Archive pour la catégorie ‘plumes à rêver’

Bruit d’ailes…

mercredi 28 juin 2017

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« … Et un autre écrivain américain du XIXème ajoutait  :

« Tant qu’un homme reste fidèle à lui-même,

tout abonde dans son sens,

gouvernement, société, le soleil même, la lune et les étoiles. »…

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… Les grandes idées, on l’a dit, viennent dans le monde sur des pattes de colombe. Peut-être alors, si nous prêtions l’oreille, entendrions-nous, au milieu du vacarme des empires et des nations, comme un faible bruit d’ailes, le doux remue-ménage de la vie et de l’espoir. Les uns diront que cet espoir est porté par un peuple, d’autres par un homme. Je crois qu’il est au contraire suscité, ranimé, entretenu, par des millions de solitaires dont les actions et les œuvres, chaque jour, nient les frontières et les plus grossières apparences de l’histoire, pour faire resplendir fugitivement la vérité toujours menacée que chacun, sur ses souffrances et sur ses joies, élève pour tous. »

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Extraits de : « Discours de Suède – conférence du 14 décembre 1957 :

L’ARTISTE ET SON TEMPS »  Albert Camus  1913-1960.

Illustrations : 1/Étude de bras et de mains »  Evelyn de Morgan  1855-1919  2/« Femme et vases de fleurs »  Beatrice Whistler  1857-1896.

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Nous sommes tous riches des uns et des autres…

BVJ – Plumes d’Anges.

Percevoir…

lundi 26 juin 2017

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« Si chaque jour

tombe dans chaque nuit

il existe un puits

où la clarté se trouve enclose.

 

Il faut s’asseoir sur la margelle

du puits de l’ombre

pour y pêcher avec patience

la lumière qui s’y perdit. »

 

Extrait de : « La rose détachée et autres poèmes » Pablo Neruda  1904-1973.

Illustration : « Un rayon de soleil »  John White Alexander  1856-1915.

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Percevoir…

BVJ – Plumes d’Anges.

Songe d’une première nuit d’été…

jeudi 22 juin 2017

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Utopie

« Le poète en des jours impies vient préparer des jours meilleurs.

Il est l’homme des utopies ; les pieds ici, les yeux ailleurs. »

Victor Hugo

 

« Le terme « utopie » a été créé par Thomas More en 1516 à partir du grec ou (privatif) et topos, « le lieu » : ce qui n’est d’aucun lieu, nulle part. Son ouvrage intitulé L’Utopie décrit la meilleure constitution d’une République. Pour le philosophe, l’utopie est en effet la description d’une société idéale. Déjà chez Platon, dans La République, on trouve une forme de pensée utopique. Ces utopies théoriques vous semblent-elles utiles, voire nécessaires ?

– Le constat que nous avons fait à maintes reprises est que la spécificité de notre espèce est de savoir l’existence d’un demain, donc de s’efforcer d’imaginer ce qu’il sera et, mieux, ce qu’il pourrait être. Prévoir, jouer les Cassandre, est s’abandonner à la fatalité, faire comme si demain était déjà écrit, comme s’il suffisait de l’attendre. Faire un projet, décrire un demain conforme à nos souhaits, c’est admettre, au contraire, que nous avons prise sur le passage d’aujourd’hui à demain, que nous pouvons orienter le cours des évènements. Une société sans utopies est une société passive, pas encore véritablement humaine. Toute communauté humaine se doit de proclamer son objectif et de commencer à prendre les moyens de s’en approcher.

Une utopie est une étoile lointaine vers laquelle on prend la décision de se diriger. Il ne s’agit pas de prétendre l’atteindre, mais d’être fidèle à l’attraction de sa lueur, même lorsqu’elle est à peine discernable dans le brouillard… »

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C’est à chacun de nous d’entretenir le feu de cette étoile lointaine, les petits changements journaliers, les défis même minimes que l’on se lance, les pensées bienveillantes que l’on envoie au monde, nos choix en matière de consommation, nos boycotts de ce qui pollue la société…  tout cela pourra orienter un lendemain meilleur.

À chacun son utopie, Albert Jacquard avait publié la sienne

Quelle serait la vôtre ?

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Extrait de : « Petite philosophie à l’usage des non-philosophes » Albert Jacquard 1925-2013 (avec la participation d’Huguette Planes).

