Faire réflexion…

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« Jeunes gens, prenez garde aux choses que vous dites.

Tout peut sortir d’un mot qu’en passant vous perdîtes.

Tout, la haine et le deuil ! – Et ne m’objectez pas

Que vos amis sont sûrs et que vous parlez bas… –

Écoutez bien ceci : 

 

Tête à tête, en pantoufle,  

Portes closes, chez vous, sans un témoin qui souffle,

Vous dites à l’oreille au plus mystérieux

De vos amis de cœur, ou, si vous l’aimez mieux,

Vous murmurez tout seul, croyant presque vous taire,

Dans le fond d’une cave à trente pieds sous terre,

Un mot désagréable à quelque individu ;

Ce mot que vous croyez qu’on n’a pas entendu,

Que vous disiez si bas dans un lieu sourd et sombre,

Court à peine lâché, part, bondit, sort de l’ombre !

Tenez, il est dehors ! Il connaît son chemin.

Il marche, il a deux pieds, un bâton à la main,

De bons souliers ferrés, un passeport en règle ;

– Au besoin, il prendrait des ailes comme l’aigle ! –

Il vous échappe, il fuit, rien ne l’arrêtera.

Il suit le quai, franchit la place, et cætera,

Passe l’eau sans bateau dans la saison des crues,

Et va, tout à travers un dédale de rues,

Droit chez l’individu dont vous avez parlé. 

Il sait le numéro, l’étage, il a la clé,

Il monte l’escalier, ouvre la porte, passe,

Entre, arrive, et, railleur, regardant l’homme en face,

Dit : – me voilà ! Je sors de la bouche d’un tel. –

 

Et c’est fait. Vous avez un ennemi mortel. »

 .

Dans ces temps de bavardages en tous genres,

de bruits médiatiques incessants,

de mensonges éhontés,

de mauvaise foi si souvent flagrante…

j’ai découvert ce formidable poème de Victor Hugo,

– vous pouvez l’écouter —> ICI, merveilleusement déclamé par André Dussolier-

publié avec d’autres dans un recueil nommé « Toute la Lyre« , œuvre posthume du poète .

Il n’y a pas de place pour la haine…

Beaucoup de perles à déguster au travers de ces pages,

j’espère que vous les apprécierez aussi.

V.H. serait-il  indémodable ?

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 Poème XXI-Corde 3-  extrait de « Toute la Lyre »  Victor Hugo  1802-1885.

Illustrations : 1/ « Rivière Bluff »  George Catlin  1796-1872 

2/ « Serpent et papillon » Jeronimo Jose Telles junior  1851-1914

…..

Bien choisir nos mots…

BVJ – Plumes d’Anges

16 commentaires sur “Faire réflexion…”

  1. Fiorenza dit :

    Quelle coïncidence : avec notre grande « petite-fille », nous avons assisté,
    il y a quelques jours, à une prestation semblable chez des amis,
    le conteur étant un ancien de la Comédie Française 🎭
    Quelle verve, quel entrain, quelle vérité dans ce MOT de Victor Hugo,
    un plaisir pur effectivement, chère Brigitte !

    Les mots sont des délices…de moins en moins appréciés, non ?
    Restons fidèles à notre belle tradition littéraire, à cet esprit français
    dans son acception la plus jubilatoire !
    Bonne semaine et…à bientôt 🤠

  2. Colo dit :

    Magnifique diction, si vivante (comme les mots) d’André Dussolier !

    Merci, je m’en vais le réécouter.
    Bonne semaine Brigitte, un beso

  3. thé ache dit :

    les mots arrivent chargés : de leurs étymologies (et c’est déjà énorme) et ce peut être à l’insu du porteur, mais en plus ils se chargent de tout ce que le porteur véhicule, quand on dit ce n’est que du vent : ce vent se peut dévastateur… et maintenant on écrit … et on fait savoir par écrans… Ce cher Victor Hugo ils continue son chemin et nous lui emboitons le pas : pas à pas et mot à mot ?

  4. Aifelle dit :

    Cette interprétation par André Dussolier est excellente (je l’avais passée un dimanche sur mon blog). Un texte d’une justesse incroyable. Je devrais pouvoir trouver le recueil à la bibliothèque. Bon lundi Brigitte, bises.

  5. Marie Minoza dit :

    « Tout peut sortir d’un mot qu’en passant vous perdîtes.
    Tout, la haine et le deuil ! »

    Une citation qui est de plus en plus vraie avec les réseaux sociaux!

  6. Dédé dit :

    Coucou. Je pense que VH est indémodable mais c’est surtout la société… qui n’évolue pas. Bises alpines.

