Répertoire céleste…

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« … Dans ce geste de l’enfant, j’ai revu le tien, ta manière de prendre soin de ceux que tu aimes, ton souci des plus petites choses. Je suis maladivement attentif à ce genre de détails. Rien ne me bouleverse plus dans cette vie que ces gestes pauvres, indispensables pour que le jour succède au jour. Mes maîtres sont des musiciens, des poètes, des peintres, des mages. Mes maîtres sont des petits enfants…

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… Un tête-à-tête permanent avec Dieu, dans cette vie, serait accablant. Il faut à l’amour un peu d’absence…

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… J’ai dans le cœur un arbre. Les grands airs de Mozart font luire ses feuilles comme sous le sacre d’une pluie d’été…

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… L’amour est une matière plus dure que le diamant, donnée sans condition par Mozart quand Mozart joue, donnée par le silence, la solitude, la pluie et la lumière quand Mozart dort…

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… Les mains aristocratiques des nouveaux nés, délicatement fermées  sur une prise invisible, et le bégaiement de deux notes dans une sonate de Mozart, sont deux bons exemples de ce qu’est un miracle.

J’aimerais savoir prier, j’aimerais savoir appeler au secours, j’aimerais savoir remercier, j’aimerais savoir attendre, j’aimerais savoir aimer, j’aimerais savoir pleurer, j’aimerais savoir ce qu’on ne peut apprendre, je ne le sais pas, je ne sais que m’asseoir et laisser Dieu entrer pour faire le travail à ma place, Dieu ou le plus souvent, il ne faut pas trop exiger, un de ses intermédiaires, la pluie, la neige, le rire des enfants, Mozart…
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… Les moments les plus lumineux de ma vie sont ceux où je me contente de voir le monde apparaitre. Ces moments sont faits de solitude et de silence. Je suis allongé sur un lit, assis à un bureau ou marchant dans la rue. Je ne pense plus à hier et demain n’existe pas. Je n’ai plus aucun lien avec personne et personne ne m’est étranger. Cette expérience est simple. Il n’y a pas à la vouloir. Il suffit de l’accueillir, quand elle vient. Un jour tu t’allonges, tu t’assieds ou tu marches, et tout vient sans peine à ta rencontre, il n’y a pas à choisir, tout ce qui vient porte la marque de l’amour…

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… Dieu descend à terre aussi naturellement que la musique de Mozart monte au ciel, mais il nous manque l’oreille pour l’entendre…

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… Les heures silencieuses sont celles qui chantent le plus clair…

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« Mozart et la pluie »  – 1997  –  Christian Bobin.

Tableaux : 1/« Deux enfants jouant avec des rubans de soie »  Johann-Baptist Reiter 1800-1886   2/et 4/ « Magnolia et velours rouge »  Martin Johnson Heade 1819-1904   3/« Paysage d’hiver »  Gunnar Äberb 1869-1894.

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Musique céleste, musique de l’amour…

BVJ – Plumes d’Anges.


9 commentaires sur “Répertoire céleste…”

  1. Anne dit :

    Je suis une inconditionnelle de l’écriture de Bobin,j’ai tout lu,j’adore, contente de relire ici ces bribes. ET as-tu remarqué comme les peintres aiment les tissus, dans le 1° tableau (de Reiter), chaque détail est une miniature. Merci:la journée commence bien!!!

  2. Kenza dit :

    Quelle jolie découverte et quel bonheur que ce billet!
    Comme à ton habitude, tu sais allier à poésie les images qui vont faire fondre et émouvoir…
    Je n’ai encore rien lu de Christian Bobin, je le découvre grâce à toi et je vais m’empresser de combler cette lacune.
    Merci m, gros bisous et très belle journée

  3. Moi non plus , je ne connais pas Christian Bobin… j’ai bien envie de le lire quand je vais rentrer …
    Bisous et merci à toi …
    Flo

  4. valdelia dit :

    Je ne me lasse pas de lire et relire les mots de Christian Bobin, que j’apprécie tout particulièrement. Merci de nous en proposer ici un bel extrait, si délicieusement illustré !
    Les enfants sont à croquer !

    Un moment magnifique et émouvant.
    Merci pour toute cette beauté, ma gentille Brigitte.

    Bisous tout doux
    V.

  5. Très beau , plein de grâce ton doux billet de ce jour .EB

  6. Anne dit :

    Merci pour ton long commentaire sur mon blog; j’y ai répondu. A bientôt,Anne

  7. je viens de trouver un moment entre parenthèses ici, décidément, c’est très beau!…
    merci pour ton-tes comm sur mon blog, tu m’as faite sourire, bravo pour Alice, peu des personnes invitées à ce dîner ont trouvé le thème de la table – j’adore ce film, je le regarde comme si je partais faire un petit voyage dans un autre monde…le lièvre et le loir me font tant rire, et cette reine blanche si drôlement jouée! la scène de la potion riquiqui est une vraie perle.
    j’ai adoré préparer ce décor même si je n’ai pas trouvé tout ce que j’aurais voulu…

  8. poussy dit :

    Par les temps qui courent, imagines-tu la joie que tu m’as faite en citant « Mozart et la pluie »?

    Tu le sais, pour moi Christian Bobin est merveilleux et essentiel. C’est avec lui que j’ai appris à aimer la pluie, dont il dit que le crépitement est exactement le même que celui du feu de bois ( j’ai vérifié, c’est vrai ! ).
    Où que je sois et quoi que je fasse, j’ai toujours un livre de lui dans mon sac, que je peux ouvrir, ne serait-ce qu’une minute, parce que c’est à chaque fois le même miracle de cette parole pure qui me dit qui je suis…

    En l’écoutant aujourd’hui, sur fond de pluie battante, (mais peut-être était-ce Mozart, après tout…), avec cet incroyable tableau de Reiter et ces oiseaux dans la neige, si vifs, je me disais qu’il ne me manquait plus qu’une goutte de champagne pour atteindre mon idéal de bonheur terrestre!!
    Alors, merci, merci Brigitte

  9. lolo dit :

    Le premier tableau est si réussi qu’on dirait une photographie,

    Ah l’amour, la paix et la sérénité …
    Mozart et champagne, cela m’inspire pour le futur
    qu’il pleuve alors encore un peu ou qu’il neige et ce sera parfait
    des bises tendres

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