Illustrations : 1/« Geai des chênes, nid et œufs »  2/ »Nid et œufs du Busard des roseaux »  Jan Christiaan Sepp  1739-1811.

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Songer à songer…

BVJ – Plumes d’Anges.

Trouées de lumière…

jeudi 15 juin 2017

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« … Les arbres étaient des chênes pour la plupart. Ils avaient été plantés, les premiers, dès l’époque de Louis XIV. À mesure qu’on avance dans les allées forestières, on découvre des alignements inattendus. Le désordre des troncs fait alors place, pour un instant, à une trouée rectiligne qui semble conduire jusqu’à l’horizon. Cette irruption de la volonté humaine dans le chaos de la nature ressemble assez à la naissance de l’idée dans le magma des pensées confuses. Tout à coup, dans les deux cas, naît une perspective, un couloir de lumière qui met de l’ordre dans les choses comme dans les idées et permet de voir loin. Dans les deux cas, ces moments lumineux ne durent pas. Dès que l’on reprend sa marche, dès que l’esprit se remet en mouvement, la vision disparaît, si l’on n’a pas pris garde de la fixer par la mémoire ou l’écriture.

Reste qu’avancer dans une telle forêt est un puissant stimulant pour la réflexion… »

Jean-Christophe Rufin – 2014 – Le collier rouge.

Tableau d‘Ivan Chichkine (1831-1898) « Fougères dans la forêt de Siversky ».

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Stimuler notre réflexion…

BVJ – Plumes d’Anges.

Visions…

jeudi 1 juin 2017

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« Pour faire une prairie,

il faut un trèfle et une abeille,

Un trèfle et une abeille,

Et de la rêverie.

 

La rêverie seule suffira

Si les abeilles sont rares. »

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La rêverie nous sauve en bien des occasions,

le tout est de l’appeler,

de l’attirer vers nous,

d’entretenir sa présence.

De vastes étendues apparaissent,

vivantes, lumineuses,

ainsi fleurissent les rêves,

ainsi naissent les prairies.

 

Poème d’Emily Dickinson 1846 – 1864.

Illustration : « Paysage du New-Jersey »  George Inness  1825-1894.

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Ne jamais oublier, la rêverie…

BVJ – Plumes d’Anges.

Pays dorés…

lundi 29 mai 2017

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« … La recherche avait commencé et comme à chaque fois, Salvatore Piracci se dit à lui-même : « Quel étrange métier nous faisons. Nous voilà à la recherche de cinq barques dans l’immensité et pourquoi ? »

Au fond, ces histoires d’émigration et de frontières n’étaient rien. Ce n’était pas cela qui lui faisait quitter le port pour aller piocher dans la nuit la plus noire. À cet instant précis, il n’y avait plus de bâtiment de la marine militaire et de mission d’interception. Il n’y avait plus d’Italie ou de Libye. Il y avait un bateau qui en cherchait un autre. Des hommes partaient sauver d’autres hommes, par une sorte de fraternité sourde. Parce qu’on ne laisse pas la mer manger les bateaux. On ne laisse pas les vagues se refermer sur des vies sans tenter de les retrouver. Bien sûr les lois reviendraient et Salvatore Piracci serait le premier à réendosser son uniforme. Mais à cet instant précis, il cherchait dans la nuit ces barques pour les soustraire aux mâchoires de la nature et rien d’autre ne comptait…

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Aucune frontière n’est facile à franchir. Il faut forcément abandonner quelque chose derrière soi. Nous avons cru pouvoir passer sans sentir la moindre difficulté, mais il faut s’arracher la peau pour quitter son pays. Et qu’il n’y ait ni fils barbelés ni poste frontière n’y change rien. J’ai laissé mon frère derrière moi, comme une chaussure que l’on perd dans la course. Aucune frontière ne vous laisse passer sereinement. Elles blessent toutes… »

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Les actualités, des images télévisées, on ne peut rester de marbre…

Aujourd’hui, les capitaux circulent librement mais sur notre globe,

des malheureux prennent des risques inouïs pour fuir une guerre, avoir un travail

et d’autres tentent de les sauver,

l’instinct nous portant heureusement à tendre la main !

