Cadeau de l’oiseau…

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… « Un marchand persan gardait un oiseau indien dans une cage. Devant partir pour un voyage en Inde, il demanda à l’oiseau :

– Veux-tu que je te rapporte un cadeau ?

– Non, dit l’oiseau. Tout ce que je veux, c’est ma liberté.

– Je n’ai pas l’intention de te l’accorder.

– Alors je te demande de te rendre un moment dans la forêt où je suis né, là-bas, en Inde, et d’annoncer aux autres oiseaux ma captivité.

– Je le ferai, dit le marchand.

Il se rendit comme promis dans la jungle indienne à l’endroit indiqué par l’oiseau et annonça à voix très haute qu’il gardait en captivité tel oiseau. Aussitôt, de la plus haute branche, un autre oiseau tomba inanimé sur le sol. C’est sans doute un parent de mon oiseau, se dit le marchand, et mon annonce a provoqué sa mort.

Quand il revint chez lui, l’oiseau lui demanda des nouvelles de son voyage.

– Hélas, lui dit le marchand, j’ai bien peur d’apporter une nouvelle mauvaise. Un de tes parents est tombé sans mouvement sur la terre quand j’ai annoncé ta captivité.

À peine le marchand avait-il parlé que l’oiseau tomba lui-même au fond de la cage et ne bougea plus. Cette mauvaise nouvelle l’a tué aussi, se dit le marchand. Frappé de chagrin, il ouvrit la cage, saisit l’oiseau et déposa son corps sur le rebord de la fenêtre, que caressait un rayon de soleil.

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Aussitôt l’oiseau se ranima. Il battit vivement des ailes et vola jusqu’à la branche d’un arbre proche.

De là, il s’adressa au marchand :

– Comprends maintenant ceci : ce que tu prenais pour une triste nouvelle de mort était en fait un message de joie. Par ton intermédiaire, cet oiseau lointain, mon parent, me suggérait une façon de me libérer. C’est ce que j’ai fait.

Et l’oiseau s’envola vers l’Est en chantant. »

« L’Oiseau indien » Conte relaté par Jean-Claude Carrière dans « Le cercle des menteurs » 1998.

Illustrations : 1/« Étude d’un moineau en vol »  Giovanni Da Udine 1487 – 1564  2/ « L’Oiseau mort »  Jean-Baptiste Greuze 1725 – 1805.

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Observer le monde, y découvrir les signes…

BVJ – Plumes d’Anges.

9 commentaires sur “Cadeau de l’oiseau…”

  1. Anne dit :

    Oui, en fait, c’est une parabole rapportée par Anthony de Mello qui, à la fois asiatique et occidental, a fait le lien ente 2 mondes et 2spiritualités. tous ses contes sont à méditer. entre autres, la formidable poupée de sel que j’ia illustrée dans un cercle d’échanges textiles. Ravie de relire ça et aussi de découvrir que d’autres fracontent ce même récit. Le livre est bien, sinon?

  2. lolo dit :

    Rusé l’animal, la feinte est efficace… Jouons nous-aussi pour que les rôles évoluent et pourquoi pas choisissons la suite de nos histoires !
    des bises tendres et à bientôt

  3. Aifelle dit :

    Une histoire pleine d’enseignements sous une très jolie forme.

  4. Paminé dit :

    Quelle coïncidence, alors que ce matin, dans mon atelier je modelais des oiseaux en terre, tout en écoutant sur les ondes des nouvelles pas très réjouissantes, et en pensée,je « devisais sur la liberté », et réalisais que notre monde tel qu’il était ordonnancé, n’était pas fait pour la liberté des personnes!! alors qu’en est-il de celle des animaux ?merci de cette jolie histoire à méditer absolument. Bises

  5. Sarah dit :

    Jolie histoire, pleines de symboles

  6. Bravo petit oiseau .Voilà une histoire qui met en joie. ✿◕ ‿ ◕✿

  7. poussy dit :

    Cette histoire est jubilatoire et libératoire!

    En cherchant bien, je crois que moi aussi ça a dû m’arriver une ou deux fois de feinter pour me libérer, je suis comme Lolo, j’adore inventer la suite de mes histoires!

    Et puis parler aux oiseaux et leur demander ce que je pourrais leur offrir, ça me fait rêver depuis toujours, alors…

    Je t’embrasse, Brigitte, tu es l’oiseau-fée des plus jolies choses de nos vies! Je t’appelle dès que je rentre de London.

  8. Que c’est beau , joyeux même et la peinture de cet oiseau en vol est admirable .EB

  9. Nathanaëlle dit :

    Moralité : on ne capture pas un animal, on le laisse à sa chère foret, certaines personnes, pour leur plaisir, veulent des animaux sous leurs yeux, au détriment du bonheur de ceux-ci, l’homme est égoiste, il n’est poutant pas le roi sur cette Terre. Ce conte est très beau, et fait comprendre que la liberté vaut aussi pour le monde animal. Je ne parle pas des animaux dits « de compagnie » qui ont besoin de nous au quotidien, mais même là, il faut leur laisser leur moment à eux. L’homme veut toujours asservir la Nature, si seulement ce genre de conte pouvait le faire réfléchir mais hélas, il ne l’ecoute même pas. il existe un conte dans le genre de celui-ci, un poème je crois, que Stravinski avait mis en musique. Merci pour ce joli moment passé chez toi, et pour ces belles oeuvres à contempler.
    Bel Automne,

    Bisous

    Nathanaëlle

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