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« … Comme nous sommes heureux lorsque nous sommes enfants. Comme la voix de la raison étouffe la lumière. Nous errons à travers la vie – une monture sans pierre. Puis un jour nous prenons un virage et elle est là, par terre, devant nous, la goutte de sang à facettes, plus réelle qu’un fantôme, qui luit. Si nous nous agitons elle risque de disparaître. Si nous tardons à agir rien ne sera retrouvé. Il existe un chemin dans cette petite devinette. Dire sa prière bien à soi. De quelle manière, cela n’a aucune importance. Car à la fin, celui qui suit ce chemin possèdera le seul joyau qui mérite d’être conservé. La seule graine qui mérite d’être disséminée.
Une petite main m’a offert une dent-de-lion.
Fais un vœu !
Je l’ai prise. La fleur jaune vif – sauvage, insignifiante et chérie par Dieu. Elle se transforme par la grâce de notre désir en un nuage séculaire. Des bribes de manne duveteuse descendent sur le monde…
Fais un vœu, souffle…
Possédant mon souffle, que puis-je demander de plus. Tout mon être s’est élevé dans cette quête. J’avais l’avantage du ciel qui sait, en un clin d’œil, devenir tout.
J’ai fouillé les nuages en quête d’augures, de réponses. Ils se mouvaient à toute vitesse, trame délicate, en forme de dôme. Le visage de l’art, de profil. Le visage du déni, béni.
Que faisons-nous, Grand Barrymore ?
Nous titubons.
Que ferons-nous, simple moine ?
Cultiver la bonté du cœur.
Et ces conseils, prodigués avec une grâce si entière, ont empli mes membres d’une telle légèreté que j’ai été soulevée jusqu’à planer au dessus de l’herbe, même si tous me voyaient encore parmi eux, prises dans les tâches humaines, les deux pieds sur terre. »
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Extrait de : « Glaneurs de rêves » 2014 Patti Smith.
Illustrations : 1/ « La convalescente » Hélène Schjerfbeck 1862-1946 2/ « Pissenlits et Pâquerettes » Otto Didrik Ottesen 1816-1892.
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Faire un vœu, croire en sa réalisation pour qu’elle advienne…
BVJ – Plumes d’Anges.
Comme un collier de mots en guise de perles, je relie
les bulles, la grâce, la bonté du coeur, la légèreté et
les glaneurs de rêves…
Merci, chère Brigitte, pour ce bijou imaginaire que nous
aurons plaisir à porter tout au long de la semaine !
j’aime ce titre de glaneurs de rêves
Une lecture que je me promets de faire un jour, glaneur de rêve qu’elle belle vocation 🙂 Bonne journée Brigitte 🙂
Sous cette jolie peinture, des passages qui donnent envie de noter ce titre et lire un jour Patti Smith.
Des moments d’enfance me sont revenus cette semaine sous la forme de vieilles cartes postales conservées par ma mère où j’ai retrouvé, entre autres trésors, des adresses oubliées, des écritures d’autrefois, et surtout, surtout, celle de mon père. Précieuses bulles d’enfance, Brigitte. Bonne journée.
Quel texte extraordinaire !
Merci Brigitte.
Rêvons tout éveillés, cela fait tant de bien ! Bonne journée à toi. Bises. Joëlle
J’aime toujours la délicatesse poétique de tes textes; on rêve, et, parfois, ça m’a donné envie de commander un livre, de le découvrir!!! Merci pour ça!
La plongée dans l’enfance donne toujours des sensations extraordinaires…
Cette goutte de sang à facettes est fabuleuse.
Merci pour ce beau texte qui me parle.
Bisous étoilés
¸¸.•*¨*• ☆
Alors là, je suis soufflée ! …. Je vais immédiatement me procurer ce livre, le lire, et tenter de posséder mon souffle. Merci beaucoup.
Samedi, je vais voir l’exposition Botero à Aix !
Bonne journée.
Le souffle, celui de l’enfance, magnifiquement illustré!
Tout est si délicat et beau dans ce texte; le ciel est gris, je m’en vais donc fouiller les nuages!
Bonne journée Brigitte, un beso.
je ne suis pas du tout d’accord avec la première phrase « Comme nous sommes heureux lorsque nous sommes enfants » (désolée de le dire, d’ailleurs, j’aimerais tellement que ce soit vrai ;-))
S’envoler dans ses rêves et laisser le souffle de l’imagination nous emporter ! Très beau texte !
Comme nous nous apercevons, adultes, que nous avons été heureux quand nous étions enfants. Tant nous attendions du monde (oui 🙂 je parle de moi à la première personne du pluriel, dans la foulée…) tous les possibles, tant nous avions foi en l’avenir. Comme nous n’imaginions pas tous les souvenirs présents, forts et pérennes, aujourd’hui, de ces impressions-là. Comme nous nous apercevons, adultes, que la vie fut et est, intensément, infiniment précieuse, et moche, et si belle, et inattendue.
Jusqu’à la mort, j’habiterai le pays de mon enfance ; quoi que j’y fasse, mâme en vivant dans le présent ; quoi que j’en dise, même en parlant, intensément, au présent !
Bonne journée. Tendresses.
… mÊme, pas mâme, pfff …
J’adore cette femme si profonde qui s’est immergée dans les livres et dans le rock au point de sauver sa vie.
Et j’aime qu’elle ait avoué ne pas penser mais ressentir et qu’elle nous conseille de ne pas nous laisser aller à cette « ardente tristesse qu’est le désir ».
Quel génie, quel être passionnant, c’est incroyablement réconfortant, voilà je suis requinquée tiens, je me refais courage!