Si plus d’équité et de justice étaient exercées en amont,

si ces penchants pour la domination étaient gommés

dès le plus jeune age à travers la planète,

ces Hommes ne quitteraient pas leurs lieux de naissance pour nos mondes « dorés »,

ils pourraient croire en la force de leur être, de leurs racines,

vivre dignement en toute liberté et non survivre ou disparaître,

l’Eldorado serait en eux…

Quelle chance nous avons de vivre dans nos pays dorés,

il faut vraiment en avoir conscience !

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Extraits de : « Eldorado »  2006  Laurent Gaudé.

Illustrations : 1/« Bateau et clair de lune »  2/« Voile jaune »  Odilon Redon  1840-1916.

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Souhaiter ardemment la vie et non la survie…

BVJ – Plumes d’Anges.

Feu de la vie…

dimanche 14 mai 2017

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« … Certains mots sont probablement aptes à changer le monde, ils ont le pouvoir de nous consoler et de sécher nos larmes. Certains mots sont des balles de fusil, d’autres des notes de violon. Certains sont capables de faire fondre la glace qui nous enserre le cœur et il est même possible de les dépêcher comme des cohortes de sauveteurs quand les jours sont contraires et que nous ne sommes peut-être ni vivants ni morts. Pourtant à eux seuls, ils ne suffisent pas et nous nous égarons sur les landes désolées de la vie si nous n’avons rien d’autre que le bois d’un crayon auquel nous accrocher…

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Celui qui ne poursuit aucun rêve court un grave danger

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L’homme est une créature étonnante. Il lutte contre les puissances naturelles, triomphe de difficultés apparemment insurmontables, il est le seigneur de la terre et pourtant, il maîtrise aussi peu sa pensée que les gouffres qu’elle recouvre, qu’abritent ces abîmes, comment se forment-ils, et d’où nous viennent-ils, ces profondeurs obéissent-elles à des lois ou bien l’homme traverse-t-il la vie avec, au fond de l’âme, un périlleux chaos ?…

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… Vie, qu’es-tu donc ? Peut-être la réponse se love-t-elle au creux de la question, de l’étonnement qu’elle recèle. La clarté vitale s’affadit-elle pour se transformer en ténèbres dès-lors que nous cessons de nous étonner, de nous interroger et que nous envisageons la vie comme une banalité ?… »

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Extraits de : « Entre ciel et terre »  2007  Jon Kalman Stefansson.

Illustrations : 1/« Sibérie au mois de mars-Etude »  Witold Pruszkowski  1846-1896  2/« Coin de jardin »  Augustin Satra  1877-1909.

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Entretenir le feu de la vie…

BVJ – Plumes d’Anges.

Ombre et lumière…

mercredi 10 mai 2017

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« …le monde le plus étrange n’est pas celui dans lequel nous vivons, mais celui que nous avons créé…

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… quand on comprend qu’on ne peut pas être détruit parce qu’on est fait de lumière, alors la peur est absente de nos vies…

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 « On ferme les yeux des morts avec douceur, c’est aussi avec douceur qu’il faut ouvrir les yeux des vivants. »

Jean Cocteau

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L’ombre gagne du terrain parce qu’on parle moins de la lumière. La déprime a la cote, le trash bat les records d’audience, et si quelqu’un se trouve quelques charmes à la compassion, il passera pour un doux allumé. Voici la victoire paradoxale de l’ombre : le monde ne va pas plus mal qu’autrefois, il irait même plutôt mieux, mais personne n’est au courant. C’est plutôt malin, non ? On a même réussi à faire croire que le bonheur appartient aux riches et que cette richesse aux biens sans envergure est devenue un but honorable pour tous…

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cette question que chacun se pose : « Où allons-nous après la mort ? » n’est absolument pas la bonne. La question serait plutôt : « Qu’avons-nous à faire tant que nous sommes là ? »…

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Toutes les études menées récemment accréditent que le monde dans lequel nous vivons est en fin de course. Il nous faudrait retrouver au plus vite notre principe de base d’une vie où nous sommes une part de l’autre, tous en interconnexion. Quand les Occidentaux observent un tableau, ils décrivent le personnage central, mais quand les Orientaux prennent le relais, ils parlent du contexte tout autour. Pour que tout aille bien pour le groupe, il nous faudrait en tout domaine choisir des solutions qui tiennent compte de l’autre…

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L’évolution a commencé, mais elle est longue et lente, à la mesure de notre grande peur. L’après-vie appartient aux religions et notre vie corporelle aux médecins. Deux colossales maisons se partagent ainsi un pouvoir indiscutable et jamais remis en jeu sur la totalité de notre vie, et elles ont tout intérêt à ne jamais laisser passer des informations déstabilisantes, fussent-elles extraordinaires pour leurs disciplines. Entre les deux propriétaires, pas de lien, une hostilité même. Pour les religions, un corps impur, un fardeau qui doit disparaître ou nous perdre, pour les médecins, pas d’âme, des organes qui pensent...

