Archive pour avril 2012

Figures ovoïdes…

samedi 7 avril 2012

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« Lorsque les oiseaux se posent et demeurent sur terre, c’est pour mettre au monde et s’occuper d’un objet étrange qui a toujours fasciné l’homme : l’œuf.

C’est une sorte de matrice minérale, fermée aux regards extérieurs, étrangère à la mère qui l’a pondue et pourtant c’est elle qui gestera secrètement l’oiseau. Pour éclore, il demande simplement une température à peu près constante. À l’intérieur, se produit spontanément toute une alchimie mystérieuse qui aboutit à l’éclosion du poussin.

Cet objet singulier a servi de modèle à beaucoup d’anciennes cosmologies. L’univers est lui aussi né d’un œuf mystérieusement issu de l’océan primordial.

C’est l’œuf de Brahma de la mythologie hindoue qui se divise en deux moitiés : l’une d’or, l’autre d’argent. Entre les deux, apparaissent les montagnes, les nuages et les rivières.

De même dans la religion originelle du Japon, le Shinto, l’œuf premier se scinde en deux parties pour donner naissance au ciel et à la terre entre lesquels l’homme et la nature pourront s’épanouir.

Dans l’épopée finnoise du Kalevala, ce sont six œufs d’or et un de fer qui se brisent pour donner naissance à toutes choses.

Viracocha, le Dieu suprême des anciens Incas est lui-même un œuf.

Dans l’alchimie, l’œuf philosophique ou Athanor est l’image du monde. C’est en son sein que se produit cette genèse qui aboutira à la pierre philosophale.

L’œuf, symbole de naissance, est aussi celui de la renaissance. Dans certaines tombes de l’ancienne Russie, on trouve des œufs d’argile. En Grèce, on a découvert près de Thèbes, des statues du dieu Dionysos tenant un œuf à la main. Les œufs de Pâques qui célèbrent la résurrection du Christ, participent au même mythe.

D’ailleurs les habitants de l’île de Pâques attachaient une particulière importance à l’œuf… »

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JOYEUSES FÊTES DE PÂQUES

à toutes et à tous

et si l’envie vous effleure de continuer cet inventaire,

allez-y, faites-vous oiseau !


Extrait de : « La Sagesse des oiseaux »  Érik Sablé 2001.

Illustrations : 1/ Planche ornithologique de la faune de Polynésie centrale   Finsch et Hartlaub XIXème siècle  2/ Carte ancienne de Joyeuses Pâques (Russie).

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Bienheureuse renaissance…

BVJ – Plumes d’Anges.

Monde heureux…

jeudi 5 avril 2012

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… »Tu me prends, tu me laisses, mais surtout tu ne me fais pas de leçon, tu ne m’expliques pas comment il faudrait que je sois. Je suis comme toi, un cadeau de Dieu. Un cadeau ne se discute pas. Vivre est si rapide, il faut bien mettre un peu d’enthousiasme là-dedans, non ?…

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Guillaume en boule dans le ventre d’Ariane entend ces paroles et bien d’autres. Il a déjà tout ce qu’il faut, Guillaume. Oreilles, pieds, mains, pensée, humour. Essentiel, l’humour. Dieu, qui a créé le monde, a pris du plaisir à cette création. Ce qui donne du plaisir, on a envie de le refaire. Encore et encore. Dieu n’échappe pas à cette règle. Dès qu’une femme rêve d’un enfant, Dieu crée un monde miniature à l’intérieur de son ventre – forêts, océans, étoiles, et un bébé au centre, en plein milieu, car à tout spectacle, il faut un spectateur. À l’instant de quitter sa création, à la dernière seconde, Dieu jette une étincelle d’humour dans les yeux du Bouddha baignant dans le liquide amniotique. L’enfant doté d’humour est arrivé à terme, il peut enfin venir au jour. De ce point de vue, il faut se rendre à l’évidence : une grande partie de l’humanité est née avant terme…

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… Nous nous déplaçons avec nous-mêmes, nous nous déplaçons en nous-mêmes. Le bout du monde et le fond du jardin contiennent la même quantité de merveilles…

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(Van Gogh, le canari) : Oh, mais je lis aussi, et peut-être plus que toi. Je trouve mes lectures dans la lumière du ciel. C’est le livre le plus profond qui soit – et ce n’est même pas moi qui en tourne les pages…

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Crevette ne va pas à l’école. Tambour lui lit des livres empruntés à la bibliothèque de monsieur Lucien et à celle de mademoiselle Rosée : théologie et poésie. Rien de plus nourricier. La vérité sévère et la beauté incroyable : quoi d’autre enseigner ?

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… Je ne cherche pas à vous convaincre de l’existence de Dieu. Si vous saviez comme il s’en fiche que vous croyiez en lui, ou non. Dieu, mon petit bonhomme, c’est aussi simple que le soleil. Le soleil ne nous demande pas de l’adorer. Il nous demande seulement de ne pas lui faire obstacle et de le laisser passer, laisser faire. Un peu comme Ariane dans la cuisine, quand elle demande aux enfants d’aller jouer un peu plus loin, afin de préparer cette nourriture qu’elle n’invente au fond que pour eux. Dieu, c’est pareil, mon petit bonhomme. Il aime nous voir rire et jouer. Le reste il s’en occupe… »

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Extraits de : »Tout le monde est occupé » 1999  Christian Bobin.

