La belle ouvrage…

20 juillet 2025

.

.

J’ai une passion depuis la nuit des temps pour la lingerie ancienne,

entièrement cousue et brodée à la main.

Le travail est parfait, d’une délicatesse inouïe.

Petits plis plats sur fine percale, passe-ruban,

broderies de fleurettes, bords festonnés, boutons de nacre véritable…

Un enchantement !!!

J’ai eu « la chance » d’hériter de certaines pièces de mes aïeules,

je les coupe et les porte en chemise sur un jean.

L’ampleur est suffisante pour que le vêtement

soit confortable et la qualité du coton se

fait sentir au niveau de sa douceur et de sa solidité.

Celle-ci a été remaniée ce week-end,

j’ai bien-sûr réalisé l’ourlet « à la main » et j’en suis très heureuse.

Malheureusement, le repassage fut rapide,

avec 30 degrés à l’intérieur de la maison,

il m’a semblé prudent de ne pas m’attarder…

.

.

Ces savoir-faire s’oublient avec le temps, malheureusement,

mais les témoignages du passé sont là et nous insufflent l’idée

et l’envie de montrer et perpétuer cet art.

.

.

Cette camisole porte un monogramme M.S.,

il pourrait s’agir de Miette Ségol née Gouges,

mon arrière arrière arrière arrière grand mère.

La vie est incroyable et la transmission précieuse…

.

.

Comme le disait Monique Pivot dans sa préface de

l’Encyclopédie des ouvrages de dames de Thérèse de Dillmont :

« Créez, mes sœurs, créez et inventez,

Thérèse de Dillmont est là pour vous prendre en main,

dédramatiser et vous persuader qu’à défaut de génie,

vous possédez un talent certain. »

.

« Devant l’éclair

Sublime est celui

Qui ne sait rien »

Matsuo Bashô

Photos (pas terribles) BVJ.

…..

Détendre son esprit joyeusement…

BVJ – Plumes d’Anges.

Tempérance…

14 juillet 2025

.

.

… 124 – « Un ciel serein est soudain sillonné d’éclairs et ébranlé par le tonnerre. Un vent rageur et une pluie battante cèdent soudain au clair de lune.

La nature est-elle un instant arrêtée dans son évolution ? Le ciel est-il un instant entravé dans son mouvement ? 

Le cœur humain doit être à l’unisson. »

.

… 128 – « Notre corps est l’univers en petit. Nous contribuons à son équilibre en modérant joie et colère, en mesurant amour et haine. Le ciel et la terre sont nos parents à tous. On favorise l’harmonie générale en évitant au peuple tout motif de plainte et aux choses tout préjudice. »

.

… 146 – « Lorsque la lampe faiblit et que les voix de l’univers se taisent, c’est le moment pour nous de trouver le calme.

Lorsque les rêves de l’aube se dissipent et que le monde ne s’agite pas encore, c’est le moment de sortir de la torpeur.

Si nous profitons de ces instants pour entrevoir notre nature réelle et ouvrir notre cœur à la lumière, nous comprenons alors que nos sens sont des carcans qui nous emprisonnent et nos passions des machines qui nous commandent. »

.

.

… 147 – « Si nous nous en prenons à nous-mêmes, les choses qui nous arrivent sont autant de drogues salutaires. Si nous en voulons aux autres, les pensées qui nous agitent sont autant d’armes de guerre.

Ces deux attitudes sont aussi éloignées l’une de l’autre que le ciel de la terre. L’une ouvre la route du bien, l’autre fait jaillir la source du mal. »

.

… 151 – « L’eau est naturellement calme si l’on n’y soulève pas de vagues. Un miroir est naturellement clair si l’on ne cache pas son éclat.

Il n’est pas utile de se purifier le cœur, il suffit d’en bannir toute pensée trouble pour que sa pureté se manifeste d’elle-même. Il n’est pas nécessaire de rechercher la joie, il suffit d’éviter tout motif d’amertume pour que la joie existe d’elle-même. »

.

… 152 – « Une pensée qui enfreint les interdits du ciel, une parole qui perturbe l’harmonie de l’univers, un acte qui provoque le malheur de ses descendants sont les trois choses dont il faut se garder à tout prix. »

.

