Force de la Nature…

.

.

« … Comme le disait Dostoievski, « Il nous faut aimer la vie plutôt que le sens de la vie ». Il nous faut aimer la vie par-dessus tout, et de cet amour naîtra peut-être un sens. Mais « si cet amour de la vie disparaît, rien ne peut nous consoler »…

.

… « Donnez des racines à vos enfants, laissez-les avoir des ailes »…

.

… On peut se créer des racines en restant sur place. Mais ce que j’espère pour ma fille, c’est qu’il y ait une autre façon de s’ancrer profondément et joyeusement à la terre, même si l’on est en partance, une façon de se sentir chez soi dans le monde naturel, où que l’on se trouve. Un enracinement qui tienne au fait de percevoir, de se soucier, de se remémorer, d’étreindre, de prendre plaisir à l’immensité de l’horizon, de trouver un réconfort dans l’odeur familière de la pluie…

.

… Le monde est-il conforme aux capacités de notre esprit, ou notre esprit limité borne-t-il notre connaissance du monde ? Peut-être l’intelligence fait-elle de son mieux en captant ce qui est lent, aisé, ordinaire, tout en laissant échapper le meilleur. À l’idée qu’il y a un au-delà de la perception humaine, j’enrage de frustration, comme un chien qui fait les cent pas devant une porte close, gratte et renifle l’air qui filtre. Que peut être cet élément lointain, invisible qui ne correspond à aucune de nos catégories ? Au-delà du spectre visible, de la gamme sonore, des nomenclatures, quel est cet élément si radieux qu’il nous aveuglerait, ferait exploser nos sens et nous précipiterait au sol ?…

.


… « Aimer le Beau, c’est vouloir retrouver la patrie perdue de l’âme. » – Plotin…

.

… Une artiste m’a dit un jour que pour peindre quelqu’un il faut peindre les ombres sur son visage. Regarde de près pour voir de quelle couleur sont ces zones d’ombre, m’a-t-elle dit. Les ombres ne sont jamais noires. Elles contiennent toutes les nuances de la palette : brun, bleu, gris foncé, mais aussi orange et jaune, lavande et vert. Il y a parfois du rose dans les ombres. Les couleurs des endroits sombres changent et chatoient, prends-y garde. Observe-les sur la durée. Il y a une texture dans chaque ombre, voilà ce qui importe. L’obscurité humide est luisante, mais les autres ombres sont ternes. Regarde de près : son pull projette-t-il une ombre sur son cou ? Y-a-t-il des ombres dans ses yeux ? Examine la forme des ombres, leur densité, leurs courbes et leurs angles, car une ombre définit aussi ce sur quoi elle retombe.

Si l’un de nous perd la mémoire, saurons-nous le reconnaître en observant les ombres qu’il projette ? Que deviennent les souvenirs lorsqu’ils sont chassés des lieux où ils s’étaient enracinés ? Lorsque le temps change l’ordre des mois, efface des images, raye des lieux sur une carte ? Et inversement que deviennent ces lieux quand disparaissent les souvenirs ? Quand les histoires pâlissent en se détachant d’un promontoire de granit, quand les significations s’effacent dans le remous des vagues dans les roseaux, quand la tempête déracine les idées pour les rejeter sur la grève. Lorsque les repères s’évanouissent, une forêt de pins blancs devient un talus embroussaillé où les graines migrent, évoluent, apparaissent et disparaissent, se dissimulent des jours durant pour rejaillir à un moment inattendu… ».

.


Extraits de : « Petit traité de philosophie naturelle » 1999  Kathleen Dean Moore.

Illustrations :1/« Yosemite »  Thomas Hill 1829-1908  2/« Arbres »  Nicolae Grigorescu 1838-1907  3/« L’Hudson » Winslow Homer 1836-1910.

…..

Puiser dans ses racines pour se donner des ailes…

BVJ – Plumes d’Anges.

12 commentaires sur “Force de la Nature…”

  1. JC dit :

    Il m’a fallu du temps pour me sentir de quelque part , pour être citoyenne d’un monde qui me semblait ne pas m’accueillir. IL a fallu surtout que je m’accueille moi-même telle que je suis et non pas telle que j’aimerais être. Belle journée à toi Brigitte. Amitiés. Joëlle

  2. naline dit :

    Chacun dispose en soi de ressources insoupçonnées !
    Belle fin de semaine, Brigitte !

  3. ÉPHÊME dit :

    Très beaux textes, et tableaux qui m’ont fait remonter en moi la Nature…. Merci « Brigitte »

  4. Patrick dit :

    Je me régale du mélange texte-image de ton blog.
    La qualité est à chaque fois au rendez-vous avec toi.
    Bises et belle journée.

  5. Martine dit :

    Quel beau blog, je viens de regarder peintures et textes avec bonheur, je vais essayer de retourner en arrière dans le blog pendant mes petites vacances chez ma fille (et si mes petites-filles me laissent du temps…) belle semaine, Martine

  6. Christelle dit :

    Tant de vérités, tant de sagesse, la nature est encore notre force tant qu’on la protége …mais cette mission semble devenir périlleuse au fil du temps …

  7. durgalola dit :

    un beau texte – et très belles peintures .. J’aime bien laissez avoir des ailes à vos enfants !!! peut être nous faut il les aider à se les réparer.

  8. Dominique dit :

    un livre que j’ai beaucoup aimé et dont tu as choisi de très bons extraits

  9. witney dit :

    Aimer la vie oui à 100% , merci pour ces beaux textes et bises

  10. Pâques dit :

    Je suis toujours enchantée par les merveilles de la nature, la contempler me remplit de joie et souvent m’apporte les réponses …

  11. Ariane dit :

    Partir loin c’est aussi se chercher et parfois se trouver. Je souhaite que ta fille soit heureuse de ce voyage, qu’elle vive sa vie avec la joie au cœur et le sourire. Quant aux racines, moi je n’en ai pas précisément mais en fait j’ai celles de l’endroit précis où je suis en ce moment. Déménageant souvent, pas de famille ancrée, je construits mes racines avec les autres qui m’entourent au fur et à mesure et dans les paysages qui m’entourent. Il y a parfois des « racines » qui sont des nœuds et qui dessèchent les êtres … Qu’en penses-tu ma Plume jolie ? Bisous

  12. ANNE dit :

    Mon message a disparu: j’ai rattrapé mon retard chez toi, et si j’ai aimé la citation d ethoreau sur l’oiseau, j’ai adoré cet article-ci aussi!

Laisser une réponse

*