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... » Générosité de la gratitude… Cette dernière expression, que je dois à Mozart, m’éclaire : si la gratitude nous fait défaut si souvent, n’est-ce pas encore par incapacité à donner, plutôt qu’à recevoir, par égoïsme plutôt que par insensibilité ? Remercier, c’est donner ; rendre grâce, c’est partager. . . Ce plaisir que je te dois, ce n’est pas pour moi seul. Cette joie c’est la nôtre. Ce bonheur, c’est le nôtre…
… Que donne la gratitude ? Elle se donne elle-même : comme un écho de joie, disais-je, par quoi elle est amour, par quoi elle est partage, par quoi elle est don. C’est plaisir sur plaisir, c’est bonheur sur bonheur, gratitude sur générosité…
… La gratitude est don, la gratitude est partage, la gratitude est amour : c’est une joie qu’accompagne l’idée de sa cause, comme dirait Spinoza, quand cette cause est la générosité de l’autre, ou son courage, ou son amour. Joie en retour : amour en retour. Au sens propre, elle ne peut donc porter que sur des vivants. Il y a lieu toutefois de se demander si toute joie reçue, quelle qu’en soit la cause, ne peut pas être l’objet de cette joie en retour qu’est la gratitude. Comment ne pas savoir gré au soleil d’exister ? À la vie, aux fleurs, aux oiseaux ? Aucune joie ne me serait possible sans le reste de l’univers (puisque, sans le reste de l’univers, je n’existerais pas). ..
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… Ne confondons pas la gratitude avec les renvois d’ascenseur…
… La gratitude (charis) est cette joie de la mémoire, cet amour du passé – non la souffrance de ce qui n’est plus, ni le regret de ce qui n’a pas été, mais le souvenir joyeux de ce qui fut…
… Joie sur joie : amour sur amour. La gratitude est en cela le secret de l’amitié, non par le sentiment d’une dette, puisqu’on ne doit rien à ses amis, mais par surabondance de joie commune, de joie réciproque, de joie partagée. « L’amitié mène sa danse autour du monde, disait Épicure, nous enjoignant à tous de nous réveiller pour rendre grâce. » Merci d’exister, se disent-ils l’un à l’autre, et au monde, et à l’univers. Cette gratitude-là est bien une vertu : puisque c’est le bonheur d’aimer, et le seul. »
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« Petit traité des grandes vertus » – 1995 – Extraits de « La gratitude » – André Comte-Sponville.
Illustrations : 1/« Cygnes, joncs et iris » Motif de papier peint – Walter Crane 1845-1915 2/ « Sauterelle sur plante fleurie » Tsuji Kakô 1870-1931.
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Vivre la joie de partager…
BVJ – Plumes d’Anges.
Et bien c’est exactement de la gratitude alors que je ressens en admirant cette sauterelle sur plante fleurie de Tsuji Kako ! C’est tellement harmonieux, tellement lumineux !
Merci à toi de nous donner chaque jour l’occasion de partager une émotion.
Plein de bisous et belle journée !
Brigitte,
Jolies paroles et magnifique fleur… La gratitude ? Hum… Bien des choses à dire…
Je viens de te taguer, si tu le souhaites, et seulement si tu le souhaites, j’aimerais connaitre tes réponses à ce petit tag. Donc, à ta guise !
Passe une douce journée Brigitte…
Valérie
Encore moi car je relis ces paroles sur la gratitude, l’amour, l’amitié, les échanges… Il est pour moi (ce texte) particulièrement d’actualité. Il me fait à nouveau réfléchir…
Douce soirée.
Valérie
Délicatesse et poésie… une harmonie en douceur…assurément je reviendrai te rendre visite
Pampilles et Colombages
Beau billet que je lis sur le tard , merci Brigitte .EB.
La gratitude serait -elle presque la seule façon « acceptable » d’être au monde?
J’en suis convaincue, plus que jamais.
Christian Bobin le dit magnifiquement dans une interview, je ne résiste pas:
« La gratitude est le sommet de cette vie; éprouver et dire un « merci ».
C’est sans doute l’expression la plus haute de l’existence.
Remercier de ce qui nous est donné, du simple fait d’être vivant, voilà l’essentiel. »
Nous en serions si changés si ce mot si magnifique existait totalement et intensément, mais hélas, nous avons tous nos arrangements avec la gratitude , mais quelle amertume de ma part de le penser , car c’est oui , une émotion si vive et complète et un très très beau billet de votre part Plume.