… 199 – « C’est au coucher du soleil que les nuages sont le plus lumineux. C’est vers la fin de l’année que les orangers sont le plus odorants.

C’est au bout du chemin, au soir de la vie, que l’être noble doit sentir son énergie spirituelle se décupler. » …

.

Ce recueil d’aphorismes au titre étonnant est un précieux livre de chevet.

L’auteur, Hong Zicheng, s’inspirant de divers enseignements

nous offre les fruits de sa réflexion et nous invite à y méditer.

On y picore quelques lignes ou quelques pages,

c’est simple, lumineux pour mieux vivre la vie

et aborder les évènements dans une plus grande sérénité. 

Très joli texte philosophique que je vous conseille vivement,

 je l’offrirais volontiers aux dirigeants de notre monde…

.

Extraits de : « Propos sur la racine des légumes »  – Livre premier – Hong Zicheng  1572-1620.

Illustrations : 1/ « Création du monde – 4 »  2/ « Allegro – Sonate au soleil – 2 »  3/ « Création du monde – 6 »  Mikalojus K. Curlionis  1875-1911.

…..

Trouver notre juste chemin…

BVJ – Plumes d’Anges.

Être seul…

6 juillet 2025

.

.

« – ÊTRE SEUL –

Être seul – ce qui n’a rien à voir avec une philosophie de la solitude – c’est de toute évidence être dans une situation révolutionnaire, en opposition avec tout l’édifice social – non seulement celui de notre société, mais des sociétés communistes, fascistes, de tous les types de société en tant que systèmes organisés de violence et de pouvoir. Et cela implique une extraordinaire perception des effets du pouvoir. Vous, par exemple, avez-vous remarqué ces soldats à l’entraînement ? Ils n’ont plus rien d’humain, ce sont des machines, ce sont vos fils, ce sont mes fils, qui sont là, au garde-à-vous, en plein soleil. C’est ainsi que les choses se passent, en Amérique, en Russie et partout – et non seulement au niveau politique, mais aussi au niveau religieux -, on appartient à un monastère, à des ordres, à des groupes qui exercent un pouvoir stupéfiant. Or l’unique esprit capable d’être seul est celui qui n’est pas assujetti. Et la solitude ne se cultive pas. Est-ce-que vous voyez bien cela ? Lorsque vous l’avez vu, vous êtes voué à l’exclusion, et pas un gouverneur, pas un président ne vous conviera à sa table. Cette solitude est source d’humilité. C’est cette solitude, et non le pouvoir, qui connaît l’amour. L’ambitieux, qu’il soit un homme de religion ou un homme ordinaire, ne saura jamais ce qu’est l’amour. Et si l’on voit bien tout cela, on a alors cette qualité d’existence totale, et donc d’action totale. Tout cela advient grâce à la connaissance de soi. »

 .

.

N’appartenons qu’à nous-même,

sortons de ces jugements et comportements binaires : pour ou contre, bons et méchants…

dictés par des gens de pouvoir ou des intérêts financiers de tout acabit.

Ne l’oublions jamais, nous sommes à l’origine de notre existence

et notre vibration détermine un présent et un futur, celui de l’humanité.

Parfois, nous devons traverser un désert, parfois un champs de fleurs, parfois un chaos, 

c’est dans les moments de grande solitude que naît une lumière,

s’initie un chemin, un chemin de force et de liberté, 

restons vigilants, patients, dans l’espérance et dans la joie,

tout viendra en son temps…

.

« Devant l’éclair –

Sublime est celui

Qui ne sait rien ! »

.

Matsuo Bashô

.

Extrait de : »Le livre de la méditation et de la vie« 

Jiddu Krishnamurti  1895-1986.

Photos BVJ – Alpes françaises juillet 2025.

 …..

Ne pas se laisser assujettir…

BVJ – Plumes d’Anges.

Florilège…

30 juin 2025

.

.

PETITE RÉFLEXION PERSONNELLE…

.

« La nuit n’est peut-être que la paupière du jour. »

.

« Ce n’est pas la lumière qui meurt au contact des ténèbres.

