Être ou paraître…

.

.


 » Nasr Eddin, un grand sac sur le dos, entra un beau matin dans le verger d’un voisin. Aussitôt, il se mit en devoir de remplir le sac de tout ce qui lui tombait sous la main : melons, pastèques…

Mais voilà qu’il fut aperçu par le propriétaire :

– Que cherches-tu ici ? cria-t-il.

Nasr Eddin, embarrassé, tenta de se justifier :

– Il se trouve qu’hier au soir, il s’est levé une bourrasque qui a ravagé le verger et la violence du vent m’a poussé jusqu’ici.

Le propriétaire, sceptique, ajouta :

– Mais, dis-moi un peu, qui donc a ramassé tout cela ?

– Voilà, comme j’étais entraîné d’un côté et de l’autre, afin de ne pas me laisser choir, je me suis accroché à tout ce que je rencontrais. C’est ainsi que ces cucurbitacées sont restées entre mes mains.

– Cependant, je voudrais bien savoir qui les a mises dans ce sac, continua le propriétaire.

Ne parvenant pas à trouver une réponse de nature à sauver les apparences, Nasr Eddin, déconcerté, secoua la tête. Il finit par murmurer :

– Ma foi, je me le demande aussi… »

.


Une autre petite histoire du Mulla Nasr Eddin, personnage du folklore du Moyen-Orient.

Tableau : «  Rodolphe II peint en Vertumne, dieu romain des saisons –  Guiseppe Arcimboldo – 1527 – 1593.

…..

Être ou paraître, là est la question…

BVJ – Plumes d’Anges.

6 commentaires sur “Être ou paraître…”

  1. Être ou paraître …être ou pas être…voilà qui m’inspire !
    Dès demain, je mettrai en ligne une image et une citation sur être ou pas être !
    Je penserai à vous en la mettant en ligne !

    Merci Brigitte !

    Manée

  2. valdelia dit :

    Tu sais combien j’aime les histoires de Nasreddine Hodja, Brigitte !

    Merci pour celle-ci ! Le tableau d’Arcimboldo l’illustre de façon amusante et inattendue.

    Etre ou paraître…ETRE, dans tous les cas, en ce qui me concerne ! Le reste n’est que vernis et illusion, sources de bien des déceptions une fois ôtés !

  3. brunehaut dit :

    être et (ap)paraître aux yeux des autres, celle ou celui que l’on est vraiment

    mais sur la perception de ces derniers, avons-nous réellement du pouvoir ?

  4. chanchan.s dit :

    j’adhère aux propos de Brunehaut. Notre être profond (trans)paraît sûrement, mais que voit l’autre?
    Un peu de lecture:
    André Gide le paraître et l’être

    « Ne pas se soucier de paraître. Être, seul est important. Et ne pas désirer, par vanité, une trop hâtive manifestation de son essence. D’où ne pas chercher à être par pure vanité de paraître; mais bien parce qu’il est seyant d’être tel.

    Mon esprit ergotait tantôt, pour savoir s’il faut d’abord être, pour ensuite paraître; ou paraître d’abord, puis être ce que l’on parait? (Comme ceux qui achètent d’abord à crédit, puis, après, s’inquiètent de la somme qu’il faut pour solder leur dette; paraître avant que d’être, c’est s’endetter envers le monde extérieur.) Peut-être, disait mon esprit, l’on n’est qu’en tant que l’on paraît. D’ailleurs les deux propositions sont fausses, séparées:

    . C’est pour paraître que nous sommes;

    . C’est parce que nous sommes que nous paraissons.

    Il faut joindre les deux dans une réciproque dépendance; on obtient alors l’impératif souhaité : Il faut être pour paraître. Le paraître ne doit pas se distinguer de l’être; l’être s’affirme en le paraître; le paraître est la manifestation immédiate de l’être ».Journal

    Texte Amérindien.
    Cela ne m’intéresse pas de savoir quel est ton métier, ce que je veux savoir, c’est ce qui te tient à cœur et si tu oses rêver d’accomplir tes désirs, si tu es prêt à paraître fou, par amour ou pour tes rêves, pour l’aventure d’être vivant.

    Je veux savoir si tu as touché le cœur de la tristesse, si tu es ouvert, suite aux épreuves de la vie ou si tu t’es desséché et fermé par peur de la douleur.

    Je veux savoir si tu peux expérimenter ta douleur ou la mienne sans chercher à la cacher, à la diminuer ou à la solutionner.

    Je veux savoir si tu peux entrer dans la joie, la mienne ou la tienne, si tu peux danser sauvagement et laisser l’extase te remplir jusqu’au bout des doigts sans apposer des limites humaines et sans penser être prudent ou réaliste.

    Cela ne m’intéresse pas de savoir si l’histoire que tu me racontes est vraie, ce que je veux savoir, c’est si tu peux décevoir quelqu’un d’autre afin de rester vrai envers toi-même, si tu peux supporter l’accusation d’être un traître et ne pas trahir ta propre âme.

    Je veux savoir si tu as suffisamment de foi pour être digne de confiance, je veux savoir si tu sais voir la beauté même si ce n’est pas beau tous les jours.

    désolée Bribri, aujourd’hui, je suis un peu longue (merci Mr « copié/collé) mais, avoue que tu nous poses des questions pour le moins inspirantes!!

    mimis

  5. Plumes d'Anges dit :

    Pour un lundi, bravo ! Quelle belle énergie !
    Le paraître ne doit pas se distinguer de l’être, c’est sûr. Mais qui sommes-nous vraiment ?
    Il me semble que le travail de notre vie est de nous révéler à nous même, et nous avons la vie pour le faire.
    J’aime beaucoup ce texte amérindien, c’est très fort… L’aventure d’être vivant…

  6. brunehaut dit :

    Merci chanchan pour ces deux textes très intéressants que je découvre grâce à vous.

Laisser une réponse

*