  7. Béa Kimcat dit :

    Non il n’y a pas de place pour la haine !
    Quelle plume que celle de Victor Hugo ! Notre grand Victor…
    Bises et bonne poursuite de semaine Brigitte

  8. Cathie Flore dit :

    Oui, il faut faire attention à nos mots. Ils sortent vite et peuvent blesser longtemps. Cela me fait penser à la classe politique qui parfois a des mots arrogants, mal placés, insultants pour certains. Et les réseaux sociaux ? Et chacun(e) de nous ?!

  9. Cathie Flore dit :

    J’aime beaucoup A. Dussolier, mais qu’est-ce qu’il est rapide pour ce texte !!!

  10. Bonjour Brigitte,
    Je ne sais pourquoi mais j’ai bien du mal à laisser un commentaire. A chaque fois on me dit que le code spam n’est pas le bon …. Je change, je refais et en vain …
    Bref, là je fais court je te disais que j’avais beaucoup aimé le poème de V. Hugo dit par André Dussolier. Une pépite !
    Je t’embrasse et je croise les doigts pour que mon com arrive à partir

  11. Bridg dit :

    Ah j’aime ce poème qui met en garde contre les méchantes langues ! Nous sommes tous un jour ou l’autre victimes ou témoins de bruits, de on-dit, de rumeurs, de ragots dans notre vie personnelle, familiale, sociale ou professionnelle.

    Cela peut paraître anodin de répéter ce que nous avons entendu, vu ou entendu dire. Or, certaines situations peuvent être absolument dévastatrices, non seulement pour celui qui en est victime mais également pour celui qui colporte.

    Je te partage ici un autre texte qui a défaut d’être poétique reprend la même thématique, « les trois passoires ». Si je ne suis pas du tout assurée de son authenticité, ce texte n’en reste pas moins une bonne leçon à méditer :

    « Socrate avait, dans la Grèce antique, une haute réputation de sagesse. Quelqu’un vint un jour trouver le grand philosophe et lui dit :

    – Sais-tu ce que je viens d’apprendre sur ton ami ? 

    –  Un instant, répondit Socrate. Avant que tu ne me racontes tout cela, j’aimerais te faire passer un test rapide. Ce que tu as à me dire, l’as-tu fait passer par les trois passoires ? 

    – Les trois passoires ? Que veux-tu dire ? 

    – Avant de raconter toutes sortes de choses sur les autres, reprit Socrate, il est bon de prendre le temps de filtrer ce que l’on aimerait dire. C’est ce que j’appelle le test des trois passoires. La première passoire est celle de la VÉRITÉ. As-tu vérifié si ce que tu veux me raconter est VRAI ? 

    – Non, pas vraiment, je n’ai pas vu la chose moi-même, je l’ai seulement entendu dire. 

    – Très bien ! Tu ne sais donc pas si c’est la vérité. Voyons maintenant, essayons de filtrer autrement, en utilisant une deuxième passoire, celle de la BONTÉ. Ce que tu veux m’apprendre sur mon ami, est-ce quelque chose de BIEN ? »

    – Ah, non! Au contraire! 

    – Donc, continue Socrate, tu veux me raconter de mauvaises choses sur lui et tu n’es pas sûr qu’elles soient vraies. Ce n’est pas très prometteur ! Mais tu peux encore passer le test, car il reste une passoire : celle de l’UTILITÉ. Est-il UTILE que tu m’apprennes ce que mon ami aurait fait ? 

    – Utile ? Non, pas vraiment, je ne crois pas que ce soit utile. 

    – Alors, conclut Socrate, si ce que tu as à me raconter n’est ni VRAI, ni BIEN, ni UTILE, pourquoi vouloir me le dire ? »

  12. Tania dit :

    Je vais aller l’écouter, merci, Brigitte.

  13. yannn dit :

    Tel le crotale corail, ce que l’on dit de mal, va directement
    à la personne destinataire.
    Les écrits s’envolent, les paroles restent ….
    Bon, je crois n’avoir pas juste ….
    En tous les K, ces vers sont bien écrits.
    Tous les obstacles que les mots dits, maudits, arrivent à passer.
    VH, j’apprécie son imagination. ✅ Yann

  14. Célestine dit :

    Fabuleux ce Dussolier ! Et le texte d’Hugo est si vrai.
    Repensons aux accords toltèques et à leur « parole impeccable »…
    Mon père disait toujours : ce que tu dis de quelqu’un, demande toi si tu le dirais en sa présence…
    Ce n’était pas Socrate, mais il avait une grande sagesse.
     •.¸¸.•*`*•.¸¸☆

  15. Hugo était « intelligent » dans tous les domaines. Père, grand-père, amant, homme de livres, de poésie, de théatre, homme politique progressiste engagé auprès des plus simples et pourfendeur de la peine de mort….
    Comme tu le dis, il est toujours très actuel.
    Belle soirée Brigitte, affectueusement.

  16. daniel dit :

    Les mots sont des vibrations qui viennent toucher le coeur de notre interlocuteur ! Mieux vaut réfléchir avant de parler !

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