Ce sont les ténèbres qui meurent au contact de la lumière. »

.

« L’arbre de la tristesse, ne le plante pas dans ton cœur. 

Relis chaque matin le livre de la joie. »

.

« Ne laisse aucune ombre de regret t’assombrir,

Aucune peine absurde obscurcir tes jours.

Ne renonce jamais aux chants d’amour, aux prairies, aux baisers,

Jusqu’à ce que ton argile se fonde dans une plus ancienne. »

.

Omar Khayyam  1048-1131 – (1, 2 et 3 cités dans « Un monde de cœur »  2015  Lou Sylveread).

.

Rencontrer des mots – lus, écrits, entendus… -,

rencontrer des images – personnages, paysages, peintures… -,

rencontrer des êtres humains – parfois merveilleux, parfois inhumains -…

Cette balade en solitaire qu’est la vie de chacun nous questionne sans fin.

Des pourquoi ? des comment ? des vers où ? des vers qui ? …

Jamais ces interrogations ne nous offriront de réponses définitives,

seules nos intuitions nous guideront

pour vivre le mieux possible chaque jour nouveau, là est la règle du jeu ( règles du je ?). 

Ce qui reste universel, me semble-t-il, c’est la recherche de la beauté et de la gentillesse.

Ce sont des forces vives, des énergies positives,

des mets délicats qui méritent tous les égards, le monde en a tant besoin.

Lançons-nous dans la culture intensive de ces valeurs là

et nos cœurs vibreront enfin à l’unisson !

Belle semaine à toutes et à tous.

.

Illustrations : 1/ « En barque sur la Marne »  2/ « Vase de fleurs »  Henri Lebasque   1865-1937.

…..

Cultiver beauté et gentillesse…

BVJ – Plumes d’Anges.

Être l’été…

22 juin 2025

.

.

Croquer l’été à pleines dents, savourer ses fruits gorgés de soleil…

.

.

Se mouvoir joyeusement dans la nature, partager des moments uniques…

.

.

S’abreuver de lumière,

se détendre l’esprit en laissant nos dix doigts danser et créer…

.

.

Aller, venir, ouvrir nos yeux, nos oreilles, rêver…

.

.

Que cette saison nouvelle soit une fête en nous

malgré les canicules, les tempêtes et la folie du monde,

que la beauté, l’intelligence du cœur et la bienveillance l’emportent…

.

Et vous, que vous inspire l’été ?

.

« Rivière d’été

quel plaisir de la franchir

sandales en main »

Yosa Buson

.

Illustrations : 1/ « Figues » 5/ « Prunes » et  6/ « Melon »  Joseph Navratil   1798-1865  2/ « L’été ou les faucheurs » 3/ « Lisette cousant à Marquayrol » et 4/ « Les promeneurs ou les rêveurs »   Henri-Jean Guillaume Martin  1860-1943.

…..

Émaner notre chaleur humaine…

BVJ – Plumes d’Anges.

Questionnements…

15 juin 2025

.

.

« … CHEMINS INTÉRIEURS

« Aider les gens à devenir eux-mêmes, voilà le but

de l’érudition. M’aider à devenir moi-même afin

que je puisse mieux aider les autres

à devenir eux-mêmes. »

Lucien Jerphanion  « À voix nue » interview du 12/11/2014.

 

Quitter les vieux réflexes comme l’on se défait de vêtements usés… Qui pense ? Qui agit, réagit en nous ?

*

S’octroyer des cures d’impuissance, sans paniquer, sans se braquer, traverser les saisons de l’âme où rien ne progresse, apparemment…

.

UNE PENSÉE APRÈS L’AUTRE…

« On s’aperçoit que tout ce qui se fait présent à

l’esprit est sans exception sujet à ce mouvement,

à ces conditions, à cette nature. »

Chögyam Trungpa « L’entraînement de l’esprit »

 

Flot de pensées qui se chevauchent et se remplacent… Le moi comme entité figée statique, monolithique est un leurre, une vue de l’esprit.

 

Rassurant ! les pensées qui me traversent n’ont pas d’origine, ni de destination. Elles ne demeurent pas.

 

Ce à quoi je crois dur comme fer n’a absolument rien de solide, de permanent !… »

.