Tableaux : 1/ »Doux rêves avec Blanche-Neige et les sept nains »  Franz Schrotzberg 1811-1889  2/ »Jeune fille au canari »  Alajos Giergl Györgyi 1821-1863  3/ »Pivoines »  Anselm Feuerbach 1829-1880.

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Suivre ses rêves…

BVJ – Plumes d’Anges.

Divin bon sens…

lundi 2 avril 2012

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 » Pour que le caractère d’un être humain dévoile des qualités vraiment exceptionnelles, il faut avoir la bonne fortune de pouvoir observer son action pendant de longues années. Si cette action est dépouillée de tout égoïsme, si l’idée qui la dirige est d’une générosité sans exemple, s’il est absolument certain qu’elle n’a cherché de récompense nulle part et qu’au surplus elle ait laissé sur le monde des marques visibles, on est alors, sans risque d’erreurs, devant un caractère inoubliable…

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… C’était un beau jour de juin avec grand soleil, mais sur ces terres sans abri et hautes dans le ciel, le vent soufflait avec une brutalité insupportable…

… Il me sembla apercevoir dans le lointain une petite silhouette noire, debout. Je la pris pour le tronc d’un arbre solitaire. A tout hasard, je me dirigeai vers elle. C’était un berger. Une trentaine de moutons couchés sur la terre brûlante se reposaient près de lui…

… Le berger qui ne fumait pas alla chercher un petit sac et déversa sur la table un tas de glands. Il se mit à les examiner l’un après l’autre avec beaucoup d’attention, séparant les bons des mauvais…

… La société de cet homme donnait la paix…

… Arrivé à l’endroit où il désirait aller, il se mit à planter sa tringle de fer dans la terre. Il faisait ainsi un trou dans lequel il mettait un gland, puis il rebouchait le trou. Il plantait des chênes…

… Il s’était retiré dans la solitude où il prenait plaisir à vivre lentement, avec ses brebis et son chien. Il avait jugé que ce pays mourait par manque d’arbres. Il ajouta que, n’ayant pas d’occupations très importantes, il avait résolu de remédier à cet état de choses…

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… Je lui dis que, dans trente ans, ces dix mille chênes seraient magnifiques. Il me répondit très simplement que, si Dieu lui prêtait vie, dans trente ans, il en aurait planté tellement d’autres que ces dix mille seraient comme une goutte d’eau dans la mer…

… Il étudiait déjà, d’ailleurs, la reproduction des hêtres et il avait près de sa maison une pépinière issue des faînes. Les sujets qu’il avait protégés de ses moutons par une barrière en grillage, étaient de toute beauté…

… Le côté d’où nous venions était couvert d’arbres de six à sept mètres de haut. Je me souvenais de l’aspect du pays en 1913 : le désert… Le travail paisible et régulier, l’air vif des hauteurs, la frugalité et surtout la sérénité de l’âme avaient donné à ce vieillard une santé presque solennelle. C’était un athlète de Dieu. Je me demandais combien d’hectares il allait encore couvrir d’arbres…

… Sur l’emplacement des ruines que j’avais vues en 1913, s’élèvent maintenant des fermes propres, bien crépies, qui dénotent une vie heureuse et confortable. Les vieilles sources, alimentées par les pluies et les neiges que retiennent les forêts, se sont remises à couler. On en a canalisé les eaux. A côté de chaque ferme, dans des bosquets d’érables, les bassins des fontaines débordent sur des tapis de menthes fraîches. Les villages se sont reconstruits peu à peu…

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… Quand je réfléchis qu’un homme seul, réduit à ses simples ressources physiques et morales, a suffi pour faire surgir du désert ce pays de Canaan, je trouve que, malgré tout, la condition humaine est admirable. Mais, quand je fais le compte de tout ce qu’il a fallu de constance dans la grandeur d’âme et d’acharnement dans la générosité pour obtenir ce résultat, je suis pris d’un immense respect pour ce vieux paysan sans culture qui a su mener à bien cette œuvre digne de Dieu… »

Extraits de la MERVEILLEUSE nouvelle  : « L’Homme qui plantait des arbres »  Jean Giono  1895-1970.

Tableaux : 1/« Paysage avec moutons »  Franz van Severdonck 1809-1889  2/« Berger et troupeau »  Félix-Saturnin Brissot de Warville 1818-1892  3/« Forêt »  Ivan Chichkine 1831-1898.

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Retrouver notre divin bon sens…

BVJ – Plumes d’Anges.

Poissons volants…

dimanche 1 avril 2012

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« Poissons

qui luttent à contre courant

rivière de printemps »

Natsume Soseki 1867-1916.

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« Alors quel chemin prendre ?

Le vent souffle »

Santoka Taneda 1882-1940.

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BON BON BON 1° AVRIL et DOUX DOUX DOUX DIMANCHE à TOUTES et à TOUS.

Illustrations : 1/« Poissons et roseau » 2/« Livres et fleurs de cerisiers » Chôsui Yabu 1814-1867.

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Frétiller joyeusement…

BVJ – Plumes d’Anges.