L’eau d’Ange…

Ce billet est dédié à Sarah.B.

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Les dames du Manoir des Thélémites l’appréciaient déjà :

« A l’issue des salles du logis des dames, estoyent les parfumeurs et les testonneurs*, par les mains desquelz passoyent les hommes quand ils visitoyent les dames. Iceulx fournissoyent par chascun matin les chambres des dames d’eaue rose, d’eaue de naphe et d’eaue d’ange**, et à chascune la precieuse cassoleste, vaporante de toutes drogues aromaticques… « 

* ceux qui testonnoient ou frisoient la téte

** c’est une eaue de senteur composée d’iris de Florence, de storax…

Oeuvres de François Rabelais – « Des songes drolatiques de Pantagruel » M.DCCCXXIII – Tome second – Chapitre LV – ouvrage posthume.

Ce sont les Médicis qui ont popularisé l’eau d’Ange. Ils estimaient les apothicaires par dessus tout et ont ainsi assuré le succès de cette senteur au delà du duché de Florence.

Benjoin, santal citrin, iris, citron, noix de muscade, cannelle, bois de rose, eau de myrte, musc, civette… auraient composé cette eau merveilleuse.

Ce fabuleux Traité des Parfums écrit par Simon Barbe en 1693 nous livre tous les secrets des poudres pour les cheveux, des savonnettes, des essences et huiles parfumées aux fleurs, des pommades, des parfums bons pour la bouche, des eaux de senteur, des grosses poudres à la Maréchalle et toutes les manières de s’en servir, des peaux et gands parfumez, du tabac…

Dans l’épitre de cet ouvrage dédié à MONSEIGNEUR LE PRINCE D’HARCOURT, notre parfumeur nous confie : « Toutes ces choses, Monseigneur, que la Renommée a pris soin de répandre dans l’Univers sont autant de Parfums qu’elle a épanchez, à vôtre honneur, et comme c’est la première parfumeuse, j’ay crû devoir l’imiter en vous dédiant le Traité que j’ai fait de tout ce qui peut contribuer à la satisfaction des personnes de qualité, soit par les Parfums, Essences, Pastilles, soit aussi par toutes les autres bonnes odeurs dont je donne les compositions. J’augure favorablement pour mon petit Ouvrage, et le succez en sera très heureux, si VOSTRE ALTESSE daigne le recevoir et agréer que je fasse sentir à tous le monde qu’il y a pour le moins autant d’honneur que de plaisir à être sous vôtre appuy. Je suis avec un très profond respect

MONSEIGNEUR

DE VOSTRE ALTESSE,

Le très humble, très obéissant & très obligé Serviteur. »

S.BARBE.

Il rappelle au lecteur l’importance des parfums « & l’on n’ignore pas non plus que Salomon ce Roy si sage & si éclairé avoit quantité de Filles qui luy composoient des parfums : la Reine de Saba le venant voir luy en fit present de plusieurs sortes. Les presens qui furent faits au Sauveur par les trois Rois dans l’hommage qui luy rendirent furent pour la plupart des parfums… »

Y avait-il déjà de l’eau d’Ange dans ces cadeaux ?

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Illustrations – 1/  Styrax Benzoin  – Franz Eugen Köhler –1897 

2/ Couverture du livre Le PARFUMEUR FRANÇOIS – Simon Barbe – 1693 .

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Parfum suave, épicé, léger, capiteux, exhalaison d’une senteur agréable… Nous suivons tous l’effluve de nos rêves. Et qu’en pensent les Anges ?

BVJ – Plumes d’Anges .

2 commentaires sur “L’eau d’Ange…”

  1. valdelia dit :

    Oh ! Pour une surprise, c’est réussi, Brigitte !

    Merci infiniment, je suis très touchée et en rosis de plaisir et d’émotion !

    Joliesse des illustrations et richesse du texte : ah, ces parfums dont je ne me lasse pas !

    Sans compter que la composition de cette Eau des Anges me parle tout à fait !

    J’aime l’iris de Florence terreux et suave, le benjoin qui m’entoure de ses volutes baumés et vanillés, les épices chaudes et enivrantes, voire aphrodisiaques ( si, si ! ), le musc et la civette pour leurs notes animales à la limite du subversif, et la douceur tendre du bois de rose et la chaleur du santal.

    Utilisant ces matières, ma tête et mon coeur imaginent une formule toute personnelle :
    des agrumes en tête, pour le côté fusant et pétillant de l’Eau, comme le rire cristallin d’un ange.
    Les fleurs en coeur embaument et atténuent le pouvoir envoûtant des épices et des matières animales, tandis que les bois enveloppent la fragrance d’une chaleur rassurante, aidés en cela par un benjoin confortable et une myrte mystique. Une idée du Paradis, peut-être ?

    La caresse de l’aile d’un ange…

    Je suis conquise!

  2. lolo dit :

    Il est un drôle de métier que celui de parfumeur : enfant je m’essayais aux macérations de fleurs et de feuilles sans grand résultat…
    Bien plus tard j’ai lu Le Parfum de Patrick Süskind, je suis restée troublée par la finesse des descriptions des odeurs, arômes, flaveurs perçues , et les techniques empruntées pour la réalisation des parfums. Cette histoire n’est pas à l’eau de rose mais c’est une oeuvre réussie… à lire
    bises tendres

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