Porteur d’un handicap, placé à l’age de trois ans dans une institution religieuse, il en ressort dix sept ans plus tard, marqué.

C’est le questionnement d’un homme qui souffre dans sa chair et son esprit, un homme qui doute. Au fil de courts chapitres – chacun étant introduit par une citation –  il aborde de nombreux sujets qui sont autant de sujets de réflexion pour le lecteur.

Il interroge les philosophes pour trouver des réponses aux questions qu’il se pose. Il se met à nu, livre ses blessures, avance dans sa recherche même s’il a conscience que rien n’est jamais acquis. Il est en perpétuel manque d’affection, avec le temps il réalise que penser au bien des autres avant le sien en y associant la joie libère de beaucoup de souffrances inutiles et apaise. 

Un livre intime qui ne peut que toucher notre âme…

.

Extraits de « Cahiers d’insouciance «  2022  Alexandre Jollien.

Photos BVJ – Jardin de la Médiathèque Chalucet à Toulon.

…..

Trouver notre propre voie de paix…

BVJ – Plumes d’Anges.

Le gâteau sous les cerises…

8 juin 2025

.

.

« Le printemps qui s’en va

hésite

parmi les derniers cerisiers »

Yosa Buson

.

Un goût d’enfance inaltérable dans nos vieilles mémoires : le temps où nous grimpions lestement sur une échelle pour dévorer ces fruits charnus, où les robes du jour se trouvaient maculées de taches écarlates, où nos féminines oreilles se lestaient de cerises unies par leurs pédoncules…

Ah, les doux moments, un peu de nostalgie peut-être ? Oui, la nostalgie de cette insouciance, seule comptait la joie de s’empiffrer et, si l’on daignait en récolter dans un panier d’osier, celle de confectionner des confitures, des tartes ou des clafoutis…

Hum, les doux moments, vous-en souvenez vous ?

Laissez-vous tenter, vous ne regretterez pas le voyage…

.

.

– LE CLAFOUTIS AUX CERISES –

Ingrédients : 600g de cerises, 100 g de sucre vanillé (maison), 3 œufs, 100 g de farine, 25 cl de lait, 20 cl de crème fraiche.

Réalisation : Battre les œufs et le sucre, ajouter la farine tamisée, le lait et le crème.

Répartir les cerises dénoyautées ou pas, dans un plat à gratin beurré, verser la pâte et enfourner 45 minutes environ à 180 degrés.

Se régaler comme des enfants…

.

.

« Rien qui m’appartienne

sinon la paix du cœur

et la fraîcheur de l’air »

Kobayashi Issa

Illustrations : 1/ « Fleurs et cerises »  Clara von  Sievers  1854-1924  2/ et 3/  Photos BVJ – juin 2025.

…..

Cueillir la vie avec gourmandise…

BVJ – Plumes d’Anges.

Viens…

1 juin 2025

.

.

« À pied et le cœur léger, je pars sur la grand-route,

Bien portant, libre, le monde devant moi,

.

.

Le long chemin brun devant moi conduit

partout où je voudrai (…)

.

.

Allons ! qui que tu sois, viens, voyage avec moi !

.

.

En voyageant avec moi, tu trouveras

ce dont jamais on ne se lasse.

.

.

La terre ne lasse jamais,

La terre est rude, silencieuse, incompréhensible

au premier abord, la Nature est rude

et incompréhensible au premier abord,

.

.

Ne te décourage pas, persévère, il y a là

des choses divines soigneusement enveloppées,

Je te jure qu’il y a des choses divines plus belles

que les mots ne sauraient dire.

.

.

Allons ! Il ne faut pas nous arrêter ici ;

Quelques délicieuses que soient ces provisions

amassées, quelque agréable que soit

cette demeure, nous ne pouvons pas rester ici,

.

.

Quelque abrité que soit ce port et quelque

calmes que soient ces eaux, nous n’avons pas

le droit de jeter l’ancre ici,

Quelque accueillante que soit l’hospitalité qui

nous entoure, il ne nous est permis d’en jouir

que pendant un peu de temps (…)

.

.

Qui que tu sois, avance ! Homme

ou femme, avance !