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N’est-ce pas merveilleux de se dire que dépendre les uns des autres, c’est être un petit grain de sable qui a du pouvoir dans une grande immensité que nous pouvons faire briller ? Ce serait un peu comme chanter dans une immense chorale. Bien-sûr, on n’est qu’une voix. Mais ce chant qui s’élève, cette beauté qui fait pleurer et dont nous sommes une partie, n’est-ce pas l’essentiel ? Et savoir que les désirs les plus intenses qu’on peut éprouver peuvent soulever des montagnes ? Et se dire qu’on peut appeler un être de lumière pour être secouru, n’est-ce pas un bel espoir ?…

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Extraits de : « Les Brumes de l’apparence »  2014  Frédérique Deghelt.

Illustrations : 1/ « Ile de Rugen »  Carl Gustav Carus-Nobbin  1789-1869  2/Paysage du Japon (détail) – Peinture anonyme du XVIIème.

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Parler de la lumière…

BVJ – Plumes d’Anges.

Vœu simple…

dimanche 7 mai 2017

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« … Appelé à la fenêtre par les fleurs immaculées du cerisier : « viens voir l’éternité qui passe et qui t’oublie, viens vite ! »

Un seul regard sur le pré en ravit toutes les fleurs.

L’herbe est remplie de diamants. Ils s’évanouissent quand on veut les prendre…

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L’âme des pivoines ne se donne pas, elle explose en plein vol sous mes yeux qui n’en découvrent que les débris glorieux, blancs, rouges et roses.

Si les paupières des nouveaux-nés, la dérive des nuages ou la fleur de sel des poèmes nous chuchotent quelque chose de l’éternel, c’est parce qu’elles sont cet éternel…

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… Aujourd’hui l’humain mime l’humain. L’air de la sympathie est joué mais quand on s’approche il n’y a personne. L’humain s’éloigne.

Présenter à une troupe de pivoines joufflues un bébé fraîchement éclos reste un délice incorruptible… »

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Extraits de : « Éclat du solitaire »  2011  Christian Bobin.

Illustrations : 1/« Pivoines et papillon »  Johan Christoffer Bayer  1738-1812   2/« Optimiste »  Lawrence Alma Tadema 1836-1912.

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Faire vœu de bienveillance universelle…

BVJ – Plumes d’Anges.

Des lumières…

samedi 29 avril 2017

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« On n’aperçoit pas du tout les mêmes choses selon qu’on élargit sa vision à l’horizon qui

s’étend, immense et immobile, au-delà de nous…

Ou selon qu’on aiguise son regard sur l’image qui passe, minuscule et mouvante,

toute proche de nous.

Comme une luciole, l’image finit par disparaître à notre vue et s’en va vers un lieu

où elle sera, peut-être, aperçue par quelqu’un d’autre, ailleurs… »

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Quand une éditrice inspirée cueille un bouquet de phrases sur les pages d’un essai écrit

de main de maître par un philosophe et historien de l’art,

je veux citer Georges Didi-Huberman…

Quand cette même éditrice confie à une illustratrice inspirée le soin de mettre en images

ces mots, le résultat est splendide et l’harmonie parfaite !

Amélie Jackowski :

on connait d’elle un univers poétique sans égal, les couleurs

y chantent, l’imagination y est débordante, les symboles y fleurissent,

c’est une symphonie de notes lumineuses.

Tout a un sens, rien n’est laissé au hasard,

ainsi les enfants ont matière à rêver et à interroger…

Un texte superbe illustré avec grand talent, encore un coup de cœur !

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Un clic ICI et vous connaîtrez le beau travail de cette maison d’édition,

nos chères petites têtes brunes, rousses ou blondes

adorent poser et se poser de grandes questions!

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Extrait de : « Des Lucioles »   2017   Georges Didi-Huberman et Amélie Jackowski.

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Rechercher des lumières et devenir nous-mêmes « porteurs de lumières »…

BVJ – Plumes d’Anges.