/« Magnolia blanc » Pal Szinyei Merse 1845-1920 2/« Le 1° mai 1851 » – détail – Franz Xaver Winterhalter 1805-1874 3/« Fraises » Virginie de Sartorius XIXème.
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Se décider riches de tout notre passé…
BVJ – Plumes d’Anges.
Quelles belles lignes, qui témoignent d’une âme délicate (ce dont je me doutais, à voir le jeu d’Isabelle Carré, tout en retenue). Merci de nous les partager, je vais avoir envie de lire la suite !
Bon dimanche, Brigitte.
Merci Brigitte pour ce bel extrait ! J’ai beaucoup aimé ce premier livre d’Isabelle Carré.
Malgré une enfance oh combien difficile et complexe, elle nous livre sans aucune amertume les difficultés, mais aussi la poésie et l’originalité de leur vie.
Je te souhaite un beau dimanche et je t’embrasse.
magnifiques les extraits et magnifiques les illustrations!
je me souviens de l’odeur des vêtements de ma grand-mère, mieux que de sa voix…
Un livre que j’ai l’intention de découvrir tôt ou tard. C’est joliment écrit et je pense y retrouver sa sensibilité d’actrice. Bon week-end Brigitte, bises 🙂
Seule l’écorce des moments que l’on a vécus et des êtres que l’on a connus tombe mais leur âme reste en nous !
de beaux extraits qui donnent envie de lire le livre
Magnifique et émouvant extrait qui me fait repenser à certaines armoires en bois que j’aimais ouvrir rien que pour humer l’odeur du linge. Merci Plumes d’Anges et beau dimanche, je t’embrasse.
Ma femme, qui l’a lu, a beaucoup aimé ! Une artiste de grande sensibilité .
« Tout reste, les voix, les lieux, les images », je confirme.
En ce moment, avec un bouquet de lilas du jardin, je retrouve tout, les sensations indéfinissables de mon enfance, la voix de mon père intacte, l’odeur de ces printemps-là, la couleur des feuilles vert tendre, mon espoir dans tout, etc….
Einstein le Grand avait raison, le temps n’existe pas!
Et ce livre, je vais le lire.
Des fleurs, des feuilles et des branches pour toi.
Ah et aussi, j’aime ce que dit Ulysse!
J’ai entendu parler Isabelle Carré de son livre, déjà alors je l’avais inscrit sur un papier.
Après ces extraits, si beaux et si joliment illustrés, je pars à la recherche…du petit papier!
Merci et bonne fête du premier mai Brigitte.
Avec le temps les souvenirs dessinent des images à la couleur de notre âme
Le livre est dans ma pile, et j’ai très envie de m’y plonger, moi qui visite mes fondations depuis quelque temps…Merci pour ces doux extraits parfumés d’enfance
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Chaque année lorsque fleurit le lilas, les souvenirs et les images
parfument tendrement mes pensées !
La marelle au pied du massif, le voisinage du redoutable yucca,
les robes printanières à la sortie de l’hiver, ressortent des armoires
de l’enfance en fortifiant le présent…
Merci, Brigitte, le mois de MAI nous sourit !
très justes ces mots de cet auteure, je pense que les années n’effacent pas les émotions vécues.
Bon choix d’illustrations.
Bon lundi Brigitte
Une bien jolie confession dans laquelle arômes perdus flirtent avec ce temps qui passe et n’emmène pas toujours tout avec lui….
j’ai vu qu’Isabelle carré avait publié un livre en effet et je ne doute pas qu’il soit réussi, les passages que tu soulignes en donne un joli aperçu
Oh, c´est très émouvant, Brigitte! Merci!! Belle soirée étoilée. Bises. ZaZa
C’est un très joli extrait. Mais je suis encore plus touchée par les illustrations – en particulier cette main d’enfant qui tient un bouquet de muguet.
Merci et bon week end.
Un livre que j’espère bien lire un jour
Ce livre vient d’arriver à la bibliothèque où je l’avais réservé, chouette !