Il ne faut pas rester là à dormir ou à muser

dans la maison, même si tu l’as bâtie toi-même

ou si on l’a bâtie pour toi.

.

.

 Sors de ce noir emprisonnement !

Sors de derrière ce paravent ! … »

.

Ciel chargé, ciel azuré, incroyables paysages encore sauvages, d’une beauté renversante. Des senteurs à foison, tout est apaisé, tout est apaisant.

Et pourtant dans certains lieux la terre a tremblé, des villages entiers sont en reconstruction, des habitants relogés de façon temporaire – depuis de nombreuses années – vivent courageusement, il y a tant à faire.

La Nature est Reine, elle crée et détruit des merveilles sans relâche,

l’Homme doit plier, s’adapter, reconstruire l’abri, le toit, le jardin,

panser ses plaies, retenir ses larmes, larmes de tristesse mais aussi larmes de joie

en admirant simplement les éternels prodiges…

.

Extraits du poème « Chant de la grand-route » – 1856 – dans « Feuilles d’herbe »  Walt Whitman 1819-1892.

Illustrations : Photos BVJ – La Nature autour de Sienne, les Monts sibyllins, les Abruzzes…, la vallée d’Aoste – mai 2025.

…..

Avancer courageusement…

BVJ – Plumes d’Anges.

Rêves éveillés…

11 mai 2025

.

.

« Je suis éveillé.

Je m’endors.

Je rêve que je suis éveillé.

Je rêve que je m’endors.

Je rêve que je rêve.

 

Je rêve que je rêve

que je suis éveillé.

Je rêve que je rêve

que je m’endors.

Je rêve que je rêve

que je rêve.

 

 Je suis éveillé. »

.

« La pensée ne peut tenir dans l’homme.

C’est pourquoi elle se lance comme un bélier contre le ciel,

fichée comme un coin entre couleur et couleur,

cherchant son lieu

dans le corps du monde.

 

Sa charge de puissance nue

ravage les bords et le fond,

comme un courant barbare qui dévore son lit.

 

La pensée est une liberté plus grande que l’homme. »

.

« On me dicte des choses,

non d’un autre monde ou partant d’autres êtres,

mais, plus humblement, du dedans.

 

Qui donc est au dedans,

en plus de moi ?

Ou peut-être n’y suis-je pas,

peut-être ai-je laissé la place

pour qu’un autre me dicte ?

 

S’il en est ainsi,

peu importe que la dictée

personne ne la comprenne.

Peu importe même

que moi je la comprenne.

 

Être n’est pas comprendre. »

.

« Il est des vies qui durent un instant :

leur naissance.

 

Il est des vies qui durent deux instants :

leur naissance et leur mort.

 

Il est des vies qui durent trois instants :

leur naissance, leur mort et une fleur. »

.

Quand les poèmes s’imposent,

qu’ils égrainent leurs mots comme des cailloux blancs,

quand les images se proposent,

nous retrouvons enfin notre chemin,

le chemin des rêves étoilés…

.

Poèmes tirés de Poésie verticale – Roberto Juarroz  1925-1995.

Illustrations : 1/ « Plafond peint – Château d’Amerongen » photo A.J. 

2/ « Angélique sauvage »  Akseli Gallen-Kallela  1865-1931.

…..

Se laisser habiter…

BVJ – Plumes d’Anges.

Choix du cœur…

4 mai 2025

.

.

« … Tu as l’impression que ta vie présente n’est pas celle que tes parents voulaient pour toi ? a-t-elle demandé, comme si elle l’avait compris à demi-mot.

– C’est ça… Du coup, je me déçois moi-même. Je crois que je suis trop immature pour vivre de façon indépendante.

– Tu voulais ne dépendre de personne ?

– C’était un vague rêve d’enfant. Je ne sais pas pourquoi, mais je n’ai jamais voulu avoir un travail précis. Être médecin ou avocat, très peu pour moi. Je n’ai jamais voulu réussir ni être célèbre. Je voulais mener une vie tranquille, c’est tout. Je voulais qu’on reconnaisse ma valeur en tant que telle. D’où mon vague rêve d’exister de façon autonome.

