Faire l’oiseau…

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… »Les oiseaux sont, naturellement, les plus joyeuses créatures du monde. Je ne prétends pas par là, qu’à les entendre ou à les voir, l’on se réjouisse toujours, mais je veux dire que les oiseaux, en eux-mêmes, ressentent la joie et la gaieté plus que les autres animaux…

… C’est vraiment un grand réconfort et un grand plaisir que procure, autant me semble-t-il aux animaux qu’à nous-mêmes, le chant des oiseaux. Je crois que cela tient moins à la douceur des sons, à leur variété ou à leur harmonie qu’à cette idée de joie qu’exprime naturellement le chant, en particulier celui-là, lequel est une sorte de rire que l’oiseau émet lorsqu’il est plongé dans le bien-être et le contentement…

… Les oiseaux ne tiennent jamais en place, ils vont et viennent sans nécessité, se plaisant à voler par jeu… Dans le court instant où ils demeurent au même endroit, ils s’agitent toujours d’un côté et de l’autre, tournoient, ploient leur col, étirent leurs ailes, s’ébrouent et virevoltent avec une aisance, une vivacité, une promptitude indicibles…

… À ces caractéristiques extérieures correspondent des qualités internes, propres au domaine de l’âme, lesquelles leur assurent également une plus grande aptitude au bonheur. Ils ont l’ouïe si fine, la vue si perçante et si parfaite qu’on ne peut que difficilement s’en faire une représentation exacte. Ces facultés leur permettent de jouir de spectacles immenses, sans cesse changeants, car de là-haut, ils découvrent d’un coup d’œil une telle étendue de terre et distinguent tant de lieux différents que, même par l’esprit, l’homme ne saurait les embrasser aussi vite. On peut en déduire que c’est chez les oiseaux que l’imagination atteint son plus haut degré de vivacité et de puissance. Non point cette imagination profonde, fébrile, orageuse, qui fut celle de Dante ou du Tasse, don funeste, lourd d’angoisses et de tourments perpétuels, mais une imagination riche, variée, légère, instable et enfantine, source inépuisable de pensées aimables et joyeuses, de tendres illusions, de jouissance et de plénitude, et qui est le présent le plus précieux que puisse accorder la nature à une âme vivante. Ainsi, de cette faculté, les oiseaux recueillent-ils à profusion ce qui favorise l’épanouissement de l’âme, non ce qui pèse et la chagrine… »

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Extraits de : « L’éloge des Oiseaux »  Giacomo Leopardi 1798-1837.

Tableaux : 1/« Oiseaux autour d’une partition » Artiste anonyme XIX/XXème 2/« Les deux tourterelles »  William Powell Frith 1819-1909.

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Prendre de l’altitude, faire l’oiseau…

BVJ – Plumes d’Anges.

6 commentaires sur “Faire l’oiseau…”

  1. Dominique dit :

    Cet orchestre ailé est vraiment magnifique, Léopardi lui c’est du bon toujours, je trouve magnifique que cet homme puisse écrire d’aussi belles lignes sur les oiseaux lui qui était empêtré dans un corps difforme et douloureux !

  2. Lily dit :

    « Les oiseaux chantent parce qu’ils voyagent, s’aiment, se haïssent. Ce sont des joueurs curieux. » Cette phrase – magnifique à mon goût – est extraite de la présentation du livre « Pourquoi les oiseaux chantent » de Jacques Delamain. Il parait que c’est un ouvrage de référence vibrionnant et gai … écrit par un charentais de surcroit. Bises et amitié.

  3. masyl dit :

    Un texte juste qui conte si bien la nature des oiseaux et ce que je ressens en les regardant. L’auteur est un fin connaisseur. Bonne journée

  4. paminé dit :

    Qui n’a jamais rêvé s’envoler tel un oiseau et planer dans le ciel, découvrant ainsi le vaste monde ? bonne journée …

  5. Mathilde dit :

    Le monde des oiseaux restera toujours un monde enchanteur…un monde d’ enchantement..
    Ils nous donnent une belle leçon de vie…:-))

  6. naline dit :

    Jolies créatures, que ces créatures ailées, tellement délicates, tellement résistantes. Un monde qu’on n’a pas fini de découvrir !
    Beau dimanche !

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