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» Un jour, un sultan convoqua ses ministres les uns après les autres. Il montra à chacun un merveilleux bijou finement ouvragé. Il demanda au premier :
« À combien estimes-tu ce bijou ?
– Majesté, répondit le ministre, il vaut au moins la quantité d’or que peuvent porter six mulets.
– Ton évaluation est correcte. », dit le sultan.
Puis il tendit un marteau au ministre et, plaçant le bijou devant lui, lui ordonna :
« Casse-le ! »
Le ministre recula, effrayé, et finit par bafouiller péniblement :
« Majesté, c’est impossible ! C’est un bijou inestimable. Je ne peux pas faire ça ! »
Le sultan le combla de cadeaux et le fit asseoir à ses côtés. Puis il fit venir un deuxième ministre qui réagit comme le premier. Le troisième, le quatrième et tous les autres en firent autant. Tous, couverts de cadeaux, siégeaient autour du sultan qui convoqua, alors, son esclave préféré. Lui montrant le bijou, il lui demanda à combien il l’évaluait :
« Je ne saurais le dire, répondit l’esclave. Sa valeur est bien trop grande pour que je puisse l’estimer.
– Eh bien, casse-le ! » ordonna le sultan, lui tendant le marteau.
Sans hésiter, l’esclave prit le marteau et broya le bijou du premier coup. Les ministres furent scandalisés. Le sultan, lui, pleura d’émotion.
« Je ne suis pas ici pour refuser de casser un bijou et recevoir des cadeaux, se justifia l’esclave. Obéir à l’ordre de mon maître compte plus pour moi que cet objet précieux. »
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À un moment donné, si nous voulons avancer et que notre voix intérieure, notre maître intérieur, nous l’ordonne, nous devons accepter de sacrifier certaines choses, aussi précieuses soient-elles… »
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« Le bijou du roi » Extrait de « La sagesse des contes » 1997 Alexandro Jodorowsky.
Illustrations : 1/« Viel homme en costume oriental : Sultan Soliman » Jan Lievens 1607-1674 2/« Projet de bijou avec montre » Alexis Falize 1811-1898.
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Accepter de perdre certaines choses pour avancer…
BVJ – Plumes d’Anges.
Sacrifier de belles choses, c’est bien une attitude qui ne nous est pas naturelle. Pourtant, oui, parfois, après avoir réfléchi et pris conseil, on peut se départir d’objets, d’attitudes ou de passe-temps pour un avenir plus en conformité avec nos désirs. Mais « briser » le trésor me parait une nécessité seulement de l’ordre symbolique.
il faut que j’avoue, je crois que je me sens plus ministre qu’esclave dans cette histoire et que j’ai bien du mal à faire certains sacrifices !!! mais quand même de temps en temps …
Voici encore un merveilleux texte illustré !
Il paraît que le sacrifice est une fête entre l’âme et Dieu ; tout le monde n’est pas apte à participer à cette fête…
Bises.
J’aurais eu aussi la même réaction que les ministres .. les leçons de Jodorowsky sont peut-être trop subtiles pour moi 😉
Voilà une belle leçon symbolique , car briser un bel objet est pour moi difficile…être esclave est impossible…mais ce conte nous montre la voie d’ une certaine sagesse…d’ une manière troublante tout de même..:-))
Bisous Brigitte…J’ aime les histoires avant d’ aller dormir..!!
Ouhhh … ça va loin, là.
Tout dépend du « maître » …
Qui mérite qu’on casse (tue?) pour lui ?
Bisous Brigitte.
J’adore quand Jodo nous lit des contes faits sur mesure pour nous emmener loin et celui-ci n’est pas pour les débutants!
J’aime ce que cite Manée, je crois que quand l’âme et Dieu sont d’accord sur la valeur du sacrifice, il cesse d’en être un et tout s’arrange pour le mieux.
Voyager sans impédimenta a toujours été mon rêve, au propre et au figuré, si on veut aller un peu loin il faut se débarasser du superflu sous toutes ses formes et petit à petit on y arrive, on s’allège, on s’envole!
Je ne sais pas si je pourrais briser la merveilleuse montre du 2ème tableau, ou obéir au doigt et à l’oeil à qui que ce soit, mais la leçon est belle et Jodo si convaincant, alors………………….
Matière à réflexion, en effet… Merci de nous faire découvrir ce conte !
Belle soirée !
Oui, sans hésitation, sacrifier son ego pour obéir au Maître !… Bien à Toi, chère Brigitte
Pas facile de sacrifier des choses précieuses ! Pour cela il faut être sûr de la voix intérieure… et avoir une bonne dose de courage ! J’aime bien ce conte en tout cas.