– C’est vraiment beau un rêve pareil.

– Pas du tout, je pense qu’à l’époque je ne savais pas rêver.

Yeong-ju a pianoté sur la bouteille ; il s’est appuyé contre le dossier de sa chaise.

– Moi je rêvais d’ouvrir une librairie.

– Alors tu as réalisé ton rêve.

– Ce n’est pas faux, pourtant ce n’est pas l’impression que j’ai. Et je ne sais pas pourquoi…

.

Pour que l’harmonie soit belle en musique, elle doit être précédée d’une dissonance. Ainsi en musique, harmonie et dissonance doivent coexister. Et la vie est comme la musique. La vie est belle parce que la dissonance précède l’harmonie…

.

– Il y a une chose que l’on apprend au cours de ses lectures, c’est que tous les auteurs sans exception sont tombés dans un puits, au moins une fois dans leur vie. Certains viennent tout juste d’en sortir, alors que d’autres en ont émergé depuis longtemps. Et tous nous disent : je suis sûr d’y retomber.

– Et pourquoi devrais-je écouter ces histoires de personnes tombées dans un puits ? Ça ne me concerne pas, a dit Min-cheol, le visage indéchiffrable.

– Et bien… c’est très simple. Le seul fait de savoir que je ne suis pas seule à souffrir me rend plus forte. Tiens, lui-aussi, il a des problèmes ? Ma souffrance est toujours là, mais elle s’allège plus ou moins. Je suis convaincue qu’il n’existe personne qui ne soit jamais tombé dans un puits.

Elle eu un petit sourire.

Minc-cheol l’écoutait, l’air assez grave.

– Et là, me vient l’idée de sortir de cet état d’impuissance. Alors je me relève. Et, ça alors, je me rends compte que le puits n’était pas profond du tout. Je sens une brise légère qui souffle vers ma droite, selon un angle de trente-cinq degrés. Je me dis soudain que j’ai de la chance d’être en vie. Parce que le vent me fait vraiment du bien… »

.

C’est l’histoire d’un rêve réalisé : devenir libraire…

Yeong-ju quitte son emploi, la pression et le rythme du travail ne lui conviennent plus, elle est épuisée. Elle choisit d’installer sa librairie dans un quartier excentré de Séoul – elle ressent bien le lieu – et propose à ses clients des livres bien-sûr mais aussi du très bon café. De petites tables sont installées, on peut venir feuilleter, acheter ou déguster. Pendant les six premiers mois de sa nouvelle activité, elle est d’humeur taciturne, elle réfléchit silencieusement, lit beaucoup, établit des fiches de lecture qu’elle glisse dans les ouvrages, anime un blog.

Elle se rend compte que le poids qu’elle a sur les épaules est à nouveau trop important. Elle engage Min-jun, un barista, lui donne un bon salaire, pour une période de deux ans : il se prend au jeu et cherche à transformer sa fonction, chaque jour son café sera meilleur et plus subtil grâce à des mélanges improbables. Elle organise des rencontres avec des auteurs, elle suit son cœur, élabore des listes de questions pertinentes, anime des discussions avec des lecteurs sur des sujets à thème…

Des habitués peuplent quotidiennement le lieu et de nouveaux clients accourent. Elle transforme sa librairie en un lieu d’échange plein d’humanité, les questions affluent et des réponses sont proposées avec un infini respect, chacun appréciant l’intensité du moment présent. Des bribes du passé font surface , on en sait un peu plus sur les personnages, l’histoire se peint toujours par petites touches…

C’est un premier roman pour cette jeune auteure, un roman bienveillant et paisible, je l’ai de plus en plus apprécié au fil des pages, si vous avez besoin de douceur, partez à sa rencontre, il vous fera du bien…

.

Extraits de : « Bienvenue à la librairie Hyunam »  2022 Hwang Bo-reum.

Illustrations : 1/« Étagères avec livres et objets » attribuée à Giuseppe Castiglione  1688-1766  2/« Nature morte avec oiseau en cage, livres, café… »  Johann Rudolph Feyerabend  1779-1814.

…..

Avoir confiance en nos capacités…

BVJ – Plumes d’Anges.